Carlos Tavares bouscule l’organisation Stellantis pour sa dernière année – 11/10/2024 à 14:25
Carlos Tavares, PDG de Stellantis, lors de l’inauguration d’une usine à Turin, en Italie, le 10 avril 2024 (AFP / MARCO BERTORELLO)
Confronté à des difficultés en Amérique du Nord et en Europe, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, s’est entouré d’amis proches pour sa dernière année à la tête du groupe.
« Afin de simplifier et d’améliorer la performance de son organisation dans un environnement mondial turbulent », le conseil d’administration réuni jeudi aux Etats-Unis a notamment nommé Doug Ostermann, spécialiste de l’industrie automobile jusqu’ici directeur des opérations en Chine, au poste de financier. directeur.
Il remplace Natalie Knight, arrivée d’autres industries en 2023, et qui va quitter le groupe, précise Stellantis dans un communiqué.
– Commercial –
En Amérique du Nord, le patron de Jeep, Antonio Filosa (et ancien patron de Fiat-Chrysler en Amérique latine) prend le contrôle des opérations. Stellantis gère des problèmes urgents de surstock avec des voitures trop chères et ayant des difficultés à vendre.
Pour la région Europe, où les ventes ont ralenti et la plupart des constructeurs sont en difficulté, l’ancien patron d’Opel Uwe Hochgeschurtz est remplacé par un ami proche de Carlos Tavares, Jean-Michel Imparato. Il conserve la gestion des véhicules utilitaires de Stellantis mais laisse le contrôle d’Alfa Romeo à Santo Ficili.
M. Ficili, ancien directeur de Stellantis en Italie, hérite également du volant en cuir de Maserati, la marque de luxe du groupe dont les ventes sont décevantes.
Cette révolution de palais vise, selon Stellantis, à « recentrer l’entreprise sur ses principales priorités opérationnelles et à aborder avec détermination les défis mondiaux auxquels est confronté le secteur automobile ».
M. Tavares continue de s’entourer de proches au sein de son comité de direction. Mais il a aussi choisi des profils plus « commerciaux », commente-t-on au sein du groupe.
« En cette période de transformation darwinienne de l’industrie automobile, notre devoir et notre responsabilité éthique est de nous adapter et de préparer l’avenir, mieux et plus vite que nos concurrents, afin d’offrir à nos clients une mobilité propre, sûre et abordable », a noté M. Tavares.
Le groupe automobile a également confirmé dans la nuit de jeudi à vendredi la retraite de Carlos Tavares, 66 ans, au terme de son mandat en janvier 2026.
De son côté, John Elkann, président du conseil d’administration, a assuré les administrateurs du soutien « unanime » à M. Tavares et de la redistribution des rôles.
La révolution n’a pas totalement convaincu les marchés vendredi et l’action Stellantis poursuit sa baisse vendredi avec -3,74% à 13h45, à 11,73 euros, en dessous de son cours d’introduction en 2021, sur un marché stable à la Bourse de Paris.
– Difficultés –
Le groupe aux quinze marques traverse une période difficile après des années de bénéfices records, depuis sa création en 2021 avec la fusion de PSA (Peugeot-Citroën) et FCA (Fiat-Chrysler).
Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, visite une usine du groupe à Sochaux, France, le 3 octobre 2024 (AFP / FREDERICK FLORIN)
Stellantis a annoncé fin septembre une révision significative à la baisse de son objectif de marge opérationnelle, désormais estimée entre 5,5% et 7%, contre « à deux chiffres » précédemment, pour l’année 2024.
Stellantis, qui produit Chrysler mais aussi Citroën, Fiat, Jeep, Dodge, Lancia, Opel, Peugeot, Ram et Vauxhall, avait déjà publié en juillet une forte baisse de ses résultats semestriels.
Il a été particulièrement handicapé par une baisse de 18% des ventes en Amérique du Nord, le distributeur de liquidités du groupe. Au troisième trimestre, ces ventes ont encore chuté de 20 % sur un an.
« La stratégie commerciale a fait ses preuves », insistait M. Tavares il y a une semaine lors d’une visite de l’usine historique Peugeot à Sochaux (est de la France). « L’entreprise n’est pas en difficulté dans le sens de sa survie mais c’est un sérieux avertissement », a-t-il souligné.
A cette occasion, le patron portugais a également indiqué qu’il pourrait prendre sa retraite en janvier 2026.
Le groupe a indiqué dans son communiqué nocturne que le processus d’identification de son successeur à la fin de son quinquennat en janvier 2026 était désormais formellement lancé. Il a été confié à un comité spécial du conseil d’administration, qui doit achever ses travaux au quatrième trimestre 2025.
Avant de diriger la création de Stellantis en janvier 2021, Carlos Tavares avait pris la tête du directoire de PSA en mars 2014, deux mois seulement après avoir rejoint le groupe. Il vient de Renault (2011-2013), où il a débuté sa carrière en 1981 mais est parti chez Nissan en 2004.