A Nice, les écologistes dénoncent « l’hypocrisie » de Christian Estrosi sur l’accueil des bateaux de croisière
Le leader écologiste ne comprend pas comment le numéro deux d’Horizons peut d’une part s’indigner contre le projet de plage flottante de l’île Canua à Mandelieu et d’autre part laisser les « monstres marins » faire escale sur le territoire de la métropole qu’il préside. .
Le Figaro Nice
Pluton, Mickey et leur joyeuse bande étaient très attendus jeudi matin dans la rade de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Plus précisément, c’est le bateau de croisière à leur image que les écologistes niçois espéraient voir débarquer. Malheureusement, à 9 heures du matin, le rêve Disney n’avait toujours pas daigné pointer la pointe de son arc, au grand désarroi de Juliette Chesnel-le Roux. Le leader des Verts de la Baie des Anges a souhaité que les journalistes voient de leurs propres yeux ce mastodonte de 339 mètres de long, capable d’embarquer à son bord quelque 4 000 passagers et 1 400 membres d’équipage. Un navire comme celui-là qui débarque régulièrement dans la rade préservée de Villefranche et que l’écologiste aimerait voir passer son chemin.
« Ce qui est particulièrement terrible, c’est que tous ces monstres des mers qui font escale à Villefranche laissent tourner leurs moteurs en permanence pour se stabiliser à l’arrêt faute de pouvoir jeter l’ancre. Bonjour, les dégâts sur cet écrin que l’on sait fragile et qu’il faut protéger”, dénonce l’élu niçois. Selon elle, il n’y aurait aucun bénéfice à tirer de l’arrivée des navires de croisière dans le secteur. « C’est même le tourisme qui rapporte le moins ! Un touriste en croisière représente 38 euros par jour de retombées économiques à Nice, contre 180 euros par exemple pour un touriste congrès.argumente-t-elle en s’appuyant sur les derniers chiffres de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI-Nice). « Malheureusement, nous sommes privés de congrès à Nice pour les cinq prochaines années… »couine-t-elle, évoquant la destruction du palais des congrès Acropolis.
Appel à un moratoire sur les bateaux de croisière
Aussi, Juliette Chesnel-le Roux fait régulièrement appel à la Métropole de Nice Côte d’Azur, gestionnaire du port de Nice mais aussi de la rade voisine, pour agir sur la problématique des navires de croisière. « qui n’a toujours pas fait l’objet d’une régulation ». Mardi, l’opposant a écrit une lettre au président-maire Christian Estrosi pour demander un moratoire sur l’accès des géants des mers à la rade de Villefranche. « Il s’agit d’une mesure essentielle pour la préservation de notre écosystème marin et pour le confort des résidents permanents », elle le lui a fait savoir. Une missive envoyée quatre jours après la publication d’une tribune animée par l’édile niçois et cosignée par 21 maires de la région contre le projet de plage flottante de l’île Canua à Mandelieu, près de Cannes. « Mais quelle hypocrisie ! Comment peut-il à la fois devenir l’apôtre de l’écologie en s’indignant contre l’île de Canua alors que ce projet ne le concerne même pas et ne fait rien pour les bateaux de croisière de la rade de Villefranche ?tempête l’élu écologiste.
Contactée, la Métropole nous renvoie à l’intervention sans ambiguïté de Christian Estrosi lors du conseil métropolitain du 23 juin 2023. « Je suis d’accord avec vous, je ne supporte plus de voir ces immenses bateaux de croisière dans la rade de Villefranche, ce genre de bâtiments flottants avec toutes les conséquences que cela peut avoir en termes de surtourisme, de pollution, etc. »il a ensuite indiqué à l’élue écologiste (sans étiquette) Hélène Granouillac qui l’a interrogé sur le sujet. « Sur le discours, je suis entièrement d’accord avec le maire. Je lui dis même que je le suis. Mais il s’agirait de passer du discours à l’action.gronde encore Juliette Chesnel-le Roux.
« Grand plaisir »
En déplacement à Gênes aux côtés d’Édouard Philippe le 11 mai 2023, Christian Estrosi n’a également pas caché son ambition de se débarrasser des paquebots à Nice pour les laisser à Marseille ou encore à proximité du port de la ville italienne. A terme, la métropole souhaite accueillir uniquement des croisières de moins de 180 mètres et recentrer son activité portuaire autour du tourisme de « grand plaisir », c’est à dire de la plaisance. On parle aussi d’électrifier les quais du port de Nice et de chasser les bateaux les plus polluants. Ceux qui ne parviennent pas à se connecter ne pourront pas finalement ne s’amarrent plus dans la Baie des Anges. Contacté, le maire (LR) de Villefranche-sur-Mer Christophe Trojani n’a pas encore répondu.