« C’est toute une vie qui s’écroule » : le bâtiment, les transports… Les faillites d’entreprises explosent
Depuis le début de l’année, 46 900 entreprises ont fermé leurs portes en France.
Les faillites d’entreprises pourraient atteindre un record en 2024.
Entreprises familiales historiques, start-up… Aucune structure n’est épargnée.
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WEEK-END 20h
Marc Villepontoux a rencontré TF1 devant la dernière maison que cet entrepreneur a construite, il y a plus de cinq mois. Depuis, il n’a plus de travail en cours. «C’est du jamais vu. Nous avons parfois vécu des périodes difficiles, mais jamais cinq ou six mois. » immédiatement sans nouvelle construction, explique ce gérant de MV Constructions dans la vidéo en tête de cet article.
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Hausse des prix des matériaux de construction, augmentation des taux de crédit… Sans nouveau projet, les dettes s’accumulent et les comptes de son entreprise deviennent rouges. Face à cette situation, Marc Villepontoux a été contraint de faire un choix difficile mais essentiel selon lui : le licenciement des salariés. « Nous avons dû licencier quatre personnes et cette année nous avons des salariés sous contrat que nous n’avons pas renouvelé »dit-il. L’effectif de l’entreprise est passé de 22 à 14 salariés. « Sans ces licenciements, nous serions en grande difficulté et il serait impossible de maintenir notre production car l’activité de la nouvelle villa a chuté de 70 % »estime cet entrepreneur.
« Un puits sans fin »
Si Marc Villepontoux peut encore lutter, c’est en revanche trop pour les autres dirigeants. C’est le cas d’un ancien patron d’une entreprise de rénovation de bâtiments dont l’entreprise vient d’être liquidée après deux ans de difficultés financières. Préférant témoigner anonymement, il raconte « spirale » avec le « perte de confiance » de ses fournisseurs, de ses clients et de ses banquiers. « C’était un puits sans fin »il se souvient. Cet échec est encore aujourd’hui très difficile à digérer. « C’est toute une vie qui s’écroule. Quand on est chef d’entreprise, on la porte à bout de bras et ce n’est pas comme ça qu’on voit sa fin »il explique.
Comme Marc, des dizaines de chefs d’entreprise franchissent chaque jour les portes d’un tribunal de commerce. A celui de Perpignan (Pyrénées-Orientales), où TF1 s’est rendu, les audiences de redressement ou de liquidation judiciaire se déroulent à un rythme toujours plus rapide. Les entreprises du bâtiment, les restaurants ou encore les salons de coiffure sont particulièrement touchés, notamment en raison de l’inflation. « Par rapport à l’année de référence 2019, échecs d’entreprise sont en hausse de 37 % ; par rapport à 2023, nous enregistrons 18% de pannes supplémentaires »détaille Germain Moreno, président du tribunal de commerce de Perpignan. Celles-ci concernent également « des entreprises familiales historiques plutôt que des start-up »précise-t-il.
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Les faillites d’entreprises pourraient même atteindre un record en 2024, atteignant plus de 65 000. La faillite d’une entreprise entraîne souvent la faillite d’autres entreprises. Cet effet domino touche également un secteur qui recrutait furieusement il y a tout juste un an : le transport routier. Christophe Charbon a failli en faire les frais : « On allait vers le dépôt de bilan, je n’avais plus de travail, ni mes salariés »» déclare le directeur d’ICW Transport et logistique. La vente du siège social de son entreprise lui permet de régler ses dettes et de restructurer son entreprise. Christophe Charbon espère que cette bouffée d’oxygène lui permettra d’assurer la survie de son entreprise le plus longtemps possible.