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Affaire Jegou-Auradou : des messages vocaux fuitent, l’avocat de la plaignante dénonce une « manipulation »

Au lendemain de l’audition d’Oscar Jegou et Hugo Auradou, les deux joueurs du XV de France accusés de viol aggravé par une femme en Argentine, des messages vocaux échangés entre la plaignante et une de ses amies après les faits présumés ont été révélés par le quotidien « Clarín » ce vendredi. Natacha Romano, l’avocate de la plaignante, déplore vivement ce nouvel épisode.

Comment réagissez-vous à la divulgation de ces messages vocaux échangés sur WhatsApp entre votre cliente et l’une de ses amies ?

NATACHA ROMANO. Il s’agit d’un acte prémédité, d’une manipulation visant à la condamnation sociale de ma cliente. De qui ? Je ne vais pas commenter cela. Je me contenterai de souligner que ces messages vocaux sont des éléments de preuve soumis au dossier par la poursuite. Pourquoi les utiliser s’ils nous étaient nuisibles ? Cela n’a aucun sens. Ce sont des messages de la victime. Son amie n’a jamais hésité à remettre son téléphone à la justice. Il y a 23 messages vocaux au total et seulement quatre ou cinq ont été divulgués, sans ordre particulier et complètement sortis de leur contexte.

Pourquoi ne pas diffuser ceux dans lesquels elle raconte comment Oscar (Jegou) entre dans la pièce et la viole ? Et j’ajoute que ce n’est pas la voix de la victime que l’on entend dans ces messages. C’est la voix d’une femme totalement ivre, sous l’emprise de drogues et de l’effet d’au moins deux anxiolytiques. La combinaison de ces substances est une bombe. On le sent au ton de sa voix.

Votre client avait-il pris de la drogue ?

Les analyses toxicologiques n’ont révélé aucune présence de drogue forte dans son organisme. Mais elle a elle-même déclaré au médecin légiste qu’elle avait consommé de la marijuana et de l’alcool.

En quelles quantités ?

Elle a partagé trois bouteilles de Fernet (un alcool fort très populaire en Argentine) avec quatre de ses amis pendant la précédent (en début de soirée), puis une quatrième dans une boîte de nuit (NDLR : le Wabi Fun Club, où la plaignante et Auradou se sont retrouvés dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juillet). Lors de leur audition (Jeudi, devant le parquet de Mendoza)Les rugbymen ont également détaillé leur consommation d’alcool. Hugo (Auradou) a lui-même avoué, un peu honteux, avoir uriné sur lui-même pendant la nuit – ce dont il s’est rendu compte à son réveil – et n’avoir pas pu avoir d’érection tant il avait bu.

Quand votre cliente a-t-elle échangé ces messages vocaux avec son amie ?

Entre son retour chez elle le matin (NDLR : dimanche 7 juillet, en revenant de l’hôtel Diplomatique, où se sont déroulés les faits présumés) et 17 h 30, on entend clairement les rires. Puis, quand elle comprend ce qu’ils lui ont fait, elle dit elle-même dans un autre message, en s’écoutant : je ne parle jamais comme ça, j’étais complètement saoule. Mais quand elle reprend ses esprits, elle dit qu’ils l’ont violée et tabassée de toutes parts. La justice a ces messages depuis lundi. Pourquoi ont-ils fuité aujourd’hui (vendredi) ? Pour justifier auprès de l’opinion publique le fait que le parquet ne va pas demander l’audience de détention préventive lundi (NDLR : ce qui signifierait la libération des joueurs, éventuellement sous conditions) ?

« Ma cliente s’est évanouie lorsqu’elle a appris que son identité avait été révélée »

Considérez-vous la sortie d’Oscar Jegou et d’Hugo Auradou comme acquise ?

La demande a déjà été déposée. Si elle est acceptée, le plus cohérent serait de maintenir les mesures actuelles, c’est-à-dire l’interdiction de quitter le territoire et la confiscation des passeports pour prévenir tout risque de fuite. Le seul espoir qui reste à cette femme est qu’on ne lui accorde pas l’autorisation de quitter le territoire. Les résultats de leurs expertises psychologiques ne sont pas encore connus. Et l’expertise psychologique et psychiatrique de ma cliente est prévue pour le mardi 13 août.

Comment va-t-elle ?

Elle est dévastée. Hier (jeudi), elle s’est évanouie en apprenant que son identité avait été révélée (NDLR : par Rafael Cúneo Libarona, l’avocat argentin des rugbymen, suite à la déposition de ses clients au tribunal). Il a voulu demander pardon à la plaignante et à sa famille par notre intermédiaire, mais il était déjà trop tard car le mal était fait. Il a dit que ce n’était pas intentionnel, que c’était une erreur.

Comment voyez-vous la suite de l’enquête, en cas de libération des accusés ?

A mon avis, ils devraient rester en Argentine pendant que l’enquête judiciaire est en cours. Le ministère public ne devrait pas pouvoir demander l’abandon des poursuites parce que toutes les preuves n’ont pas été fournies et que des blessures ont été constatées sur le corps du plaignant. (NDLR : dans le rapport d’expertise établi le jour du dépôt de plainte). S’il ne s’agissait pas de joueurs de l’équipe de France, au vu des éléments du dossier, on ne douterait pas de la question du consentement. Mais ce sont des prévenus privilégiés.

Cammile Bussière

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