Après 3 films et 115 millions d’euros, un blockbuster français est enfin à la hauteur d’Hollywood. J’ai vu Le Comte de Monte Cristo et c’est historique !
Actualités culturelles Après 3 films et 115 millions d’euros, un blockbuster français est enfin à la hauteur d’Hollywood. J’ai vu Le Comte de Monte Cristo et c’est historique !
Le 28 juin dernier, à l’occasion du festival du cinéma, Le Comte de Monte-Cristo sortait enfin en salles. S’il était sûrement le film français le plus attendu de l’année, le long-métrage n’a pas déçu son public, on vous explique pourquoi.
Trois films et 115 millions d’euros plus tard
En 2019, le producteur Dimitri Rassam s’associe aux scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière pour son nouveau grand projet. Après avoir produit ensemble Prénomun grand succès de 2012, ils veulent maintenant pour réaliser quelques œuvres classiques de la littérature Adaptations cinématographiques dantesques. Après délibération, leur intérêt se porte sur Les trois Mousquetairescélèbre roman deAlexandre Dumas. Côté production, la tâche fut confiée à Martin Bourboulon (Eiffel, Papa ou Maman), qui disposait d’un budget colossal de près de 70 millions d’euros est allouée par les producteurs Pathé Films et Chapitre 2. Cette somme est destinée à la production d’une œuvre en deux parties, directement inspirée des films de cape et d’épée ambitieux et populaires qui ont fait la fierté du cinéma français.
Malheureusement, quand il sortira au cinéma en 2023le diptyque n’a pas impressionné ni les critiques ni le box office. Cumulant respectivement 32 et 20 millions d’euros, Les deux œuvres sont loin d’être rentableset ce, malgré un casting intéressant et une attention portée aux décors et costumes. Si les défauts d’adaptation sont minoritaires et contrebalancés par des propositions intéressantes dans le premier volet nommé D’Artagnan, ils s’accentuent dans la suite nommée Milady et produire un film sans conviction, qui manque sérieusement de personnalité.
Alors, face aux résultats mitigés des Trois MousquetairesPlusieurs producteurs auraient hésité avant de revenir à une formule similaire. Pourtant, depuis 2020, un autre projet est en cours pour Dimitri Rassam, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte. Le roman Le Comte de Monte-Cristo a attiré l’attention de l’équipe et cette fois-ci, ils veulent prendre note de leurs erreurs passées pour enfin réaliser un blockbuster digne des productions étrangères. Le budget est fixé à près de 43 millions d’euros et Martin Bourboulon n’est pas renouvelé, c’est désormais le duo de scénaristes qui s’occupera de la production.
Un comte mémorable
Le Comte de Monte-Cristo nous emmène dans un voyage à travers l’histoire d’Edmond Dantèsun jeune marin interprété par Pierre Niney. Alors âgé de 22 ans, ce fils de domestique voit sa vie basculer du tout au tout. L’heureux élu s’apprête à devenir capitaine de son navire et à épouser la riche et fascinante Mercédès Herrera. Jaloux de toutes parts, il est trahi et dénoncé comme conspirateur bonapartiste par certains de ses proches. Après 14 ans de réclusion au Château d’IfIl parvient à s’échapper de sa prison et trouve un trésor qui lui confère une richesse sans précédent. Poussé par le ressentiment et la haine, Edmond sait utiliser ce nouveau pouvoir : il se vengera de ceux qui ont brisé sa vie.
Une histoire intemporelle connue de tous, que les deux scénaristes ont pris grand plaisir à adapter. Compte tenu des quelque 1900 pages que compte l’oeuvre originale de Dumas, le long métrage a dû faire des choix d’adaptation. Pour ce faire, les deux amis ont décidé d’écourter certaines périodes de la vie d’Edmond. On pense notamment à son séjour en prison, écourté au profit d’une plus grande attention portée à la mise en œuvre de sa vengeance. Il en va de même pour la rencontre entre Edmond et Albert, qui ne ressemble en rien à ce qu’elle était dans le livre, au profit d’une scène ingénieuse et beaucoup plus succincte.
