Christophe Salamin, météorologue : « Il faut s’attendre à des dégâts, peut-être encore pires que cette semaine »
Christophe Salamin : La Suisse romande peut être divisée en plusieurs zones. La première comprend Genève, l’ouest du Léman, le Jura vaudois et une partie du Jura neuchâtelois. Il faut d’abord se préparer à affronter de la grêle et des rafales de plus de 100 km/h. Ensuite, entre le milieu d’après-midi et la fin de soirée, de très fortes accumulations de pluie sont attendues. Les Alpes valaisannes seront également exposées à de fortes précipitations. Dans cette zone, ce sont davantage les accumulations de pluie qui poseront problème puisqu’elles s’ajoutent à la fonte des glaces. Cette situation risque de faire déborder des rivières d’ici ce soir. Enfin, le canton du Jura et le nord du canton de Fribourg seront, quant à eux, plus fortement touchés par la grêle et les rafales de vent. En revanche, il n’y a pas de risque majeur d’inondation dans ce secteur.
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Beaucoup ont encore en tête les images spectaculaires des inondations en Valais la semaine dernière ou à Morges mardi soir. Faut-il craindre le pire ?
Il faut se préparer à revivre ce type de situation, peut-être même pire. Je ne dis pas que ce sera forcément le cas à Morges mais chaque ville de l’arc lémanique doit être prête. Entre Lausanne et Genève tout est possible. Il existe des scénarios extrêmes qui prévoient entre 100 et 150 millimètres de précipitations.
Ce qui pourrait aboutir à…
Inondations généralisées, caves et parkings engloutis par les eaux en agglomération, rivières comme la Morges ou la Venoge qui pourraient sortir de leur lit… Mais pour l’instant, il faut imaginer un jet d’eau en direction du nord. La bande est étroite et les précipitations se situeront quelque part entre l’est de la France et Lausanne. Si elle frappe brusquement à proximité, on pourrait échapper au pire et donc frôler Genève. Il y a une marge d’incertitude dont il faut tenir compte. Mais pour les régions qui seront sous cette bande, il est quasiment certain qu’il y aura des dégâts, vu l’humidité de l’air, l’instabilité et le dynamisme que nous connaissons.
Pourquoi sommes-nous confrontés à des risques d’inondations extrêmes à plusieurs reprises en si peu de temps ?
Quand on regarde une situation météorologique, il faut regarder un peu plus loin que le bout de son nez. En juin 2021, des inondations de ce type ont eu lieu en Allemagne. Si on dézoome un peu, ces phénomènes sont beaucoup moins rares. Ce qui est vrai c’est que si on regarde l’instabilité, on est dans des valeurs extrêmes qu’on ne voit pas souvent. Il est cependant difficile de faire un lien avec le réchauffement climatique lorsqu’on parle d’événements extrêmes ponctuels comme les tempêtes. Les projections indiquent que nous nous dirigeons vers des événements plus forts. Sommes-nous déjà là ? Je ne sais pas.
Pouvez-vous rassurer que l’été ne sera pas complètement gâché par la météo ?
Dans les dix prochains jours, on ne voit pas la beauté s’installer durablement. Il n’y a pas d’anticyclone durable sur nos radars. On repart avec une amélioration en milieu de semaine puis avec une nouvelle dégradation. Après, je pense encore que d’ici fin août le beau temps va enfin arriver. Après, il faut savoir que lorsqu’un anticyclone s’installe on peut se retrouver dans un autre extrême avec canicules et sécheresses. Ce sont souvent des systèmes qui peuvent rester en attente pendant des semaines.
Quels conseils donnez-vous aux gens pour ce soir ?
Il faudra éviter les promenades en forêt et à proximité des cours d’eau. Surtout les ruisseaux des Alpes et des Préalpes, car leur niveau peut augmenter considérablement en quelques secondes seulement. On voit aussi que les autorités prennent des mesures et émettent un certain nombre de recommandations et je pense que le meilleur conseil à donner à la population est de s’y référer et de les respecter.