Papouasie-Nouvelle-Guinée, centre du monde habité
La joie est contenue, ce dimanche 8 décembre, à l’arrivée du pape au stade John Guise de Port Moresby, capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Contrairement à la messe célébrée à Jakarta (Indonésie) trois jours plus tôt, l’arrivée à l’arrière d’une voiturette de golf de François, qui achève la deuxième étape de son voyage en Asie du Sud-Est et en Océanie, ne déclenche ici aucune exubérance. Et pourtant, les 35 000 Papous assis dans le stade sont venus des 22 provinces du pays, en avion depuis les îles et parfois à pied à travers la forêt. Certains y attendent depuis deux heures du matin. Et plusieurs milliers d’autres, sans billets, sont massés au bord des routes. Alors pourquoi ce calme ?
Au premier rang, une femme au chapeau tressé regarde passer le pape, en silence. Son visage est couvert de larmes. Près d’elle, un homme récite le rosaire. Ce dimanche à Port Moresby, on ne crie pas, on prie. Je me sens tellement béni (de le voir), confie Lynn Ekeram, quelques rangées plus haut. Cela signifie que Dieu nous voit. Il ne nous a pas oubliés. « , ajoute cette quadragénaire qui a payé 136 euros son vol pour venir de la province d’Enga, au centre du pays.
À 13 000 kilomètres de Rome
Dans son premier discours en Papouasie-Nouvelle-Guinée, samedi 7 septembre, François s’est adressé aux autorités politiques de « ce beau pays, si loin de Rome et pourtant si proche du cœur de l’Église catholique » Toujours à Port Moresby, il décrivit alors l’Église locale au clergé et aux personnes consacrées comme » un centre de rayonnement évangélique » Et lors de l’homélie, au stade, il s’est adressé aux fidèles : » Frères et sœurs, vous qui vivez sur cette grande île surplombant l’océan Pacifique, vous vous êtes peut-être parfois considérés comme une terre lointaine, reculée, située aux confins du monde… » François leur a assuré que » Le Seigneur veut se rapprocher de vous aujourd’hui, briser les distances, vous faire sentir que vous êtes au centre de son cœur. « .
A quoi ressemblerait une carte du monde dessinée par le pape ? A l’image du célèbre missionnaire Matteo Ricci, qui avait pris soin de placer la Chine au centre de sa carte du monde réalisée à Pékin en 1602, il n’est pas du tout certain que François représenterait le Vatican au milieu. A 13 000 kilomètres de Rome, le pape n’a utilisé le terme de « périphéries » qu’à deux reprises, mais jamais pour décrire la position géographique de ce pays pauvre du Pacifique, zone d’influence disputée par de grandes puissances comme la Chine, les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et l’Indonésie.
Dans son homélie, François a décrit comme « périphérie « le lieu où vivait le sourd-muet de l’Évangile de Matthieu au-delà du Jourdain (7, 31-37) », coupé du monde » Et » loin de Dieu » La veille, devant le clergé et les consacrés, il avait évoqué la » périphérie de ce pays « , pour inciter les catholiques locaux à tendre la main aux gens » les populations urbaines les plus défavorisées, ainsi que (vers) ceux qui vivent dans les zones les plus reculées et abandonnées, où parfois le nécessaire fait défaut. » Selon un rapport de la Banque mondiale de 2020, 40 % des 11,8 millions d’habitants de Papouasie-Nouvelle-Guinée vivent sous le seuil de pauvreté. 10 % des foyers ne sont pas raccordés à l’électricité.
Partage de la richesse
A Vanimo, la petite ville reculée du nord-ouest du pays où il s’est rendu après la messe de Port Moresby, François a également salué le travail des missionnaires, capables d’entreprendre « de longs voyages, pour atteindre les communautés les plus reculées « . » Donc (depuis le 19ème siècle)Les églises, les écoles, les hôpitaux et les centres de mission témoignent autour de nous que le Christ est venu apporter le salut à tous, afin que chaque personne puisse s’épanouir dans toute sa beauté pour le bien commun. « Les missions des différentes Eglises dans ce pays à 98% chrétien (dont 25% catholique) pallieraient en réalité aux carences d’un Etat corrompu, selon plusieurs sources diplomatiques et religieuses.
Le samedi 7 septembre, le pape a appelé à un meilleur partage des richesses, notamment celles issues des mines d’or et de cuivre. Le pays possède aussi du gaz, du pétrole offshore, du bois… Autant d’atouts, comme le rappelait François à l’époque, « destiné par Dieu à toute la communauté « .
New Grb1