Enfin, la qualité du scénario tire également sa force du rythme de l’œuvre originale. Malgré la durée du film de trois heures, le spectateur n’a d’autre choix que de se laisser entraîner dans ce torrent de révélations et de rebondissements en tout genre qui ne laisse aucune place à l’ennui. Contrairement au diptyque des Trois Mousquetaires, le film ne se perd pas dans une revisite pompeuse du médium de base.mais se concentre plutôt sur le développement intelligent et moderne d’une adaptation qui ne prétend en aucun cas surpasser le matériel original. Ainsi, à la manière des grands blockbusters d’aventure hollywoodiens, Le Comte de Monte-Cristo parvient à monopoliser l’attention de son spectateur à l’aide d’une intrigue captivante et d’un sens constant de l’aventure, que les critiques n’ont pas manqué de noter.
Pierre Niney en état de grâce
Ce qui est sûr, c’est que Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière ont beaucoup appris des déboires de leur précédent projet, et cela se voit dans la réalisation. À l’aide de plans grand angle, Leur caméra met parfaitement en valeur les décors somptueux qui se multiplient tout au long du film.. Nos protagonistes semblent ne faire qu’un avec ces grands décors, dont le mobilier reflète souvent leur personnalité. Lors des dialogues et des scènes d’action, la caméra se positionne très près des sujets d’intérêt et maintient un mouvement constant qui, malheureusement, laisse trop peu de temps à la contemplation. Un point dommageable, surtout au vu du travail effectué sur la composition des plans qui, souvent, fait la part belle à des éléments intéressants jeu de lumière et de perspective auquel la colorimétrie vive et intense du film donne un côté magique.
Quant au casting, Les performances de Pierre Niney et d’Anaïs Demoustier (qui joue Mercedes) méritent vraiment d’être soulignées.. Tous deux s’en sortent avec brio, malgré les nombreuses exigences que leur impose leur rôle. Qu’il s’agisse d’un jeune marin naïf, d’un forçat affamé ou d’un noble assoiffé de vengeance, la star césarienne parvient toujours à tirer le meilleur d’un Edmond tantôt intimidant, tantôt pathétique. Des performances bien plus impressionnantes que celles de certains acteurs secondaires qui, contraints par un texte très lyrique hérité du roman, se perdent parfois dans des envolées mélodramatiques qui sonnent faux. Enfin, un dernier point important doit être attribué aux maquilleurs qui ont fait un travail monstrueux sur le personnage d’Edmond Dantès. Contrairement aux adaptations précédentes de l’œuvre, le choix a été fait de montrer visuellement les changements physiques d’un protagoniste qui aime se cacher derrière différents masques. Le point culminant de cet exploit arrive lorsque notre protagoniste se déguise en Lord anglais. La métamorphose est si grande que même nous, les spectateurs, en venons à douter qu’il s’agisse de Niney sous le maquillage.
Le Comte de Monte-Cristo remplit donc avec succès sa mission d’être un moment de divertissement qualitatif et talentueux. qui rivalise avec les grandes productions étrangères. Pendant plus de trois heures, on plonge sans sourciller dans la découverte pas à pas du plan de cet antihéros douteux. On tombe également amoureux du destin de ses deux protégées, Andrea et Haydée, qui, dans un diptyque parfait, racontent deux réponses opposées, mais tout aussi touchantes, à leur quête de vengeance. Après deux semaines de sortie, le film a déjà accumulé 2,5 millions d’entréesrecueille les éloges du public (4,1/5 sur Boîte aux lettres et 4,5/5 du public sur Allociné) et est salué par la presse. Comme Variety par exemple, qui mentionne «un récit d’aventure époustouflant et satisfaisant, solidement conçu » qui « par rapport aux adaptations précédentes » est beaucoup plus « captivante et divertissante ». 175 ans après la sortie de l’œuvre de Dumas, l’histoire d’Edmond Dantès continue d’être interprétée et appréciée dans le monde entier. Alors, est-ce là la véritable force d’un classique intemporel ?