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Atos se donne plus de temps pour choisir entre David Layani et Daniel Kretinsky

L’entreprise et son administratrice Hélène Bourbouloux veulent se donner jusqu’au début de la semaine du 10 juin pour sélectionner le repreneur du groupe informatique. Le milliardaire tchèque a soumis mercredi soir une nouvelle offre au conseil.

Pas de fumée blanche à Bezons (Val-d’Oise), siège d’Atos. Le groupe informatique, qui s’était donné jusqu’à mercredi soir pour choisir entre les offres de restructuration financière de David Layani et Daniel Kretinsky, reportera sa décision au début de la semaine du 10 juin.

Atos, qui cherche désespérément une injection d’argent frais ainsi que l’annulation d’une partie de ses 4,8 milliards d’euros de dette, indique dans un communiqué publié ce jeudi matin qu’il « en discussion avec les deux parties (…) afin d’améliorer certains termes de ces propositions ».

Atos ajoute que l’administrateur judiciaire, Hélène Bourbouloux, « nécessitait un délai supplémentaire afin de maximiser le soutien des créanciers financiers de la Société pour leur proposition préférée ». Autrement dit, aucune majorité décisive ne se dégage en faveur de l’un ou l’autre des deux candidats à la reprise. Mercredi soir, Daniel Kretinsky a soumis une nouvelle offre de restructuration, ce qui a visiblement créé une incertitude de la part du conseil d’administration d’Atos.

Obligataires à Layani, banques à Kretinsky

Jusqu’à présent, les obligataires penchaient plutôt en faveur de David Layani, le patron de OnePoint. Un groupe représentant 36% de la dette obligataire (DE Shaw, Boussard & Gavaudan, Tresidor, Syqant, SPG, Fidera, Blackrock, AG2G La Mondiale) a signé l’offre de l’entrepreneur. Ce comité de pilotage se dit confiant dans sa capacité à convaincre au total 60% des obligataires, ce qui représenterait 30% de la dette totale d’Atos.

Daniel Kretinsky semblait venir de plus loin. Sa première offre était loin des attentes des créanciers, notamment parce qu’elle leur demandait d’effacer une grande partie de la dette qu’ils détenaient auprès d’Atos. Mais le milliardaire tchèque a révisé les conditions de sa proposition. Il a réussi à convaincre la banque BNP Paribas de la situation difficile d’Atos et de la nécessité d’effacer le plus de dettes possible. BNP Paribas tente à son tour de convaincre d’autres établissements bancaires. Si les établissements français semblent écouter ses arguments, ce n’est pas encore le cas des banques étrangères qui sont en désarroi sur la question.

Mais pour enfoncer le clou, le milliardaire tchèque a adressé mercredi soir une proposition véritablement dédiée aux obligataires. Selon nos informations, le camp de Daniel Kretinsky leur propose de participer à l’émission de nouvelles dettes dans le cadre de la restructuration, alors que ces prêts étaient auparavant réservés aux banques.

Pas autant de transferts chez Kretinsky

Par ailleurs, « DK » est prêt à offrir environ 20% du capital aux créanciers, pour leur donner la possibilité de participer à la création de valeur de l’entreprise post-restructuration et ainsi récupérer ce qu’ils auraient perdu lors de l’effacement de leur dette. . Mais cette option, qui pourrait se concrétiser au bout de deux ans, suppose le redressement de l’entreprise.

Enfin, alors que son projet initial comportait un volet important de transferts, notamment d’un grand pôle d’activités numériques, l’homme d’affaires a apparemment mis de l’eau dans son vin. « Il ne s’agit plus de vendre le pôle Digital dans son ensemble. Chaque activité sera surveillée de près, car certaines dans le cloud ou le numérique peuvent présenter des synergies avec d’autres actifs de l’EPEI dans la distribution ou l’énergie. »insiste une source.

Une manœuvre clairement destinée à séduire les obligataires qui depuis le début du dossier ne cachent pas leur volonté de conserver un groupe le plus intégré possible. Quant à l’éventuelle attribution d’une partie du capital, elle est également à souligner dans la proposition de David Layani, qui offre aux créanciers une grande partie du capital à l’issue de la restructuration. Le patron de OnePoint ne récupérerait qu’environ 20% du capital.

Le questionnaire d’Hélène Bourbouloux

La nouvelle manœuvre de Daniel Kretinsky brouille encore davantage les cartes. Pour y voir plus clair, Hélène Bourbouloux a adressé ces dernières heures un questionnaire aux créanciers. Un scrutin en somme où le conciliateur leur demande de donner leur nom, leur exposition à la dette d’Atos, leur préférence pour le repreneur mais aussi s’ils sont prêts à voter pour l’offre de sauvetage qu’ils n’avaient pas choisie initialement. « L’idée est d’obtenir une majorité claire en faveur de l’un ou l’autre des repreneurs et d’éviter les surprises au tribunal de commerce »indique un bon connaisseur du dossier.

Le questionnaire envoyé par Hélène Bourbouloux aux créanciers.
RD

Le match est très serré. Contrairement aux cas précédents comme Casino ou Orpea, les obligataires ont les mêmes droits en matière de restructuration financière que les banques. Par ailleurs, les deux types de créanciers détiennent la moitié de la dette d’Atos. Pour rappel, le plan de restructuration doit être voté à la majorité des deux tiers. En d’autres termes, Layani et Kretinsky ne peuvent espérer voir leurs projets de rachat retenus sans convaincre au moins un tiers des deux types de créanciers.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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