Bastille, République ou Longchamp… Le défilé du 14 juillet n’a pas toujours eu lieu sur les Champs-Elysées
Contrairement à l’habitude, le défilé militaire du 14 juillet 2024 n’aura pas lieu sur les Champs-Elysées en raison des Jeux olympiques. Mais il n’a pas toujours suivi ce parcours désormais mythique.
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Le défilé du 14 juillet 2024 aura lieu sur l’avenue Foch et non sur « la plus belle avenue du monde ». Un événement, avec son impressionnant défilé militaire, qui se déroule habituellement sur les Champs-Elysées. Mais cette année, il a été délocalisé sur l’avenue Foch en raison des aménagements et mesures de sécurité mis en place pour les Jeux olympiques, qui ouvrent une dizaine de jours plus tard, a annoncé la préfecture de police de Paris. Mais le défilé n’a pas toujours suivi ce parcours.
Lorsque la date du 14 juillet fut adoptée comme fête nationale en France, l’objectif était de créer un événement civique festif pour célébrer la prise de la Bastille, ainsi que la première Fête de la Fédération en 1790. Le 14 juillet de cette année-là, on célébrait le premier anniversaire de la prise de la Bastille : les fédérations des gardes nationales de province défilèrent sur le Champ-de-Mars à Paris pour célébrer l’union de la Nation.
C’est une loi du 6 juillet 1880 qui a institué le 14 juillet comme fête nationale. Elle est depuis célébrée chaque année, avec un défilé militaire, mais pas toujours sur les Champs-Elysées.
Débuts à l’hippodrome de Longchamp
Le 14 juillet est devenu fête nationale par une loi promulguée en 1880. Le tout premier défilé militaire pour la fête nationale a donc eu lieu cette année-là, sur l’hippodrome de Longchamp. L’événement, qui a réuni des dizaines de milliers de spectateurs et s’est déroulé en présence du président de la République Jules Grévy, a été baptisé « Critique de Longchamp »Jusqu’en 1914, la Fête Nationale reste à Longchamp.
Pendant la Première Guerre mondiale, des cérémonies furent organisées le jour de la prise de la Bastille, mais elles s’inscrivaient davantage dans un contexte de guerre que de célébration. En 1915, à l’Arc de Triomphe, La Marseillaise est joué avant qu’un cortège porte les cendres de l’auteur de l’hymne national, Rouget de Lisle, aux Invalides, où elles sont transférées. Les troupes de la garnison parisienne descendent les Champs. « Le 14 juillet sur les Champs-Elysées vient de naître », résume Claude Quétel dans Le mythe du 14 juillet (éditions JC Lattès).
L’année suivante, un défilé est dédié à la mémoire des soldats tombés et des Alliés. Les troupes participantes – britanniques, russes, belges, hindoues, troupes coloniales – convergent des gares parisiennes vers les Grands Boulevards, l’avenue de l’Opéra, la Concorde et les Champs-Elysées. En 1917, le défilé se déroule sur le cours de Vincennes, suivi d’un défilé jusqu’à Denfert-Rochereau. En 1918, il se déroule à la Porte Dauphine.
Dans 1919, les Champs-Elysées pour célébrer les morts et la victoire
Le 14 juillet 1919, le défilé militaire est celui de la victoire de la Première Guerre mondiale. Il revient sur les Champs-Elysées, mis en scène comme un parcours triomphal. « Une immense célébration à la fois de fierté nationale et de deuil, écrit Claude Quétel. Le grand défilé de la victoire ne pouvait avoir lieu un autre jour. (…) C’est en cette grande occasion que l’avenue des Champs-Elysées reçoit sa grande consécration. » Les maréchaux Foch, Joffre et Pétain ont ouvert le cortège, précédant une délégation de 1 000 soldats mutilés, « visages brisés ».
Les troupes ne s’arrêtent pas aux Champs et traversent Paris d’ouest en est, depuis la porte Maillot en passant par l’avenue de la Grande-Armée, l’Arc de Triomphe, les Champs-Elysées, la place de la Concorde, la rue Royale, les Grands Boulevards puis la place de la République. Les contingents alliés se succèdent, par ordre alphabétique des pays. L’armée française et ses poilus ferment la marche.
« Celui qui a vu ce jour a vécu », Georges Clemenceau, alors président du Conseil, le déclarait le soir du défilé. Sept kilomètres, trois heures, deux millions de spectateurs dans les rues de Paris… Pour l’historien Rémi Dalisson, ce 14 juillet marque « le triomphe définitif du 14 juillet, fête largement militarisée incarnant la Nation qui n’était plus contestée dans cette fonction. »
Entre les deux guerres, le défilé se cherche
Cependant, à partir de 1920, le défilé du 14 juillet redevient une La revue est appelée « revue » et se déroule à l’hippodrome de Vincennes. Il n’y en a pas en 1921, en raison des fortes températures. Une simple cérémonie est organisée place de l’Étoile de 1925 à 1928, et la revue disparaît même en 1929. Elle est de retour de 1930 à 1936, cette fois entre l’esplanade des Invalides, le pont Alexandre-III, les Champs-Élysées jusqu’à la Concorde, avec une parenthèse en 1935, où les troupes défilent sur les Champs-Élysées uniquement, comme de 1937 à 1939. Il n’y a alors pas de célébration du 14 juillet en France sous l’occupation allemande.
Retour sur les Champs de 1946 à 1973, avant les nouveaux changements de parcours
En 1945, la Fête nationale, sa revue et son défilé se déroulent sur le cours de Vincennes et la place de la Bastille. Puis, de 1946 à 1973, les troupes reviennent sur les Champs-Elysées. Pour le premier défilé de son septennat, en 1974, Valéry Giscard d’Estaing avait demandé qu’il ait lieu entre la Bastille et la République. L’année suivante, le président de la République impose le cours de Vincennes et, en 1977, les troupes militaires défilent devant l’École militaire à Paris. En 1979, les troupes défilent entre la République et la Bastille. Il faut attendre 1980 pour que les Champs-Elysées redeviennent le cadre officiel du défilé.
Les Champs-Elysées, une tradition depuis 1980
De 1980 à 2023, tous les présidents de la République ont maintenu le défilé sur les Champs. L’année 2020 fait exception : en raison de la Pandémie de Covid-19, le défilé est annulé et remplacé par une cérémonie place de la Concorde. En 2024, le 14 juillet ne sera donc pas célébré sur la « plus belle avenue du monde » mais sur l’avenue Foch, à Paris, en raison des aménagements réalisés pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, et des mesures de sécurité en vigueur quelques jours avant la cérémonie d’ouverture.