Miodrag Belodedici, le traître qui a remporté l’Étoile rouge de Belgrade
Cette quatrième journée de la phase de championnat de Ligue des champions, qui voit l’Étoile rouge de Belgrade recevoir le Barça mercredi (21 heures), est un joli prétexte pour parler d’un joueur un peu particulier du club serbe : Miodrag Belodedici. Défenseur central des Rouge et Blanc lors de leur seule campagne européenne victorieuse en 1991, il est le premier joueur de l’histoire à avoir remporté la C1 avec deux clubs différents. Une performance réalisée dans des conditions bien particulières.
Belodedici est roumain. Né à Socol en 1964, il a grandi dans l’une des seules villes du pays à majorité serbe. Une particularité grâce à laquelle il est un fan inconditionnel de deux clubs : le Steaua Bucarest et l’Étoile Rouge de Belgrade. Formé et lancé chez les professionnels dans la première ville en 1982, il remporte quatre Championnats, deux Coupes et surtout une première Ligue des Champions en 1986 face au FC Barcelone.
Fuite du régime de Ceausescu
Après ce triomphe continental, Belodedici a des envies d’ailleurs. Le problème est qu’à l’époque la Roumanie était gouvernée par le régime totalitaire de Nicolae Ceausescu. Régime dans lequel aucun civil ni athlète n’est autorisé à quitter le pays. De plus, le Steaua Bucarest est un club militaire. Ses joueurs sont donc classés et après 1986, le défenseur est nommé lieutenant-major.
Qu’importe, il obtient un passeport et fuit le pays en 1988 vers Belgrade, en Yougoslavie, avec l’objectif de rejoindre l’Etoile Rouge. Considéré comme déserteur par les autorités roumaines, il a été suspendu et condamné à 10 ans de prison pour haute trahison. Pendant un an, Belodedici a joué sous un faux nom avec la réserve du club serbe jusqu’à ce qu’un coup d’État fasse tomber Ceausescu. Cela a conduit l’UEFA, la Yougoslavie et la Roumanie à négocier la levée des sanctions qui pèsent sur le joueur.
Un nouveau trophée européen contre l’OM
Fin 1989, Belodedici était désormais libre de jouer. Titulaire incontestable dans une équipe 100% yougoslave composée d’autres grands noms du football comme Darko Pancev, Sinisa Mihajlovic ou Dejan Savicevic, il enchaîne les succès nationaux et atteint une nouvelle finale de C1 en 1991. Cette fois, c’est l’Olympique. de Marseille par Basile Boli et Jean-Pierre Papin qui doivent être battus.
Les Belgraders ont défendu ensemble et ont poussé le match jusqu’aux tirs au but pour s’imposer (0-0, 5-3 aux tabs). Belodedici marque son tir au but, remporte sa deuxième C1 et entre dans l’histoire.
Maxime Lorryjournaliste à L’Équipe, détaille son parcours à découvrir en vidéo.