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Comment le trafic de cocaïne a transformé l’Uruguay

Dans le port de Montevideo, situé sur l’estuaire du Rio de la Plata, au sud de l’Uruguay, les allées et venues sont incessantes. En ce matin gris d’octobre, les bateaux de pêche coréens transfèrent leurs prises dans des camions réfrigérés, tandis que des tapis roulants déversent des tonnes de céréales sur trois longs vraquiers.

Plus loin, au bord d’une route bruyante où défilent des grumiers, des ouvriers s’affairent sur plusieurs chantiers clôturés : face à l’augmentation du trafic de conteneurs, qui a bondi de 62 % depuis 2019, les autorités portuaires ont prévu de nombreux aménagements, dont l’élargissement du 27 hectares du terminal où sont empilés les blocs multicolores.

Mais ce projet ambitieux, qui vise à transformer le port en hub logistique régional, risque aussi d’accroître son attractivité pour le transport de marchandises qui se cachent de plus en plus régulièrement dans des cargaisons à destination de l’Europe : la cocaïne. Ces derniers mois, la police européenne a découvert plusieurs tonnes de drogue dans des navires en provenance de Montevideo, cachées dans de la farine de soja ou des sacs de riz.

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En Uruguay, petit pays sud-américain de 3,3 millions d’habitants longtemps perçu comme un havre de paix dans la région, l’arrivée du trafic de drogue a donné lieu à de graves problèmes de sécurité : à l’approche des élections présidentielle et législatives organisées dimanche octobre 27, « insécurité, criminalité et trafic de drogue » sont devenus la principale préoccupation de 47% de la population, selon l’Institut Cifra, selon lequel le candidat de l’opposition de gauche, Yamandu Orsi, arrive en tête des intentions de vote (44%).

Le pays est devenu un lieu de stockage

La pression de phénomènes aussi divers que le Plan Colombie en 1999 (aide américaine pour lutter contre la drogue), l’accord entre Bogota et la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en 2016 et, plus récemment, la pandémie de Covid-19 , provoquent une reconfiguration permanente des routes de la cocaïne. La production a augmenté et s’est étendue vers le sud, faisant de la Bolivie un centre de fabrication de cette drogue. La poudre blanche emprunte une nouvelle route, empruntant la route fluviale « Parana-Paraguay », qui relie l’est de la Bolivie au Paraguay, au Brésil, à l’Argentine et à l’Uruguay, avant d’être expédiée vers le Vieux Continent.

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Résultat, en Uruguay, le trafic a explosé. Ces dernières années, le pays est devenu un lieu de stockage. Face au volume croissant des trafics, les organisations criminelles cachent le produit, notamment dans les grandes propriétés rurales, avant de l’exporter. En échange, les criminels locaux en gardent une partie qu’ils revendent aux petits trafiquants, notamment dans les quartiers défavorisés de Montevideo. La drogue est ensuite revendue dans des points de vente appelés « bocas », provoquant une montée des violences. Entre 2013 et 2023, les homicides ont augmenté de 46 %, selon les données du ministère de l’Intérieur.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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