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Au Venezuela, l’offensive judiciaire du pouvoir après la réélection contestée de Nicolas Maduro

Fascisme, réseaux sociaux, ONG… L’Assemblée nationale contrôlée par le gouvernement entend voter une batterie de lois jugées liberticides par une opposition qui revendique sa victoire à l’élection présidentielle.

Fascisme, incitation à la haine, réseaux sociaux, ONG… L’Assemblée nationale contrôlée par le gouvernement vénézuélien a interrompu ses vacances pour aider le président Nicolas Maduro et voter à partir de ce mardi 13 août à Caracas une batterie de lois, dont certaines sont considérées comme liberticides par une opposition qui revendique la victoire à l’élection présidentielle.

« Nous nous consacrerons à la tâche (…) d’approuver un ensemble de lois que vous (Maduro) avez demandées pour pouvoir défendre notre population contre la haine »a déclaré lundi le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodríguez, lors d’une réunion du Conseil de défense et d’État.

25 morts dans les manifestations anti-Maduro

Le Conseil national électoral (CNE) a entériné le 2 août la victoire de Nicolas Maduro avec 52% des voix, sans publier le décompte exact ni les procès-verbaux des bureaux de vote, affirmant avoir été victime d’un piratage informatique. Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux obtenus grâce à ses scrutateurs – dont la légitimité est rejetée par Nicolas Maduro -, Edmundo Gonzalez Urrutia a remporté l’élection avec 67% des voix.

L’opposition et de nombreux observateurs estiment que le piratage avancé par le CNE est une invention du gouvernement pour éviter de publier les documents électoraux. L’annonce de la réélection a provoqué des manifestations spontanées avec un bilan de 25 morts, 192 blessés et des milliers d’arrestations, selon des sources officielles.

« Limiter » le « droit d’association »

L’offensive judiciaire intervient alors que l’opposition, qui n’avait organisé qu’une seule mobilisation le 3 août, a appelé à de grandes manifestations samedi 17 août. Jorge Rodriguez promet une régulation des réseaux sociaux, une loi pour punir le « fascisme » – terme régulièrement utilisé par le gouvernement pour désigner l’opposition – ainsi qu’une autre loi sur les ONG. Cette dernière, en préparation depuis des mois, figure en tête de l’ordre du jour mardi.

« Il existe de nombreuses organisations non gouvernementales qui servent de couverture au financement d’actions terroristes »a assuré lundi Jorge Rodriguez. Selon le projet de loi, qui prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 10 000 dollars, les organisations doivent s’enregistrer localement et déclarer leurs sources de financement, généralement étrangères.

Une mission indépendante de l’ONU souligne que cette loi « vise clairement à limiter » LE « droit d’association »Des réglementations similaires ont été adoptées à Cuba, au Nicaragua, au Guatemala et en Bolivie. L’issue des travaux ne fait aucun doute, 256 des 277 députés ayant soutenu le gouvernement, l’opposition ayant boycotté les élections législatives de 2020.

À bas les réseaux sociaux

Un autre domaine de travail de l’Assemblée nationale : « comment fonctionnent les réseaux sociaux »Depuis l’élection, Nicolas Maduro les attaque régulièrement, affirmant qu’ils tentent de déstabiliser le pays et de jeter le doute sur la validité de sa réélection. Il a notamment suspendu X pendant dix jours après avoir accusé son propriétaire Elon Musk d’inciter à la haine et au fascisme. Il a également lancé une campagne de boycott de WhatsApp.

La suspension de X et la campagne contre les réseaux sociaux sont « Une escalade dans le système de censure (…) le gouvernement identifie les réseaux sociaux comme le mécanisme par lequel les gens peuvent obtenir des informations. Cela fait partie de ce chapitre sombre que nous vivons »Giulio Cellini, directeur du cabinet de conseil politique Logconsultancy, l’a estimé vendredi.

Jorge Rodriguez a proposé d’intégrer « éléments liés à l’incitation à la haine sur les réseaux sociaux » dans une loi controversée, largement utilisée contre les opposants, qui punit jusqu’à vingt ans de prison « crimes haineux ».

Maduro appelle à une « justice sévère »

Nicolas Maduro a appelé à une «Poing de fer et justice sévère» face à la « violence » et à « crimes haineux »Il a accusé les deux leaders de l’opposition, Maria Corina Machado et Edmundo Gonzalez Urrutia, d’en être responsables. Il a déjà estimé que les deux dirigeants, qui vivent cachés depuis une dizaine de jours, devraient être libérés. « en prison ».

Dans la même veine, le parlement adoptera une « loi contre le fascisme, le néofascisme et les expressions similaires »La loi demandée par Nicolas Maduro en avril avait déjà été approuvée en première lecture mais la deuxième lecture avait été reportée.

Le texte pénalise la promotion de réunions ou de manifestations « L’apologie du fascisme »Il propose également d’interdire les partis politiques et d’imposer des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000 dollars aux entreprises, organisations ou médias qui financent des activités ou diffusent des informations qui « incitent au fascisme ». « Pratiquement tout est fascisme » pour le pouvoir, soulignait en mai à l’AFP Ali Daniels, avocat et directeur de l’ONG Accès à la Justice.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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