(BFM Bourse) – Le Groupe Bolloré a annoncé qu’il allait lancer des offres publiques d’achat pour retirer de la cote trois de ses filiales. Le marché, de son côté, semble réfléchir à la suite.
Les entreprises de la famille Bolloré représentent un univers complexe. Au-delà de Vivendi (dont le Groupe Bolloré détient un peu moins de 30%) et du Groupe Bolloré, cette galaxie comprend de nombreuses sociétés, dont plusieurs sont cotées avec une part très faible du capital détenue par des minoritaires.
Et des nominaux (le prix facial d’une action) très élevés. Les trois valeurs « les plus chères » de la Bourse de Paris ne sont autres que trois sociétés imbriquées dans ce meccano : Financière Moncey (8.350 euros à la clôture de jeudi), Compagnie du Cambodge (7.400 euros) et Société industrielle et financière de l’Artois (5.500 euros). Ces trois sociétés sont issues de la vieille galaxie de la Banque Rivaud, dont Vincent Bolloré a pris le contrôle en 1997.
Le Groupe Bolloré a lancé jeudi soir une simplification majeure de cet univers.
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Faire sortir les minorités
L’entreprise a annoncé qu’elle allait lancer des offres publiques d’achat (trois au total) sur Financière Moncey, Compagnie du Cambodge et Société industrielle et financière (SIF) de l’Artois. Cela entraînera la sortie des actionnaires minoritaires (c’est-à-dire des actionnaires autres que Groupe Bolloré ou une société liée au groupe) et le retrait de la Bourse de ces trois sociétés.
Par ailleurs, les valeurs nominales des actions de Financière Moncey et de Compagnie du Cambodge seront divisées par cent, à l’issue d’une assemblée générale prévue fin octobre.
Les actionnaires minoritaires de chaque société auront deux options : soit être payés en numéraire, soit en actions Universal Music Group, le groupe Bolloré détenant plus de 18% de la maison de disques cotée à Amsterdam.
A titre d’exemple, les actionnaires de Financière Moncey auront le choix entre un versement en numéraire de 118 euros par action ou 5,17 actions Universal Music Group pour une action Financière Moncey. Cela représente une prime de 44% par rapport au cours moyen pondéré de l’action sur un mois. Pour Compagnie du Cambodge et SIF Artois, les primes retenues ont été de 27% et 71% sur ces mêmes bases.
Selon les rapports annuels de chaque société, les actionnaires non liés à la galaxie Bolloré représentaient, à fin 2023, respectivement 3,71% du capital de Financière Moncey, 0,77% de celui de Compagnie du Cambodge, et 4,2% de celui de SIF Artois.
Le marché réfléchit à l’avenir
Selon Oddo BHF, le montant maximal de sortie de trésorerie pour le Groupe Bolloré dans le cadre de ces opérations (dans l’hypothèse où aucun actionnaire minoritaire n’opterait pour des titres Universal Music Group) serait d’environ 225 millions d’euros. Ce montant est modeste au regard de la trésorerie nette du Groupe Bolloré (cash moins dette), qui s’établit à 6 milliards d’euros à fin juin.
Le marché semble toutefois réfléchir à la suite des événements. Le Groupe Bolloré est en hausse de 5,4% à la Bourse de Paris après ces annonces, tandis que la Compagnie de l’Odet, holding qui détient 67% du Groupe Bolloré, progresse de 9,3%.
« Rappelons que ces structures (les trois sociétés visées par les OPA, NDLR), situées sous (Groupe) Bolloré, détiennent une part importante des actions des structures ci-dessus (c’est-à-dire celles qui contrôlent Bolloré). Ces offres de retrait permettront donc à Bolloré de détenir directement (et sans minorité) les participations minoritaires de ses structures ‘mères’ dont la Compagnie de l’Odet, Financière V etc. », souligne Oddo BHF.
Le courtier ajoute que ces offres publiques d’achat permettront de simplifier et de rendre la structure plus lisible tout en réduisant « un peu » les coûts liés à la cotation du Groupe Bolloré.
Surtout, ces retraits de cote des trois sociétés pourraient constituer une étape préliminaire à une opération plus vaste « comme la fusion entre la Compagnie de l’Odet et le Groupe Bolloré », suggère Oddo BHF.
Ainsi, ces annonces pourraient être « le signe d’une opération de plus grande envergure en 2025, qui créerait significativement plus de valeur », conclut le courtier.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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