à Bordeaux, ces bénévoles d’une friperie solidaire n’y croient plus avant les élections législatives
A deux semaines du premier tour des élections législatives et au cœur du tumulte politique, franceinfo a décidé de prendre le temps d’écouter certains Français pour comprendre leur vote.
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A moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, franceinfo est allé à la rencontre des bénévoles de « Mécanique sans frontières » qui tentent de faire vivre les valeurs de solidarité dans le quartier des Aubiers à Bordeaux. Rendez-vous dans leur friperie solidaire plantée au milieu des immeubles, l’un des rares lieux de vie de ce quartier dit sensible.
« C’est ce qui me tient à cœur, aider les gens. » explique Amandine, avec, derrière elle, les rayons homme, femme, bébé et même le coin déco. Un stock composé uniquement de récupération, de dons de particuliers. Les bénéfices de chaque produit vendu servent à financer des projets humanitaires en Afrique.
« On est là quand il le faut, on écoute et puis il faut être sociable quand même, c’est important, sinon on ne ferait pas ce métier. »
Amandine a remarqué : « Il y a beaucoup de précarité. On voit que les gens demandent beaucoup de prix bas. On voit qu’on est dans un environnement où c’est très, très dur. » L’association traverse également des jours difficiles. Elle a du mal à trouver des membres. « Je pense qu’ils ont d’autres soucis, ils ont déjà des solidarités familiales à faire et je pense qu’il y a toujours une question d’argent », raconte Marinette, membre de longue date. Quant aux bénévoles, « on trouve encore des dames qui veulent bien venir trier, mais bon, c’est pas facile »elle regrette.
Patrick, le président de l’association, fait un triste constat : aucun des bénévoles n’habite dans le quartier. des Aubiers, à Bordeaux.
Face aux difficultés rencontrées au sein de cette association de quartier, les prochaines élections législatives suscitent chez ces bénévoles un espoir très, très ténu. Ils ont appris à se débrouiller seuls. Ici, les élus locaux, « Ils sont gentils et tout… ils sympathisent, c’est tout », sourit Alain, un fidèle, comme Marinette. Bref, ils n’attendent rien des politiques. Le prochain changement de gouvernement ne suscite ni espoir ni crainte particulière.
« Honnêtement, que ce soit dans un sens ou dans l’autre, je ne pense pas que pour nous, personnellement, cela fasse une grande différence. »
«Nous continuerons pareil»ajoute Marinette. « Ils ne nous aident pas beaucoup, donc ils ne nous aideront toujours pas beaucoup », ajoute son ami Alain avec un grand rire. Derrière les rires jaunes, il y a encore de la tristesse, et parfois aussi de la colère, notamment lorsque Marinette évoque son ancien métier.«Ils ne sont jamais entrés dans un hôpitalfustige l’ancienne infirmière. Ils n’ont pas vu les gens souffrir. Ils ne voient pas ce que les infirmières subissent jour et nuit. Et je blâme tous les politiciens pour cela.»
Marinette aimerait qu’un jour, ces élus politiques viennent vivre à l’hôpital, y passent une semaine, voire quinze jours, au lieu des visites habituelles de quelques minutes,« Voyez comment nous vivons et comment vivent les malades. Parce que l’empathie que nous avons, nous l’avons pour tout le monde. Je l’avais pour mes patients, maintenant je l’ai pour les gens d’ici (à la friperie solidaire). C’est quelque chose que nous avons en nous. Et les politiciens n’ont pas cela.»
Pourtant, lorsqu’il s’agit de définir un sujet à traiter en priorité, c’est la même réponse au sein de cette association solidaire : la sécurité. « J’ai une petite fille de 26 mois, donc je pense à l’avenir et vivre dans un monde comme ça, c’est très dur »explique Amandine. J’ai 38 ans, il y a 20 ans, ce n’était pas comme ça. Les personnages ont changé.
A côté du commerçant, Marinette hoche la tête : «On n’entend plus ‘désolé’, ils ne te laissent pas de place…», énumère l’ancienne infirmière sans nommer personne. « Il y a un manque d’éducation », conclut Amandine. Dans ce Quartier des Aubiers à Bordeaux, l’épisode d’émeutes de l’année dernière, lié à la mort de Nahel, a profondément marqué les esprits.