Comment la « Léonmanie » a envahi le pays en une semaine
Avec ses quatre médailles d’or individuelles et ses performances stratosphériques toute la semaine, le jeune nageur de 22 ans s’est fait une place de choix auprès du public en quelques jours seulement. En témoigne la ferveur dans les tribunes et dans les rues lors de chaque sortie du prodige.
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Avec son air détendu habituel, Léon Marchand est arrivé sous les acclamations du public à la piscine olympique de Paris La Défense Arena, dimanche 4 août, pour disputer sa sixième et dernière finale des Jeux Olympiques de Paris. Quatre supporters portaient des tee-shirts frappés des lettres L, E, O et N pour accueillir le nouveau chouchou du sport français. Après avoir remporté quatre médailles d’or individuelles, le nageur de 22 ans a cette fois décroché le bronze avec Florent Manaudou, Maxime Grousset et Yohann Ndoye-Brouard, en finale du relais 4×100 m quatre nages hommes. Dans une arène chauffée à blanc par les exploits français, le nageur toulousain a reçu une dernière fois les acclamations du public et écrit un peu plus sa légende.
Si les familiers des piscines ont vu arriver le phénomène Léon Marchand ces dernières années, le grand public a assisté en quelques jours à l’émergence d’une star. « J’ai entendu parler de lui il y a une semaine, quand j’ai appris aux infos que c’était un Toulousain qui défonçait tout aux JO en natation »confirme Medhi, 35 ans, lui-même originaire de la Ville rose. Mais petit à petit, la « Leonmania » a pris le dessus sur le pays. « C’est incroyable ce qu’il fait, ça inspire le respect »raconte Raphaël, 18 ans, qui a aussi découvert Léon Marchand avec les Jeux Olympiques. « La discipline et la motivation qu’il doit avoir pour s’entraîner tous les jours, c’est fou ! »
« Il a réussi quelque chose d’assez exceptionnel. C’est un athlète extraordinaire, le Français Michael Phelps. »s’enthousiasme Jérémie, Grenoblois de 35 ans. Le nageur français, qui s’entraîne depuis deux ans aux Etats-Unis, est aussi le nouveau protégé de Bob Bowman, l’ancien entraîneur de la légende américaine de la natation aux 23 médailles d’or olympiques.
Dimanche, dans les tribunes du bassin olympique, comme à chacune de ses courses, les encouragements rythment chaque souffle pris par le brasseur. Deux jours plus tôt, pour son quatrième titre olympique, une bande d’amis s’était même amusée à reproduire ses mouvements de nage, même si la synchronisation laisse à désirer. « Tout le monde, sans exception, voulait le voir gagner, pas seulement les Français. Il y a eu un soir où il y avait environ 9 000 Américains dans la salle et ils se présentaient pour Léon. »affirme Quentin Ramelet, journaliste au service sports de franceinfo.
Oscar, le frère de Léon Marchand, va dans le même sens : « Ce qui m’a vraiment frappé, c’était l’excitation autour de lui, dans la piscine. Tout le monde scandait son nom. » Après ses passages à la tribune, les supporters ont repris le refrain Que je t’aime Les paroles de Johnny pour célébrer chaque nouvelle médaille d’or remportée par le Français, comme le soir de son doublé historique sur le 200 m papillon puis le 200 m brasse. Certains supporters ont souhaité revisiter les paroles du La Marseillaiseen remplaçant simplement « Marchons, marchons » par « Marchand, Marchand ».
La ferveur s’étend au-delà de la piscine olympique. Dans les rues, aux terrasses des bars, les Français ont sorti leur téléphone portable à chacune des finales du prodige. A Lyon, Camille et sa famille « improviser » une mini fan zone familiale dans leur salon afin de « suivre toutes les courses » nageur. Au Grand Palais, comme dans d’autres enceintes sportives, certaines épreuves ont été interrompues en raison du bruit émis par le public français. « Tout le monde a sorti son téléphone pour se connecter afin de regarder la finale du 200 m quatre nages. »explique Laetitia, présente dans les tribunes du Stade de France vendredi. « Le stade était tellement bruyant que le speaker a demandé le silence pour le décathlon masculin du 400 m qui devait commencer, mais il a dû abandonner et demander aux athlètes de se lever en attendant la fin de la course de Leon. »
Si le jeune prodige du billard a gagné une telle popularité en une semaine, il le doit aussi à sa personnalité. « Il est accessible, on a l’impression qu’il ne fait pas ça pour l’argent, mais vraiment pour la médaille et que ça représente quelque chose pour lui »dit Céline. « Il est ultra humble. Il montre sa joie, mais sans excès. C’est donc quelqu’un que nous souhaitons aussi mettre en avant à travers ses valeurs. Il a bien fait de continuer à nager. »« C’est un peu comme si je n’avais pas fait ça, mais je n’ai pas eu le temps de me remettre sur pied », ajoute Valentine, un Parisien de 28 ans. En plein doute et proche du burn-out, le nageur français a d’ailleurs failli mettre un terme à sa carrière il y a quatre ans. Il avait alors fait appel à un préparateur mental avant de se relever. « C’est incroyable ce qu’il a fait. Il a un sacré mental et il a l’air vraiment sympa. »sourit Cécile, arrivée dimanche à la Paris La Défense Arena.
« Je suis fier d’être français grâce à lui. »
Cécile, partisane de Léon Marchandà franceinfo
Au Club France, situé dans le Parc de la Villette, le public était debout pour chaque course du nouveau roi de la natation. « Cet homme est un poisson, il est extraordinaire. Cela peut paraître bête, mais, en plus, il a l’air sympathique avec son visage juvénile, il ne se prend pas au sérieux »confie Marie-Caroline, derrière le stand du ministère de l’Intérieur. La jeune femme, « complet sur » n’a pas manqué une seule course du Français. « Ça va me manquer, c’était mon rendez-vous quotidien. »
Signe de la nouvelle dimension prise par le Français, son club toulousain, les Dauphins du TOEC, réfléchit déjà à donner le nom de son célèbre sociétaire à une future piscine, prévue pour 2026. Du côté de la famille du nageur, on « appréhende » un peu maintenant la suite. « C’est bizarre. Mais nous ferons de notre mieux. Je pense que sa vie va changer un peu et c’est à lui de bien gérer ça. »explique Xavier, le père du jeune champion, ancien nageur et finaliste du 200 m quatre nages aux Jeux olympiques d’Atlanta.