avec LR, Renaissance, « les gens de gauche », à quoi cela pourrait-il ressembler ?
LUDOVIC MARIN / AFP
Michel Barnier, lors de son premier déplacement en tant que Premier ministre, au SAMU de l’hôpital Necker à Paris le 7 septembre 2024.
POLITIQUE – Les ministères se cherchent des candidats ministériels. Le chef du gouvernement trouvé en la personne de Michel Barnier, les négociations vont bon train pour composer son équipe gouvernementale. Le Premier ministre étant issu de la droite, la présence de représentants de LR est attendue. Mais le locataire de Matignon dit aussi vouloir « ouvrir la table à tous ceux qui le souhaitent ».
Sur TF1, vingt-quatre heures après sa nomination, Michel Barnier nie avoir jamais été « sectaire ». « Ce ne sera pas seulement un gouvernement de droite, comme j’entends dire ici et là », Il promet. Le Premier ministre met en avant ses talents de négociateur et dit vouloir réunir les gens autour de la table « des hommes et des femmes qui ont des compétences », qu’ils viennent du camp présidentiel (Renaissance et ses alliés), de la droite comme « les gens de gauche ».
Qui seront-ils ? Les négociations sont en cours. Michel Barnier a reçu vendredi le patron des députés EPR Gabriel Attal, puis les cadres LR, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et Gérard Larcher. Dimanche 8 septembre, c’est Édouard Philippe et ses proches qui se sont rendus à Matignon en fin de matinée, avant le patron du MoDem François Bayrou dans l’après-midi.
Composer la future équipe gouvernementale n’est pas chose aisée, entre la fragmentation du paysage politique en trois blocs et un encadrement inédit entre le président de la République et son Premier ministre qui, sans être de son parti, ne dispose pas de majorité d’opposition. Participer au gouvernement n’est donc pas sans risque. D’abord parce que la menace de censure plane sur le Premier ministre et sa future équipe. Ensuite parce que les partis d’opposition qui y participeraient risqueraient d’être accusés de trahison par leurs électeurs, la situation n’étant pas celle d’une cohabitation classique.
LR pose ses conditions
Ce risque est particulièrement identifié chez Les Républicains et à peine installé à la tête du groupe à l’Assemblée, Laurent Wauquiez a pris soin de présenter son groupe comme de l’opposition. Mais un Premier ministre issu de leurs rangs change la donne.
Après avoir été reçu par Michel Barnier, la porte n’était plus aussi fermée pour une participation au gouvernement. En sortant, Bruno Retailleau a insisté sur la marge de manœuvre – sera-t-elle suffisamment large ? – de Michel Barnier par rapport à Emmanuel Macron et Laurent Wauquiez pour que tout se joue « selon le programme »Le soir même sur TF1, Michel Barnier dévoilait ses priorités, qui font clairement écho au « pacte législatif » établi par LR au début de l’été. De quoi convaincre ?
Selon La Tribune du dimancheL’Élysée souhaiterait voir Xavier Bertrand, dont le nom circule pour le poste, dans l’équipe Barnier ; le président des Hauts-de-France n’y serait pas opposé. Le maire de Cannes David Lisnard, brièvement évoqué pour Matignon, esquive en le JDD mais plaide pour participer « sous certaines conditions ».
Renaissance, MoDem et Horizons contraints de partager
UN » parfum « de cohabitation… avec des ministres du camp présidentiel au gouvernement ? Gabriel Attal ne l’a pas exclu vendredi, évoquant devant ses troupes une « Participation possible » avec pour « boussole » les mesures présentées au début de l’été par son camp. Le chef du MoDem François Bayrou, interrogé dans Le Grand Jury (RTL/Le Figaro/Public Sénat) estime le 8 septembre que les ministres MoDem seraient « un fait évident ».
Reste en parallèle la question des ministres démissionnaires, à qui Michel Barnier n’a pas fermé la porte. Plusieurs noms circulent pour rester, certains avec le soutien du président de la République : Rachida Dati, Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin, Catherine Vautrin… Ils ont tous en commun d’avoir été engagés à un moment ou à un autre dans un parti de droite et donc d’être en phase avec la ligne du nouveau Premier ministre. Mais les avis divergent : Agnès Pannier-Runacher, ancienne ministre déléguée à l’Agriculture, a ainsi plaidé sur franceinfo le 7 septembre pour « l’incarnation évolue ».
Le RN se retire automatiquement, le NFP dit non
Quid du RN, « arbitre » de Matignon mais immédiatement exclu du gouvernement ? Michel Barnier a assuré qu’il « on verra » Marine Le Pen, même si aucune date n’a encore été fixée, selon les déclarations faites par l’intéressé dans La Tribune du dimancheLa cheffe des députés et ancienne présidente du parti a néanmoins exclu toute participation de ses troupes à un gouvernement contre lequel elle menace de censure s’il ne répond pas à ses attentes. « La censure du gouvernement, c’est la censure du gouvernement, pas celle du seul Premier ministre. Si nous nous engageons à une non-censure immédiate parce que Michel Barnier exprime une juste considération pour tous les électeurs, je pense qu’il faut aussi qu’il ait un gouvernement qui respecte cette ligne de conduite. »elle prévient.
Reste le NFP qui, malgré sa première place aux législatives, a vu Matignon lui passer sous le nez. Michel Barnier assure que malgré tout, le NFP « les gens de gauche » ne sont pas des persona non grata dans son gouvernement. Pour l’instant, personne n’a manifesté son intérêt et rien n’a été annoncé sur une éventuelle rencontre à Matignon.
« Quelqu’un qui se dit de gauche et qui rejoint le gouvernement de M. Barnier n’est pas de gauche. »affirme la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, sur BFMTV. « Si Michel Barnier m’appelle, je lui dis : « merci, mais pour moi, ce serait un compromis de travailler avec vous » »« C’est ce qu’a expliqué sur franceinfo le 7 septembre le maire socialiste de Saint-Ouen, Karim Bouamrane, cité un temps par Matignon. A La France Insoumise comme au Parti socialiste, la volonté de censurer le gouvernement Barnier a été officialisée.
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