Débat Trump-Harris : un moment télévisé explosif mais très structuré
A deux mois de l’élection présidentielle américaine, Kamala Harris et Donald Trump croiseront le fer dans la nuit de mardi à mercredi (heure française). Un premier débat aux règles plutôt strictes, qui ne devrait pas laisser trop de place à l’improvisation.
En raison d’une campagne présidentielle inhabituelle – le président sortant Joe Biden ayant quitté la course en juillet dernier pour finalement céder la place à son vice-président -, la candidate démocrate Kamala Harris et son adversaire républicain, l’ancien chef d’Etat Donald Trump, débattront pour la toute première fois dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 septembre 2024 (à partir de 3 heures du matin, heure française). A deux mois de l’élection finale, qui désignera le futur président des Etats-Unis, ce débat organisé sur ABC News pourrait aider les derniers indécis à faire leur choix.
Si le débat ne devrait pas manquer de piquant, compte tenu du casting et des enjeux, les 90 minutes durant lesquelles Donald Trump et Kamala Harris s’affronteront obéiront à de nombreuses règles mises en place pour l’occasion. Pas de remarques d’ouverture, 2 minutes pour conclure à la fin du débat, micros éteints lorsque les candidats n’ont pas la parole, pas d’accessoires ou de notes pré-écrites ou encore, pas de questions posées entre candidats… Le show sera structuré, mais devrait tout de même être un peu plus vivant que le précédent qui opposait Joe Biden à Donald Trump.
Des stratégies bien définies
Kamala Harris se dit « fondamentalement désavantagée » face à sa rivale. Afin de garantir que le débat puisse avoir lieu, elle et son équipe de campagne ont fait des concessions en acceptant des règles qu’elles jugent favorables à Donald Trump. « Malgré nos inquiétudes, nous comprenons que Donald Trump puisse ne pas participer au débat, comme il a déjà menacé de le faire, si nous n’acceptons pas son format préféré. Nous ne voulons pas compromettre le débat. C’est pourquoi nous avons accepté l’ensemble des règles proposées », est-il écrit dans une lettre adressée à ABC, relayée par BFMTV.
La raison : les micros étant éteints lorsque l’autre candidat prend la parole. Une règle « qui servira à protéger Donald Trump des échanges directs », estime le camp démocrate. Ce dernier comptait sans doute sur l’agressivité dont a fait preuve le milliardaire dans sa campagne pour en profiter lors du débat. Mais le parti républicain a donné pour consigne à Donald Trump d’être justement « moins agressif » selon Pierre Bourgois, maître de conférences en sciences politiques à l’Université catholique de l’Ouest, sur le plateau de France 24. Et « en éteignant les micros, Donald Trump va pouvoir se positionner comme beaucoup plus calme, plus apaisé ». Il pourrait aussi sortir de son territoire habituel et laisser de côté les attaques personnelles pour aller vers celui des idées et défier son rival sur le fond. Ce positionnement pourrait être un moyen pour Donald Trump de convaincre les électeurs indécis, quand à l’inverse un comportement agressif pourrait les détourner de lui. D’autant que Kamala Harris doit défendre le bilan du président Joe Biden, contrairement au républicain qui a quitté la Maison Blanche en 2021.
Détailler les programmes électoraux
Ce débat est d’autant plus important qu’il est le premier – et peut-être le dernier – entre Kamala Harris et Donald Trump. Le duel sera l’occasion pour la candidate démocrate de détailler son programme. « On a vu l’interview qu’elle a donnée à CNN la semaine dernière, pour l’instant, on est sur des considérations relativement générales, superficielles », analyse Pierre Bourgois. Kamala Harris a fait bonne impression en plaçant le droit à l’avortement, puis le sujet du pouvoir d’achat comme priorités et en évoquant l’immigration pour s’adresser aux électeurs modérés de droite. Mais elle doit désormais clarifier son propos et défendre le bilan des quatre dernières années.
Mais ce débat sera surtout le moment pour Kamala Harris de prouver qu’elle sait tenir tête à un Donald Trump incisif. « On ne sait pas comment (Kamala Harris) se positionne quand elle est acculée, quand elle est poussée dans ses retranchements », confie Pierre Bourgois. Face à elle se trouve un habitué des plateaux, rompu aux débats de campagne. Le milliardaire a déjà multiplié les attaques contre sa concurrente, en mettant par exemple en cause ses origines.
Pour l’heure, les sondages d’opinion donnent la démocrate Kamala Harris légèrement en tête dans les intentions de vote, y compris dans les « swing states », ces Etats « basculants » qui peuvent faire pencher le résultat de l’élection vers un camp ou l’autre. Pour les deux candidates, ce débat est donc l’une des seules chances de convaincre une majorité d’électeurs dans ces Etats clés, afin de s’assurer une victoire au scrutin du 5 novembre.
GrP1