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Claudy projette d’avoir recours au suicide assisté en Suisse : « Je refuse de crever à l’hôpital complètement dégénérée »

Pour mettre fin à ses souffrances psychologiques et physiques, Claudy envisage de recourir au suicide assisté en Suisse dans un an.

Claudy a les yeux vert doré, une silhouette de jeune fille, du vernis turquoise assorti à sa combinaison hippie chic kaki et elle a décidé de mourir.

Peintre de soixante-dix ans, Claudy a reçu un diagnostic de trouble bipolaire. Elle souffre de fibromyalgie et de polyarthrite et l’amour de sa vie, son mari, est décédé subitement il y a deux mois. Claudy ne cache pas qu’elle « souffre » même si, a priori, elle ne souffre pas d’une maladie qui la condamnerait à court ou moyen terme. Mais ses souffrances, physiques et psychologiques, lui semblent aujourd’hui incurables. Au point de vouloir mettre fin à cette vie qu’elle perçoit comme « derrière un miroir sans tain ».

Photo François-Xavier Gutton.

Membre de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) depuis plusieurs années, elle a fait le nécessaire, complété les directives anticipées dans lesquelles elle a désigné sa fille, Sandra, comme personne de confiance qui veillera sur elle. espoirs, à l’exécution de ses vœux.

Elle a également prévu un capital suffisamment important pour réaliser son projet de suicide assisté en Suisse.

. Elle s’enquiert : parmi les associations qui encadrent ce suicide assisté, « il y en a une qui reconnaît les psychoses, certaines, pas toutes, pas la schizophrénie » comme comptant parmi ces souffrances intolérables sine qua non.

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Elle revendique la « liberté d’exister comme on veut »

Claudy revendique « la liberté d’exister comme on veut » et elle ne comprend pas qu’en cette matière, « l’Etat se permet de décider à la place de la personne ».

Elle ne souhaite ni « cette vieillesse mortifère où l’on joue à la corde avec sa chair », ni « mourir à l’hôpital complètement dégénérée ».

Claudy ne fonde pas beaucoup d’espoir dans la loi en préparation, dont elle prédit une demi-mesure, un « ni oui, ni non ». En effet, dans l’état actuel du projet, elle ne serait pas admissible à l’aide à mourir. «Si je ne peux pas aller en Suisse, j’ai déjà tout prévu», assure Claudy, énumérant les ingrédients d’un cocktail potentiellement mortel, accompagné d’un projet visant à protéger au maximum sa dépouille de la vue des autres. .

Sa fille entre compréhension et angoisse

Son fils aîné, dit-elle, « ne veut pas entendre parler de cette décision, dont elle a fixé le délai à un an ». Mais elle est certaine que ses « filles », « nées en 1973 », « comprennent mieux ce qu’elle ressent ». Sandra confirme. Comme elle évoque également les différentes « tentatives de suicide de sa mère » qui n’ont échoué que grâce à l’intervention de leur père. « Mon père la rattrapait toujours mais le problème c’est que si elle veut le faire, passer à l’acte, elle le fera et elle le fera mal. » Une perspective douloureuse d’imaginer sa mère « mourir ». Seul. « Depuis que je suis petite, c’est quelqu’un qui a des phases suicidaires typiques des personnes bipolaires avec des bas et des hauts, où elle ne pense pas au suicide. »

Photo François-Xavier Gutton.

« J’espère toujours la faire changer d’avis »

« Je ne suis pas opposée » au suicide assisté, précise Sandra, « mais je le vois davantage pour les personnes en fin de vie, dans un cadre strict. (…) J’ai du mal à m’imaginer accompagner ma mère» dans ce but. « Mais je lui ai fait une promesse. Je vais quand même essayer de la raisonner. J’espère toujours la faire changer d’avis. Un an, c’est long et c’est court… »

Sophie Leclanché

Selon l’Office fédéral de la statistique, 1391 personnes ont eu recours au suicide assisté en Suisse en 2021. Ce chiffre représente 2% des décès recensés dans le pays et est en hausse de 11% par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, le nombre de suicides non assistés a diminué.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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