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Comment faire pour que tous les salariés ne posent pas leur vendredi ?

De longues heures de détente à s’offrir… D’ici la rentrée de septembre, une cinquantaine d’entreprises en France pourraient être accompagnées pour passer à la semaine de quatre jours. Celui qui dure 32 heures sans perte de salaire, contrairement au projet de Gabriel Attal. Objectif pour 4 Day Week Global, l’ONG à l’origine de ce pilote à grande échelle : prouver que cela fonctionne, dans différents secteurs et différents contextes.

Mais pour les entreprises qui souhaiteraient se lancer, les craintes peuvent être nombreuses. Comment changer en toute sécurité ? Quels sont réellement les bénéfices attendus ? Et surtout, comment empêcher tous les salariés de se battre pour libérer leur vendredi ? 20 minutes s’interroge Philippe du Peyrat, co-fondateur de 4jours.work, l’organisme qui accompagnera les entreprises dans ce pilote.

Comment les entreprises sont-elles accompagnées ?

L’appel est lancé. Le mouvement 4 Day Week Global, qui a « déjà accompagné 360 entreprises dans une vingtaine de pays, du Brésil au Royaume-Uni », précise Philippe du Peyrat, attend les candidatures des entreprises qui souhaiteraient être accompagnées, d’ici fin juillet. « Nous ciblons les entreprises de 10 à 200 salariés, qui sont celles qui ont le plus de mal à démarrer mais qui sont en même temps déjà confrontées à des problèmes » comme l’absentéisme, des difficultés à recruter ou à retenir leurs salariés. L’idée est de convaincre une cinquantaine d’entreprises de réaliser « le plus grand pilote à l’échelle nationale ».

Dans un deuxième temps, de septembre à octobre, chaque entreprise sera invitée à définir son projet. «Pourquoi s’y lancer ? Quels sont les facteurs de réussite ? Comment les évaluer ? » Autant de questions essentielles, selon Philippe du Peyrat, avant de passer à la semaine de quatre jours. Pour une transition des plus réussies, « des séries d’ateliers pour repenser l’organisation de la journée, de la semaine, des réunions » seront également proposées. Puis, début novembre, « on se lance » pour six mois. Durant cette période, 4jours.work continuera à accompagner les entreprises avec des « conseils RH et juridiques ». L’idée étant de « relever les défis ensemble », plutôt que de faire cavalier seul.

Comment faire passer tous les salariés de cinq jours à quatre jours sans que tout le monde prenne la même journée ?

C’est le grand fantasme qui surgit lorsque l’on parle de travailler un jour de moins : que le vendredi devienne le nouveau dimanche. Que plus personne ne veut travailler avant le week-end. Ou que tous les parents s’arrachent mercredi. En réalité, « la semaine de quatre jours n’est pas chômée le vendredi », rassure Philippe du Peyrat. Le responsable met en avant la variété des formats qui peuvent être proposés, selon que vous êtes une entreprise qui doit rester ouverte six jours sur sept ou qui peut réduire son activité un jour donné.

« Bien sûr, il faut se poser la question des jours fériés, de l’accompagnement des stagiaires, de la parentalité… » Pour les entreprises qui ont des délais à respecter et des périodes plus intenses, l’expert évoque la possibilité « d’avoir des semaines de cinq jours, et d’autres de trois ». .» Bref, il faut négocier. Mais rien ne le bloque vraiment. « Le temps est la denrée la plus précieuse. La gratitude et l’intérêt du collaborateur seront toujours là, même si le jour proposé n’est pas celui souhaité. » Et pour éviter la grande frustration de se retrouver en congé un mardi, il existe toujours la solution « d’un quart de travail tous les trimestres ».

Quels sont les bénéfices attendus ?

L’objectif peut paraître ambitieux : réduire le temps de travail de 20 % sans affecter les résultats ni la rémunération de l’entreprise. Pourtant, la semaine de quatre jours serait effectivement bénéfique pour le temps passé par les salariés dans l’entreprise. D’abord parce que la productivité est meilleure. « Nous avons d’énormes bénéfices en réduisant le burn-out et l’absentéisme », argumente également Philippe du Peyrat. Aujourd’hui, l’absentéisme moyen est d’environ 25 jours par an, et 34 % des salariés sont en burn-out, selon une étude d’OpinionWay.

En libérant du temps pour faire du sport et plus généralement pour toute activité contribuant à réduire le stress, la semaine de quatre jours revêt donc un enjeu de santé, à l’heure de cotiser plus longtemps pour la retraite. « Notre mission est de redonner du temps à chacun pour le bien-être de tous », résume Philippe du Peyrat, qui évoque « les retombées sur les proches, notamment dans la répartition des tâches domestiques ».

Dernier détail intéressant pour l’employeur, à l’heure où « la génération Z reste en moyenne 18 mois dans une entreprise », 4 Day Week Global observe une baisse de 42 % des démissions dans ses entreprises partenaires. Autant d’effets positifs qui ont convaincu neuf sociétés de tests sur dix de maintenir la semaine à quatre jours.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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