A Paris, de Kenzo à Wales Bonner en passant par LGN, la mode masculine passe du rire aux larmes
La semaine de la mode masculine parisienne a fait osciller mercredi le public du rire aux larmes, entre les néons de Kenzo, les clowns de Walter Van Beirendonck, le standing de Wales Bonner et la perfection sensuelle de Louis Gabriel Nouchi.
– Kenzo : le confort tokyoïte sur l’or parisien
La maison Kenzo, sous l’égide de LVMH, a revisité le soir dans les jardins du Palais-Royal à Paris ce que donne l’or parisien lorsqu’il rencontre le streetwear tokyoïte.
Les hommes apparaissent en tenue de travail, inspirée des uniformes des ouvriers du bâtiment japonais dans une version baggy denim avec une explosion de couleurs allant du jaune à l’orange et au vert, dans toutes ses nuances.
La femme est moins à l’aise, dans ses robes de soirée en crochet de plage et ses hauts bandeau comme un châle Furokishi.
La capuche entièrement en maille zippée au milieu du visage et le bomber, pièce déjà acquise pour la saison prochaine, ont marqué le défilé du créateur japonais Nigo.
– Wales Bonner : la douche anglo-antillaise
Le génie britannique de la mode, Wales Bonner, née d’une mère britannique et d’un père jamaïcain et qui a remporté les plus grands prix de la mode à 31 ans depuis l’obtention de son diplôme en 2014 à la Central Saint Martins de Londres, reste sur son lancement phénoménal.
Sa touche intellectuelle et identitaire a néanmoins coulé cette saison dans une douce douche estivale, avec une collection inspirée de « l’ambiance d’une ville balnéaire ».
Palette de rouge foncé et d’eau pour cette collection mixte, qui mêle crochet et imprimé caribéen avec un tailleur parfaitement maîtrisé au niveau des vestes, portées par exemple sur un slip de bain unisexe rouge écarlate.
– LGN : retour de grâce
L’étoile montante de la mode masculine française, qui a raté le cadre lors de sa dernière collection, a aligné dans la cour de la Monnaie de Paris une collection très rentable, pleine de désirabilité et de sensualité.
Les silhouettes des hommes sont très texturées et provocantes, avec des motards en résille et des vestes de costume en cuir épais et brillant, des robes et jupes non sexistes et des costumes de jour ressemblant à des pyjamas.
La chemise, que l’on ne voit que « mis »rentré sur le devant du pantalon et avec un peu de volume, se pare d’un astucieux élastique au niveau du ventre pour donner cet effet, rentré dans la ceinture.
– Délire belge chez Walter von Beirendonck
Le Belge Walter von Beirendonck, idole de toute une génération de la scène LGBT « ours » à travers le monde, repousse une fois de plus les limites du loufoque avec une collection dédiée à la figure du clown.
Les costumes fluo oversize, avec un cousin smiley sur les fesses et un petit chapeau d’anniversaire cône en carton sur la tête, des maxi chaussures à pois, jouent à la régression.
Mais à bien y regarder, ce sont des clowns tristes que le créateur envoie sur les podiums, avec des peluches percées de fusils et des sourires corrigés au rouge à lèvres pointu.
– Jeanne Friot, aime » plus forte «
Avec la Française Jeanne Friot, qui a inventé le concept de « putain de genre »dépassant la mode genrée ou dégenrée, la collection en partie sponsorisée par Tinder célèbre sur le toit de son école à Paris les amours assumées.
Sous un ciel menaçant, le créateur, très engagé à gauche, portait un t-shirt à message, à contre-courant « racisme, sexisme, homophobie et transphobie ».
La collection, dédiée à « idoles » qui permettent de relever le menton et de se prendre en main, se décline en trompe-l’œil, en résille et en jeux visuels, comme avec la robe composée de dix ceintures ou la maxi botte qui devient une pièce jusqu’à mi-cuisse centrale du look. .