à Porto Alegre, des habitants « traumatisés » et en colère
Dans le sud du Brésil, les habitants sont confrontés à des inondations sans précédent. La ville de Porto Alegre, capitale de l’État du Rio Grande do Sul, est toujours sous les eaux.
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Deux semaines après le début des inondations dans le sud du Brésil, une grande partie de la ville de Porto Alegre est toujours sous l’eau. Dans l’État du Rio Grande do Sul, 600 000 habitants ont été directement touchés par ce qui restera dans les mémoires comme la plus grave tragédie climatique de la région.
À Porto Alegre, 15 000 personnes ont dû fuir leur foyer. Dans le centre historique, le marché municipal, symbole de la ville, est accessible uniquement par bateau. Devant les portes des boutiques de ce marché central, Adriana Kauer pense au 105 des commerçants qui ont tout perdu : « Je ne vois pas des portes mais des gens. Derrière chacune de ces portes, il y a un collègue et une famille. »
Adriana Kauer dirige un magasin de matériel de boulangerie depuis 40 ans années sur le marché central. Aujourd’hui, son magasin est encore complètement sous l’eau, mais sa maison a été épargnée. Elle a donc accueilli chez elle les familles de deux de ses employés.
Le commerçant n’oubliera jamais la tragédie : « Nous sommes tous traumatisés. Aujourd’hui, le bruit de la pluie qui tombe est angoissant. Cela m’empêche de dormir la nuit. » De l’extérieur du bâtiment historique, des chaises et des tables flottent dans les galeries. Adriana venait de s’endetter pour agrandir son magasin, qu’elle avait rouvert il y a à peine deux mois. « J’espère que la municipalité nous aidera en suspendant le paiement des loyers des commerces du marché car il est évident que personne n’aura les moyens de payer »explique Adriana Kauer.
« L’aide dont nous aurons besoin va bien au-delà de la reconstruction. Les commerçants n’ont plus rien. Comment pourront-ils recommencer ? »
Adriana Krauer, commerçante à Porto Alegresur franceinfo
Aucun des habitants de Porto Alegre n’imaginait l’ampleur du désastre. Lors de ces crues, le niveau du lac Guaiba a dépassé les cinq mètres, soit plus que le dernier record, datant de 1941. Une tragédie qui aurait pu être évitée par les pouvoirs publics, selon João da Silva. : « Sur les 23 stations de pompage, pour évacuer l’eau et la renvoyer à la rivière, seules sept fonctionnaient. Il y avait donc de la négligence, un mauvais entretien. »
« J’espère que les citoyens réfléchiront davantagedit Bruna Martello, qui gère le bar Guernica dans le centre, et qu’ils se rendront compte que la mauvaise gestion est la faute de la région et de la municipalité et qu’ils s’exprimeront lors des élections municipales de cette année. La gestion de la crise sera particulièrement scrutée par les citoyens, qui éliront le prochain maire de la ville en octobre.
Brésil : à Porto Alegre, des habitants « traumatisés » et en colère – Reportage de Sarah Cozzolino