Quelle forme pourrait prendre la réponse de l’Iran, alors qu’il multiplie ses menaces contre Israël ?
En réponse aux assassinats des dirigeants militaires du Hezbollah et du Hamas fin juillet, les gardiens de la révolution iranienne ont promis qu’une réponse aurait lieu « en temps voulu ».
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La situation au Moyen-Orient fait craindre plus que jamais à la communauté internationale une conflagration régionale.Les assassinats du chef du Hamas Ismail Haniyeh et du chef militaire du Hezbollah Fouad Shokr, attribués à Israël,L’Iran et ses alliés au Liban, en Irak et au Yémen ont menacé Tel-Aviv de représailles armées. Le lundi 12 août, John Kirby, le porte-parole des États-Unis, a déclaré qu’il s’attendait à « une série d’attaques importantes contre Israël » qui peut intervenir dès que « cette semaine ».
L’Iran « ne cédera jamais à la pression (…) mais considère qu’il a le droit de répondre aux agresseurs »a déclaré lundi le nouveau président, Massoud Pezeshkian. De son côté, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a assuré que « La République islamique est déterminée à défendre sa souveraineté »Le lendemain, Téhéran a rejeté l’appel des pays occidentaux à renoncer à toute offensive contre l’État hébreu.
Face à ces menaces, « Nous sommes dans l’incertitude »juge Jonathan Piron, historien spécialiste de l’Iran pour le think tank belge Etopia, interrogé par franceinfo. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir de la région. L’issue des négociations de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, qui doivent reprendre jeudi au Qatar, pourrait rebattre les cartes. De son côté, le président américain Joe Biden a estimé mardi qu’un arrêt des combats dans la bande de Gaza pourrait empêcher une attaque iranienne contre Israël.
« Je doute que les négociations aboutissent à un cessez-le-feu »soutient Jonathan Piron. Selon le spécialiste, laLe Hamas veut un arrêt des combats à long terme, alors qu’il est « hors de question » pour Benjamin Netanyahu. Si les pourparlers ne mènent à aucun accord, il est « hautement probable » qu’une réponse de Téhéran interviendra prochainement, estime Jonathan Piron. « Dans cette configuration, il est difficile d’imaginer comment l’Iran pourrait ne pas réagir. »après la mort des dirigeants de deux groupes alliés, ajoute David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’IRIS et rédacteur en chef de la revue Orientations stratégiquescontacté par franceinfo.
La forme de cette réplique est cependant difficile à prévoir, selon les spécialistes. « L’Iran n’a peut-être pas encore décidé définitivement du calendrier et de la nature de sa réponse »rapporte David Rigoulet-Roze. D’autant que plusieurs acteurs internationaux tentent d’éviter une escalade entre Tel-Aviv et Téhéran. « Les États-Unis envoient des messages à l’Iran pour éviter des représailles, tandis que des intermédiaires russes se rendent en Iran pour calmer les esprits »assure l’expert.
Si cette réponse a lieu, ce ne serait pas la première fois que l’Iran cible directement l’État hébreu.En avril, après un raid meurtrier contre un bâtiment diplomatique iranien en Syrie, également imputé à Israël, Téhéran a mené une attaque sans précédent sur le sol israélien. Plus de 300 drones et missiles ont été lancés, mais presque tous ont été interceptés, selon l’armée israélienne.
Selon David Rigoulet-Roze, l’Iran pourrait frapper à nouveau « directement » Israël, tout en s’appuyant sur ses alliés dans la région, comme le Hamas à Gaza et le Hezbollah au Liban. « Là la réponse devrait probablement être double »estime l’expert. Un constat partagé par Jonathan Piron. « Nous pouvons nous attendre à une attaque beaucoup plus coordonnée (entre Téhéran et ses alliésm) que l’avril dernier »prévient le chercheur.
« Des frappes coordonnées peuvent saturer le Dôme de Fer » Israélien, prévient Jonathan Piron. Ce système de défense, qui peut abattre des missiles ou des roquettes en plein vol dans un rayon de 4 à 70 kilomètres, protège l’Etat hébreu. Dans le cas où il s’affaiblirait, des missiles pourraient s’écraser sur le sol israélien.
« Le régime sioniste recevra certainement la réponse à ce crime au moment et au lieu appropriés »ont menacé les gardiens de la révolution au début du mois d’aoûtLes villes israéliennes de Tel Aviv et Haïfa « sont parmi les cibles »Le quotidien iranien ultra-conservateur a déclaré au même moment Kayhancité par le journal hébreu Le temps d’IsraëlLa représentation de l’Iran auprès de l’ONU a pour sa part déclaré qu’elle attendait de son allié libanais, Le Hezbollah frappe « profondeur » territoire israélien, et « ne se limite pas aux cibles militaires ».
Ces propos sont toutefois à relativiser, selon l’historien spécialiste de l’Iran Jonathan Piron. « Cibler ces zones revient à cibler des civils, et dans ce cas, Israël réagirait de la même manière.« , juge-t-il. « Une telle attaque déclencherait une escalade et une généralisation du conflit, ce qui n’est pas dans l’intérêt de l’Iran. »Selon le chercheur, en cas de conflit généralisé, l’Iran « perdra »puisque Israël a l’armée « le plus fort du Moyen-Orient »en plus du soutien des États-Unis et des armes fournies par plusieurs pays occidentaux.
« Lors de la dernière attaque (en avril)Des missiles iraniens ont été interceptés ou écrasés, mais nous savons que (Téhéran) a des missiles plus puissants, insiste Jonathan Piron. Cependant, leur nombre et leur type restent inconnus. Ces missiles pourraient être plus destructeurs que ceux lancés précédemment sur Israël. L’Iran mise donc sur cette incertitude pour dissuader l’État hébreu d’ouvrir un nouveau front en frappant son territoire, ce qui conduirait à unedans l’incendie de la région.