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En Russie, le combat d’une mère pour retrouver son fils conscrit disparu en Ukraine

La Russie a lancé il y a une semaine sa campagne de conscription militaire de printemps. Des dizaines de milliers de jeunes âgés de 18 à 30 ans sont concernés. L’armée russe a réaffirmé que ces nouvelles recrues ne seraient pas envoyées en Ukraine. Elle sait que c’est une crainte des familles, d’autant plus que cela s’est produit au début du conflit en 2022. C’est le cas d’Irina Chistyakov, 45 ans, qui vit à Petrozavodsk en Carélie, près de la frontière. de Finlande. Cette mère a recherché pendant deux ans son fils conscrit disparu en Ukraine, où il a été envoyé combattre, dit-elle, sans jamais le savoir. Contre toute attente et ébranlant la hiérarchie militaire, Irina a fini par retrouver le corps de son fils et l’a enterré le 4 avril.

L’énergie et la volonté d’Irina sont rares, en revanche, la présence de conscrits en Ukraine au tout début de la guerre dépasse largement son cas individuel. Dès mars 2022, nous entendions des familles demander où leurs enfants effectuaient leur service militaire. On ne sait pas exactement combien d’entre eux ont signé des contrats, sous pression ou non. Mais leurs familles disent toutes la même chose : qu’ils n’ont jamais signé pour aller se battre, mais pour « faire des exercices » près de la frontière.

Irina est convaincue que son fils a été retenu captif en Ukraine et y a subi des mauvais traitements. C’est la conclusion qu’elle tire après avoir vu son corps brutalisé à la morgue de Rostov. Si elle juge les surveillants de l’armée russe responsables de la mort de son fils qui n’aurait jamais dû se trouver dans une zone de guerre, elle dirige désormais aussi sa colère contre l’Ukraine et son soutien occidental.

Irina au cimetière militaire avec le portrait de son fils Kirill.
Irina au cimetière militaire avec le portrait de son fils Kirill. © RFI/Anissa El Jabri

Les médias russes ont fait état d’une enquête sur la présence de conscrits en Ukraine au printemps 2022. Officiellement, douze officiers ont été sanctionnés pour 600 conscrits envoyés dans la zone de guerre alors qu’ils étaient en service militaire complet. Les autorités nous l’assurent : ceux qui n’ont pas été tués ni faits prisonniers ont été rapatriés chez eux, sur ordre de Vladimir Poutine.

Il n’en reste pas moins qu’aujourd’hui encore, les corps – qu’ils soient enrôlés ou non – restent difficiles à retrouver et à identifier pour les familles. Au cours de sa quête de deux ans, Irina a rencontré d’autres femmes dans la même situation qu’elle et, dans une conversation Telegram dédiée, a rapporté des informations sur les corps qu’elle examinait à la morgue. Elle affirme avoir également interagi avec des femmes du côté ukrainien et avoir contribué à identifier 1 000 hommes envoyés combattre du côté russe.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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