Au Nicaragua, le régime ordonne la taxation des églises et ferme 151 nouvelles ONG
Les églises et les organisations religieuses du Nicaragua devront désormais payer l’impôt sur le revenu, après que le gouvernement a abrogé jeudi 22 août l’article de loi qui les exonérait, en même temps qu’il annonçait la fermeture de 151 nouvelles ONG, selon une résolution publiée au journal officiel.
Lundi, il avait déjà décrété la fermeture de 1 500 ONG, en majorité religieuses, dans ce qui constitue la plus grande dissolution d’organisations ordonnée par le président Daniel Ortega depuis 2018 et les manifestations contre son régime. Cette nouvelle loi oblige les ONG à travailler uniquement dans le cadre de« alliances » avec des entités publiques. Les ONG radiées jeudi sont principalement des chambres de commerce internationales et sectorielles.
Les États-Unis ont condamné ces fermetures jeudi. « injuste »selon un message publié sur X par le sous-secrétaire d’État pour l’Amérique latine, Brian Nichols. M. Nichols a également condamné « Le harcèlement violent, la détention et la répression des membres des ordres religieux et des communautés de foi au Nicaragua ».
« Noyer l’Église financièrement » pour obtenir plus de contrôle
En ce qui concerne la taxation des églises, la résolution signée par le président Daniel Ortega, et publiée dans le journal La Gaceta, souligne que « L’article 32 (…) de la loi sur la consultation fiscale a été abrogé ». Elle exempte les églises et les organisations religieuses dotées de la personnalité juridique de payer l’impôt sur les revenus provenant d’activités et de biens destinés exclusivement à des fins religieuses. Elles seront désormais imposées à un taux de 30% de leur revenu annuel. La suppression de cette disposition s’inscrit dans le cadre de la réforme législative lancée par le gouvernement pour renforcer le contrôle sur les organisations non gouvernementales.
La chercheuse Martha Patricia Molina, exilée aux États-Unis, a estimé sur son compte X que le gouvernement cherchait à « noyer l’Église financièrement pour qu’elle s’effondre sous son propre poids »L’ancien candidat à la présidentielle nicaraguayenne, Félix Maradiaga, qui est en exil aux États-Unis, a déclaré dans un message sur le même réseau social que ces annonces « marque un nouveau chapitre sombre dans la répression systématique qui caractérise le régime de Daniel Ortega ».
Mardi, une porte-parole du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Liz Throssell, a décrit la fermeture des 1 500 ONG comme une décision « profondément alarmant, en particulier dans un pays qui a été en proie ces dernières années à une érosion de l’espace civique et à des restrictions injustifiées de la liberté religieuse ».
Au total, quelque 5.300 organisations civiles ont été dissoutes depuis 2018 et les manifestations antigouvernementales qui ont fait plus de 300 morts en trois mois, selon les Nations unies. Des centaines d’opposants présumés au régime ont également été emprisonnés depuis ces manifestations.
Daniel Ortega, 78 ans, qui avait gouverné dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste, est revenu au pouvoir en 2007 et a été réélu lors d’élections non reconnues par Washington, l’Union européenne et les organismes internationaux.