Au Royaume-Uni, Nigel Farage espère récupérer le vote des conservateurs déçus
Une étrange campagne pour le parti britannique d’extrême droite Reform UK. Alors que Rishi Sunak a annoncé des élections anticipées le 4 juillet, le parti fondé en 2018 (d’abord sous le nom de Brexit Party) promet certainement de » détruire « les Conservateurs, mais son président honoraire et fondateur, le très charismatique Nigel Farage (ancien leader de l’UKIP), tient des propos ambigus sur une éventuelle alliance avec les Tories et fait campagne sans être lui-même candidat. Malgré cette stratégie brouillonne, Reform UK oscille toujours entre 8% et 14% dans les sondages et compte bien récupérer les voix des (très nombreux) déçus des Tories, voire de ceux qui trouvent loin le programme travailliste, dirigé par Keir Starmer. trop centriste.
Ce jeudi 30 mai, Richard Tice, l’homme d’affaires multimillionnaire qui dirige Reform UK (et le finance en grande partie), a convoqué la presse dans un ancien entrepôt sur les rives de la Tamise transformé en centre de conférence, pour la première annonce majeure de son parti. «Nous voulons mettre fin à la dépendance mortelle de l’économie britannique aux emplois mal payés occupés par des étrangers», assure ce Brexiter précoce, candidat à la députation dans la circonscription de Boston et Skegness (centre de l’Angleterre). Sa solution miracle ? Un nouvel impôt que tous les employeurs devraient payer pour tous les salaires versés aux immigrés.
Cette taxe aurait pour effet, selon M. Tice, de limiter la « migration légale de masse » au Royaume-Uni, responsable, assure-t-il, de la stagnation des salaires dans le pays. Il est vrai que le solde migratoire au Royaume-Uni a considérablement augmenté depuis le Brexit : selon les chiffres publiés par l’Office for National Statistics le 24 mai, il s’élevait à 685 000 personnes en 2023, majoritairement titulaires d’un visa (de travail ou d’étudiant). « Nous sommes le seul parti à oser affronter ce problème de front », assure Richard Tice, qui accuse les conservateurs au pouvoir depuis 2010 d’avoir « trahi » les Britanniques (qui ont voté majoritairement pour le Brexit afin de limiter les migrations) et considèrent que « Les travaillistes et les conservateurs sont les deux faces d’une même médaille » sur le sujet.
Hésitations entre politique et médias
L’ambiance ne s’anime qu’avec l’arrivée tardive mais parfaitement orchestrée de Nigel Farage. A 60 ans, celui considéré comme le père du Brexit (qu’il fut le premier à promouvoir dans les années 2000) aime toujours les caméras, même sans être candidat aux élections – il est vrai qu’il a déjà tenté à sept reprises d’entrer à la Chambre des représentants. Commons, en vain à chaque fois. Les autres chefs de parti, Rishi Sunak, pour les conservateurs, Keir Starmer, pour les travaillistes, largement en tête dans les sondages ? Ils sont « superbe » pour l’ancien leader de l’UKIP. « Personne n’a voté pour la migration légale, ces élections législatives devraient être des élections sur la migration »poursuit Nigel Farage qui, depuis le Brexit début 2020, tente de recentrer son parti sur d’autres sujets, au premier rang desquels la migration ou la critique des engagements climatiques du Royaume-Uni.
Il vous reste 44,32% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.