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à Nantes, Glucksmann mobilise et réveille les espoirs du camp socialiste – Libération

Dans l’enceinte déjà bien remplie du Zénith de Nantes, un socialiste regarde les images filmées à l’extérieur comme pour pouvoir y croire : une longue file de militants attendant de venir écouter Raphaël Glucksmann, la tête de liste des le Parti socialiste (PS), pour les européennes le 9 juin. « Il va falloir faire lever les gens, c’est terrible »s’amuse le député Arthur Delaporte. « A Tournefeuille, on ne pouvait même pas marcher dans les allées », s’enthousiasme-t-on, en se souvenant du premier grand rendez-vous de la campagne du candidat, fin mars. Pendant que les députés européens grimpent doucement dans les sondages, les socialistes, après des années douloureuses, profitent de ces salles remplies de militants joyeux.

« Je ressens un frisson» dit l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, que les cadres socialistes viennent fièrement saluer, comme s’ils renouaient ainsi avec leur grandeur passée. L’étape Nupes est passée. Cette campagne permet de clarifier les choses, sur l’OTAN, sur l’Europe, l’Ukraine et même la laïcité. Un peu plus loin, Stéphane Troussel, le président de la Seine-Saint-Denis, observe les tribunes depuis la scène. Trois mille personnes, selon les organisateurs. En 2019, le candidat n’a participé à aucun meeting en dehors de Paris. Preuve qu’entre les deux campagnes menées par l’essayiste et son mouvement Place publique, quelque chose a changé. « Raphaël réussit à incarner quelque chose »félicite Troussel.

Taxer les super-riches

Quelques instants plus tard, l’eurodéputée Aurore Lalucq, numéro 4 de la liste, résume sur scène : « La liste de Raphaël Glucksmann est la liste qui bloque l’extrême droite, qui propose un horizon de déclassement et de chômage, celle qui combat le greenwashing de Madame Hayer, qui consiste à enfiler une veste verte », est la liste responsable, qui défend la le pacte vert, celui qui fixera le cap, avec des objectifs sociaux et environnementaux. » A deux mois du scrutin, le camp Glucksmann espère perturber le face-à-face annoncé entre Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement national, et Valérie Hayer, celle de la majorité, avec quelques points d’avance sur les socialistes dans les sondages. « Mme Hayer veut des règles budgétaires, nous voulons des règles climatiques. Nous voulons obliger les États à investir. Qui paye ? »demande-t-elle avant de sonner un « Taxer les riches ! » dans la salle, ce qui fait écho à la proposition de Glucksmann de taxer les super-riches à l’échelle européenne.

Avant le slogan « Réveillez l’Europe »écrit en rose sur fond jaune, la maire de Nantes Johanna Rolland oppose la nécessité d’un « Protectionnisme européen » à « patriotes indésirables »tandis que le PS mène une campagne pro-européenne derrière Raphaël Glucksmann. « Une Europe puissante, qui ne soit pas le cheval de Troie du néolibéralisme »précise Olivier Faure, premier secrétaire du PS. «C’est à nous de mener la grande confrontation avec l’extrême droite, non pas dans trois ans, mais maintenant. Après 7 ans de macronie, elle n’a jamais été aussi proche de la victoire, il faut créer l’alternative, et ça commence le 9 juin.» Alors que les rebelles font campagne sur Gaza, accusant une grande partie de l’échiquier politique, y compris à gauche, de ne pas condamner assez fermement les bombardements israéliens, Olivier Faure insiste : « Il y a un poids, une mesure. » « Nous avons pleuré avec les Israéliens le 7 octobre. L’exécution de bébés, de personnes âgées, le viol de femmes, les enlèvements ne sont pas un acte de résistance mais un crime terroriste. » Une attaque contre Jean-Luc Mélenchon, qui a refusé de qualifier l’attaque du 7 octobre comme telle, avant de rappeler que cela n’empêche pas les socialistes d’appeler à un cessez-le-feu depuis le 8 octobre. « Rien ne justifie une réponse disproportionnée »dit-il avant de céder sa place à la tête de liste.

Au son de Nous sommes tes amis, Raphaël Glucksmann, tout sourire, traverse la foule jusqu’à la scène en se serrant la main et en envoyant des baisers. L’essayiste, qui avait eu du mal à jouer le candidat en 2019, a promis qu’il aurait cette fois moins de doutes. « J’ai hâte d’y aller, de faire des réunions »il a dit à Libé en janvier. Sur la scène du Zénith, il joue son rôle, les bras en signe de victoire, le poing serré, puis la main sur le cœur pendant que le public applaudit. « Quelque chose de beau, de digne, de puissant est en train de naître, une aventure politique basée sur la clarté, la sincérité et la joie.Il commence. Quand je te regarde, je vois une flamme dans tes yeux que je te demande de répandre partout autour de toi.

«La gauche de Robert Badinter et Jacques Delors»

Celui qui a construit sa vie militante et politique autour de l’idéal européen se souvient « Les jeunes Ukrainiens bravent les balles des tireurs embusqués, un drapeau étoilé à la main » sur la place Maidan en 2014. « Un peuple ne se lève pas pour une technostructure, pour des normes. Il défend une vision du monde, une conception de la dignité humaine. Nous devons être dignes de cette vision de l’Europe ». Comme souvent, il assure que le vote qui arrive est « le plus important de l’histoire » : « Jamais les menaces n’ont été aussi grandes. Tout converge pour faire de 2024 l’un de ces moments de l’histoire où le destin des peuples et des civilisations change. Selon lui, la cause en est la guerre en Ukraine mais aussi le risque de voir Trump être réélu aux Etats-Unis. « L’Europe se retrouverait seule, pour la première fois depuis 1945, face à la guerre sur son continent.il prévient. Face au défi profond qui pèse sur le modèle démocratique et le droit international, nous n’avons plus le droit d’être faibles, d’être indolents, nous avons besoin de démocrates combattants.»

Comme les intervenants avant lui, l’eurodéputé prétend bousculer le match entre l’extrême droite et les libéraux. « On réveille la gauche de Robert Badinter et Jacques Delors, que tout le monde avait enterrée »clame celui que les socialistes espèrent voir reconstituer l’électorat social-démocrate découpé par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. « Nous sommes les seuls à pouvoir réaliser le grand changement social et écologique »continue-t-il avant d’insister sur « la clé de voûte » de son projet : « l’émergence d’une puissance écologique européenne ». Après un début de campagne dédiée à l’industrie, au cours de laquelle on a encore beaucoup entendu parler des enjeux internationaux, la tête de liste entend ouvrir une séquence verte. « Une offre politique réaliste et radicale »ou la nouvelle version de la gauche du gouvernement.

Cammile Bussière

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