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Comment (et par qui) le souvenir de Jésus a-t-il été transmis après sa mort ?

Une statue de Jésus, sur la place Saint-Pierre, au Vatican, le 20 mars 2024.

Jésus de Nazareth est mort sans rien avoir écrit. Les quarante années qui séparent sa crucifixion de la rédaction du plus ancien évangile, celui de Marc, constituent la période la plus obscure du premier christianisme.

Comment la mémoire de Jésus a-t-elle été préservée ? Par qui ? La transmission de sa mémoire a-t-elle été laissée à l’initiative des témoins ? Était-elle orientée ? Comment ? Et pourquoi un Évangile n’a-t-il pas suffi, puisque trois autres sont apparus (et même plus, si l’on compte les Évangiles non retenus dans le Nouveau Testament) ?

La solution la plus simple semble-t-il est de penser que quatre disciples (Marc, Matthieu, Luc, Jean) auraient gardé, chacun à sa manière, le souvenir de ce qu’ils ont vu et entendu. Cela expliquerait les dissemblances entre leurs Évangiles, qui tantôt se rejoignent, tantôt divergent, au point de se contredire. Cependant, cette solution « simple » ne l’est pas ! D’une part, ni Marc ni Luc n’étaient des disciples de Jésus. En revanche, comment imaginer des différences aussi considérables entre des témoins qui auraient été témoins des mêmes événements ? Nous devons donc regarder dans l’obscurité à la recherche de solutions moins simples, mais plus fiables. Et là, si les chercheurs ont parfois de bonnes réponses, des incertitudes demeurent néanmoins.

Paul et Marc, les pionniers

On l’oublie souvent : le plus ancien témoignage sur Jésus vient de Paul de Tarse. L’apôtre a écrit sept épîtres entre l’an 51 (1 Thessaloniciens) et l’an 58 (Romains). Problème : il parle très peu de la vie de Jésus. Ses références au Nazaréen se concentrent sur la croix et la résurrection. On apprend encore, au fil des pages, que Jésus était un descendant de David, né d’une femme israélite.

Paul nous dit aussi que Jésus avait des frères et qu’il s’entourait de douze disciples. Il a enduré des insultes, a été trahi et a pris un dernier repas avant sa mort avec ses disciples. Paul cite au total trois paroles de Jésus. Mauvais résultat. Pourquoi si peu ? On a dit que Paul ne savait rien de Jésus, mais c’est absurde. Comment a-t-il pu annoncer la mort d’un homme dont il ne savait rien ?

En réalité, nous n’avons aucune trace de la première prédication de l’apôtre, de son message missionnaire. Ses lettres datent de la fin de sa vie. Il ne répète pas ce qu’il a déjà dit, mais se concentre sur ce qu’il considère comme essentiel : la croix et Pâques. Il faut donc chercher ailleurs des traces plus significatives.

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Marc était un pionnier. Il invente un genre d’écriture qui n’existait pas alors, à mi-chemin entre biographie et histoire religieuse. Matthieu l’a nommé, en son honneur, « Évangile ». Comment Marc a-t-il fait ? En scrutant son texte, on constate qu’il est constitué d’une cascade de micro-récits : une parole, une parabole, un miracle, le récit d’une rencontre…

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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