Bernard Beignier à la tête du rectorat de Paris après avoir expérimenté les « écoles du futur » à Marseille
Il a fallu deux mois pour mettre fin au poste vacant. Bernard Beignier, jusqu’alors recteur d’Aix-Marseille, a été nommé recteur de l’académie de Paris et chancelier des universités par le conseil des ministres, mercredi 3 avril. Il devient également recteur de la région académique Ile-de-France. Son prédécesseur, Christophe Kerrero, a démissionné le 2 février sur fond de désaccords avec Amélie Oudéa-Castéra, alors ministre de l’Éducation nationale. Un fait rare dans l’ambiance habituellement feutrée des rectorats.
Depuis, chaque semaine, le petit monde de l’éducation scrute les procès-verbaux du conseil des ministres pour connaître le nom du nouveau recteur. Cette période de latence a alimenté les rumeurs de désaccords au sein du gouvernement afin de trouver le meilleur profil. « Pourquoi cela a-t-il pris si longtemps? » Quelle considération pour le personnel de l’académie ? »s’interroge Nicolas Bray, directeur et responsable de la section parisienne du SNPDEN-UNSA.
Avec Bernard Beignier, l’exécutif choisit un profil « complètement classique », de l’avis d’un ancien haut responsable de l’éducation. Docteur en droit et doyen de la faculté de droit de l’université Toulouse-Capitole de 2003 à 2012, Bernard Beignier, 66 ans, possède une solide expérience : il a été recteur pendant douze ans, d’abord à Amiens, entre 2012 et 2014, puis à Aix. -Marseille, à partir de 2014.
« Plutôt apprécié » à Marseille
Si la lettre qu’il a envoyée en janvier 2020 pour rappeler aux directeurs les risques de sanction encourus par les enseignants refusant de participer aux nouvelles épreuves du baccalauréat avait déclenché une polémique qui reste dans les mémoires, Bernard Beignier a été « plutôt apprécié » à Marseille, selon un syndicaliste local.
Certains observateurs voient dans cette nomination l’influence d’Emmanuel Macron. Bernard Beignier n’a-t-il pas mis en place à Marseille l’expérience « écoles du futur » souhaitée par le chef de l’Etat, qui en a fait un modèle à généraliser lors de la présidentielle de 2022 ?
Le nouveau recteur de Paris aura fort à faire dans une académie très politique. Le déclin démographique important que connaît la capitale a tous les atouts d’un dossier explosif. Les écoles publiques parisiennes ont vu leurs effectifs de CP baisser de près d’un quart en huit ans et les fermetures de classes se poursuivent. Cette réduction du nombre d’étudiants met également à mal l’équilibre entre enseignement public et privé. Le chercheur Julien Grenet le répète avec insistance : si rien n’est fait, il y aura plus de collégiens dans le privé que dans le public d’ici dix ans.
Il vous reste 12,67% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.