A Brest, le Casino ferme ses portes dans une « ambiance un peu morose » (Vidéo)
Et le rideau du magasin est tombé. A partir de 14h30, au lieu de 19h, heure prévue. Pas besoin d’aller plus loin. En 1968, Rallye est le premier supermarché de Brest. Son descendant, Casino#hyperFrais, après ne pas avoir ouvert ce dimanche contrairement à l’habitude, a fermé définitivement ce lundi 30 septembre 2024.
«C’est triste!» Je viens une à deux fois par semaine depuis que je vis à Brest, et depuis 1991″, confie Michèle, 81 ans, en quittant le magasin en fin de matinée. «Je suis revenue chercher mon chien», dit-elle en souriant tout de même. De son sac de courses sortaient aussi des baguettes de pain. « Je venais ici même si c’était toujours cher. Il y avait des produits de qualité. Surtout la viande. Et j’aime leur pain. Sinon, je vais un peu chez Aldi mais c’est plus petit, il y a moins de choix. Sinon, j’irai à Leclerc mais c’est plus loin de chez moi. Et j’aime l’atmosphère de la galerie ici.
Michèle voyait les rayons du Casino vides depuis plusieurs semaines. « Les allées sont de plus en plus larges. Une dame m’a demandé aujourd’hui si tout serait gratuit le dernier jour », s’est-elle un peu offusquée. Il y avait bien plus de caddies garés dans le parking que poussés dans les couloirs des magasins ou des galeries.
« La direction nous parlait encore de discussions ces derniers jours »
Fermeture définitive donc, du moins sous cette marque. « L’ambiance est un peu maussade. C’est dur pour le personnel dont l’âge moyen doit tourner autour de 50 ans et dont beaucoup y travaillent depuis plus ou moins 30 ans », affirment Magali Charnacé et Jean-Michel Haguet, délégués syndicaux Unsa, qui ont le même profil.
C’est dur de ne pas savoir sur quel pied danser
« La direction nous parlait encore ces derniers jours de négociations avec un éventuel repreneur, sans que nous sachions qui. Mais il y a des discussions depuis trois ou quatre mois. Alors on se pose des questions. Les collègues se demandent s’ils doivent ou non s’inscrire à une formation au cas où ils seraient rappelés. C’est difficile de ne pas savoir sur quel pied danser », poursuivent les deux syndicalistes.
« Il faut en arriver là… »
« Mais les gens se disent qu’il faut en arriver là : à force de voir de moins en moins de marchandises et de clients, ils n’ont pas envie de rester toute la journée dans le magasin sans rien faire ». Ils doivent revoir leurs collègues ce mardi matin, pour finir de ranger le supermarché désormais quasiment vide. Une dernière fois, sur ce lieu de travail ?
Soizic Cochin, le directeur du centre commercial Phare de l’Europe, dont le groupe Casino est le plus gros locataire, pense aussi avant tout au personnel et à leurs familles. « Nous nous accrochons à leur décision, ce n’est pas la nôtre. »
Pour l’avenir, « s’il ne devait pas y avoir de repreneur, nous sommes déjà en discussion avec différents acteurs, de différents secteurs, pas forcément dans l’agroalimentaire », confie-t-elle, même si cette offre sera vite ratée dans cet ensemble qui, autrement, fonctionne bien. « Les gens viennent d’ailleurs, principalement pour la galerie : les prix du Casino étaient trop élevés. » Rien n’empêchera de diviser les quelque 7 500 m2 du magasin en plusieurs parties. Mais une locomotive ne serait bien sûr pas superflue.