Chanson : l’intégralité des textes d’Allain Leprest publiés
Donne moi de mes nouvelles, l’intégrale des chansons enregistréesd’Allain Leprest, l’Archipel, 612 pages, 28 euros
Allain Leprest nous a quitté il y a treize ans, à seulement 57 ans. Sans cet empressement à mettre fin à une vie meurtrie, le poète au cœur d’or aurait fêté cette année ses 70 ans. L’occasion de proposer au lecteur, pour la première fois, les textes de toutes ses chansons enregistrées. $
Chaque mot a son importance : on sait que Leprest a écrit d’innombrables poèmes inédits qui dorment dans les greniers, ou des chansons qui n’ont pas eu la chance d’être mises en musique. Ce sont les 376 chansons mises en musique au cours de son fulgurante carrière (dont un grand nombre par Romain Didier, son fidèle acolyte), chantées par lui-même ou ses nombreux interprètes, qui sont aujourd’hui réunies dans une œuvre incontournable pour ses admirateurs, nécessaire aux autres. .
Didier Pascalis, son producteur et ami, signe la préface émouvante, avec des mots d’amour fraternel qui retracent avec vivacité le parcours fulgurant de ce contemporain. « sur la plante du vent », boudé par les médias et admiré par les musiciens. « Allain n’avait aucun sens de la musique », permet Pascalis.
Sa poésie reste débordante de vitalité et d’optimisme.
Mais c’est à travers elle qu’il trouvera le véhicule d’une expression poétique exigeante et populaire, savante et argotique, toujours espiègle et profondément humaniste. En ouverture, trois essais, signés Pascal Pistone, Cécile Prévost-Thomas et Céline Pruvost, reviennent respectivement sur l’univers musical, scénique et poétique de Leprest. Ces textes précis et stimulants donnent au poète sa dimension artistique en mobilisant lexicographie, analyse musicologique et étude de personnages. Si Leprest a finalement cédé au désespoir, terminant ses jours à Antraigues, aux côtés de Jean Ferrat, sa poésie reste d’une vitalité et d’un optimisme débordants. Parmi cette somme impressionnante, quel texte choisir ? Allons-y pour Je t’aime la gare1995, qui se prête si bien à notre époque troublée : « Se perdre pour atteindre une île/Rester un citoyen naufragé/Sur nos radeaux bâtir des villes/Et garder nos yeux d’étrangers. »