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«Cette victoire a transformé des années de manque d’estime de soi», confie Le Filip.

« Vive la nonchalance, vive la France et vive les femmes trans ! » Tels ont été les premiers mots de Le Filip lorsqu’elle a été sacrée en finale de la saison 3 de « Drag Race France » diffusée vendredi sur France 2… Une déclaration qui illustre bien l’esprit fantasque, décalé et engagé de la drag queen de 29 ans qui, lors de l’épreuve finale, a enchaîné en play-back sur Je suis en vie de Céline Dion, s’impose devant Ruby On The Nail. Avec cette victoire, c’est l’alliance du glamour et de l’humour camp, comme si nombre de Vogue les millésimes avaient fusionné avec Absolument fabuleuxqui est couronné. 20 minutes s’est entretenu avec Le Filip par téléphone ce samedi, quelques heures après son triomphe.

La finale a été filmée le 12 juillet au Grand Rex. Deux sacres ont été filmés, le vôtre et celui de Ruby On The Nail, afin de maintenir le suspense jusqu’à la diffusion ce vendredi sur qui serait désigné vainqueur. Comment avez-vous vécu cette semaine d’attente ?

Eh bien, je crois (elle rit). Et avec beaucoup d’impatience. J’ai essayé de ne pas trop y penser mais, inévitablement, à chaque fois que je parlais à une amie proche, la première question était : « Alors, tu crois que tu vas être la gagnante ? » On a juste envie de crier. Cette attente était un peu comme un moment de film, alors j’ai essayé d’être le personnage et de bien le jouer.

Vous vous êtes dit : « Ce sera moi, je vais gagner » ?

Je ne suis pas vraiment très branchée sur les réseaux sociaux, j’évite de me googler et de faire des pronostics, mais mon copain et mon entourage, c’est l’inverse (rires). Donc ils m’ont tenu informée du fait que les gens étaient plutôt derrière moi, que l’opinion générale m’était favorable. Mais je suis restée fidèle à mon calcul très mathématique : Ruby gagnait des défis, moi non. Donc, la victoire, je ne m’y attendais pas du tout. J’étais très sereine à l’idée d’être deuxième. Et il s’est passé la chose la plus incroyable.

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De toutes les franchises « Drag Race », vous êtes, avec l’Italienne Elecktra Bionic, la seule à avoir été sacrée sans avoir remporté le moindre challenge au cours de la saison…

J’ai appris ça aujourd’hui.

Est-ce la touche de Le Filip de créer la surprise ?

Ça doit être la touche de Le Filip de ne pas faire les choses comme tout le monde, oui (rires). Un petit bras cassé, mais un bras cassé en strass.

Pourquoi pensez-vous que le public s’est identifié à votre personnage ?

Bonne question… Je pense que Daphné Bürki (membre du jury) m’a aidé quand elle a parlé de ma nonchalance. Elle me parlait mais peut-être, plus largement, elle l’a fait pour que le public me saisisse et me comprenne. C’est vrai que je ne suis pas la plus facile, la plus compréhensible. Je vois très bien pourquoi je pourrais ne pas plaire à certaines personnes. Le fait que ma nonchalance soit mise en avant a fait pencher l’opinion en ma faveur. Après, je suis drôle, donc les gens aiment rire, Je suppose.

Que signifie pour vous gagner « Drag Race France » ?

Validation. Je ne savais pas que j’en avais besoin. Je n’ai jamais gagné beaucoup de choses. Je ne suis pas compétitive. Chaque fois que j’ai été dans des moments de ma vie où j’avais besoin d’exceller, je n’ai jamais excellé ou du moins je ne me suis pas autorisée à exceller. Et maintenant, le fait que, malgré le manque de défis remportés, les gens, la production et mes drag sisters voient quelque chose en moi, suffisamment pour que je porte cette couronne, c’est extraordinaire. C’est touchant. En une nuit, cette victoire a transformé des années de faible estime de soi.

Est-ce qu’un morceau de cette couronne revient à la Croatie, d’où vous venez ?

Je pense que oui, probablement. Peut-être le sceptre, car il est très lourd. Les Croates sont assez forts avec leurs bras.

Quel regard portez-vous sur votre parcours sur « Drag Race France » ?

Un regard louche (rires). Mon apparition à la télé résume ma vie : des hauts très hauts et des bas très bas.

Avec ce titre vient la responsabilité d’être le porte-parole de la scène drag française pendant un an. Es-tu prêt ?

Oui, complètement. C’est la meilleure chose. J’ai travaillé pour ça. C’est la seule chose que je sais faire. Avec beaucoup de pudeur (rires), je suis bien placée pour en parler. J’ai un amour profond pour le drag, qu’il soit cheap, trash, super léché, fashion, drôle, tragique… J’adore ça. Autant le faire aimer aussi aux autres, les emmener avec moi.

Vous êtes l’une des signataires de la tribune écrite par des artistes drag déclarant « nous incarnons une rébellion nécessaire contre le fascisme » et publiée ce samedi dans « Libération ». Pourquoi ?

J’ai connu l’extrême droite en Croatie. Aujourd’hui, pour moi, la France est davantage mon pays car c’est ici que j’ai passé le plus de temps de ma vie, que j’ai rencontré mes meilleurs amis, l’amour de ma vie, que j’ai fait carrière… Voir des choses que je fuyais commencer à germer en France me fait beaucoup de peine, car cela ne sert à rien de tenter ce genre de choses. L’Europe l’a déjà tenté il y a plusieurs décennies. Il ne faut pas jouer avec le feu.

Cammile Bussière

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