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à Strasbourg, le gérant d’une boutique Geox menacé de mort pour avoir recalé une intérimaire musulmane

Certains dénoncent une « fatwa ». Le Collectif contre l’islamophobie en Europe, anciennement CCIF dissous en France, a relayé la vidéo et appelé à « contacter Geox » pour dénoncer cette « discrimination inacceptable ».

Certains décrivent un « fatwa ». Le gérant d’un magasin Geox de Strasbourg (Bas-Rhin) a été menacé de mort et accusé de« Islamophobie » après avoir été la cible d’une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux. Cette vidéo de cinq minutes, captée il y a quelques jours par une femme musulmane venue travailler pour une courte période, a déjà été vue plus d’un million de fois sur TikTok et X (anciennement Twitter).

On y voit d’abord le commerçant, au téléphone, se plaignant de la situation auprès d’un inconnu. « Je vous appelle parce que (l’étudiant) vient d’arriver et que la tenue ne va pas au magasin. Elle a un voile et ne veut pas l’enlever. Elle m’explique que ce n’est pas normal, que ce n’est pas écrit dans le contrat. Bref, elle ne compte pas rester… » La vidéaste, qui se décrit dans sa biographie TikTok comme une « Femme musulmane inspirante » OMS « adopter le hijab (le voile islamique, NDLR) »puis coupe le gérant. « Non, non, ce n’est pas que je n’ai pas l’intention de rester, tu me dis de partir, tu déformes mes propos »» clame-t-elle, avant de discuter de la situation avec un client qui vient d’entrer dans le magasin.

« Vous n’êtes pas un policier »

« Elle parle avec un client »poursuit le gérant par téléphone. « Alors tu te mets sur le côté s’il te plaît »il ordonne. « Vous n’êtes pas un policier pour me dire où je dois me tenir, j’attendrai là-bas »rétorque l’intérimaire. « Alors tu vas sortir (…) On est dans un lieu privé, donc tu récupères tes affaires et tu sors », déclare le commerçant. La jeune femme refuse, et indique qu’elle attendra la fin de l’appel pour quitter les lieux : « J’attends que tu finisses, je ne veux pas que tu changes mes propos. »

Et au gérant de poursuivre : « Je ne change pas les mots, tu n’as pas la bonne tenue, je ne peux pas te garder. Tu m’as quand même dit que tu ne voulais pas faire la mission comme ça ». « J’ai le voile, il faut le dire ! »plaide l’intérim. « Nous sommes en France, madame, c’est dans la loi. Moi, en magasin… ». La jeune femme coupe encore une fois le commerçant. « Liberté égalité fraternité. Dans un pays laïcplaisante-t-elle. « Sur mon contrat, il n’est pas écrit que je ne dois pas porter le voile ». Le dirigeant se justifie alors. « J’ai une collègue qui a une croix autour du cou et elle ne la montre pas non plus. » Avant de reprendre son interlocuteur au téléphone. «J’espère que vous avez tout entendu. Parce que maintenant, elle fait scandale dans tout le magasin. Elle m’a dit (avant) que tout le monde entendrait bien”» lance-t-il, sous-entendant que la jeune femme l’avait prévenu avant le début de la vidéo qu’elle allait enregistrer ses propos.

« C’est toi qui me crie dessus et me dis de partir, et c’est moi qui fais scandale ! »s’exclame l’intérimaire. « Vous me faites passer pour quelqu’un que je ne suis pas et je n’accepte pas ça »répond le commerçant, qui poursuit ensuite sa conversation au téléphone. « Excusez-moi, je n’y arrive pas. (…) Ce genre de problème n’est pas normal. Je n’accepte pas de prétendre être ce que je ne suis pas. Elle ne veut pas partir, même si elle est censée le faire, c’est un lieu privé. L’appel se termine quelques secondes plus tard. La jeune femme quitte alors les lieux, affirmant espérer que le gérant «changement de mentalité».

« Vermine française »

Contacté par Le Figaro, la société Geox n’a pas encore répondu à nos demandes, tout comme le magasin incriminé. Depuis la diffusion de la vidéo, des centaines de réactions haineuses à l’encontre du manager ont été publiées sur les réseaux sociaux. « Quand la vermine française laisse libre cours à ses instincts primaires. Nous devons boycotter Geox”» écrit un internaute. « Un courageux pour faire la savate ?demande un autre. « Strasbourg, va apprendre les bonnes manières à ce farceur ». « Mort à eux » ; « Geox, je te conseille sérieusement de (le) virer immédiatement ! Et c’est pour son bien ! Ce chien doit être identifié et affiché sur les réseaux sociaux !

Le CCIE, Collectif contre l’Islamophobie en Europe, anciennement CCIF (Collectif contre l’Islamophobie) qui avait été dissous en France après l’assassinat de Samuel Paty à Conflans Sainte-Honorine, a dénoncé une « discrimination inacceptable.(…) Contactez Geox pour exprimer votre désapprobation !. Le groupe avait été désigné par Gérald Darmanin comme « ennemi de la République »accusé de liens avec l’islamisme et de minimiser le terrorisme.

Dans le même temps, de nombreux internautes ont exprimé leur soutien au gérant, qui a reçu des menaces de mort. Certains pointent vers un « fatwa » organisée par la jeune femme. Selon la loi française, l’employeur privé a le droit d’imposer un code vestimentaire ou d’interdire le port de certains vêtements, notamment dans le secteur commercial. « Depuis la loi du 8 août 2016 relative au travail, le règlement intérieur (d’une entreprise) peut contenir une clause de neutralité, notamment en ce qui concerne l’expression des convictions religieuses, ce qui peut avoir des conséquences sur les règles vestimentaires.peut-on lire dans le « guide pratique de la religion dans les entreprises privées »publié par le ministère du Travail. « Une politique de neutralité envers la clientèle peut justifier l’interdiction du port de tenues ou de symboles religieux à condition qu’elle concerne à la fois des symboles religieux, politiques et philosophiques (et) ne s’applique qu’aux salariés en contact avec la clientèle ».

Cammile Bussière

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