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Le syndrome de Cuba est signé Moscou : la chronique « Sans filtre » de Mémona Hintermann

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Sans filtre, la chronique de Mémona Hintermann, grande reporter, ancienne membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel.

Emmanuel Macron a-t-il péché par naïveté ? En demandant à son ministre des Armées de téléphoner à son homologue russe, le président a pris le risque d’une conversation exploitée. L’idée était de discuter de la coopération antiterroriste après l’attentat qui a fait 144 morts près de Moscou il y a deux semaines. A l’approche des JO, ce sujet est une question majeure. Au lieu de cela, le Kremlin a répété qu’il soupçonnait les services français d’avoir aidé les terroristes de Crocus Hall et a laissé entendre que Paris était prêt à dialoguer sur l’Ukraine.

Mémona Hintermann
Mémona Hintermann
DDM

Mensonge éhonté, manipulation grossière, s’insurge le président de la République. « Aujourd’hui, ma recommandation est de ne pas avoir de contact avec la Russie », a commenté François Hollande. Et pour une bonne raison ! On le savait, mais il se confirme jour après jour que Vladimir Poutine est revenu à la politique de la guerre froide, en utilisant les bonnes vieilles méthodes héritées de l’Union soviétique, ne reculant devant rien. Y compris bien sûr en recourant au meurtre, à la manipulation, à l’intimidation avec des armes de toutes sortes.

En début de semaine, le mystère a été levé sur ce que l’on appelle le « syndrome de La Havane ». Les premiers symptômes sont apparus à l’ambassade américaine à Cuba en 2016. Vertiges, pertes de mémoire, problèmes oculaires et auditifs, migraines ont commencé à frapper le personnel diplomatique. Des armées d’avocats ont été contactées par les victimes écoeurées, principalement des Américains et des Canadiens.
Au terme d’une enquête commune étalée sur une année entière, trois médias apportent des éléments précis : ils prouvent que ce sont bien les renseignements russes qui sont à l’origine de ces étranges phénomènes qualifiés d’« incidents sanitaires » par la CIA. anormal ». The Insider, un journal en ligne russe indépendant, Der Spiegel, un magazine d’information allemand et CBS, une chaîne de télévision américaine, affirment que les espions russes ont utilisé « une arme à énergie dirigée » contre des centaines de diplomates… et d’espions.

Parmi les ambassades américaines visées figurent celles situées en France, en Allemagne, en Autriche, en Chine, en Australie ou encore le personnel opérant dans les services secrets de Washington. Dans tous ces postes ultra-protégés travaillaient des personnes spécialisées en Russie. Tout est faux, a commenté le porte-parole du Kremlin. Chœur connu.

Les attaques, selon les trois médias, ont été menées par l’unité 29 155 de l’armée russe, comme à l’époque de Brejnev. Celui-ci, qui agit dans le monde entier, appartient au célèbre GRU spécialisé dans la déstabilisation. Récemment, le GRU aurait déployé des équipes en France, à la frontière suisse. Dans cette atmosphère, la découverte d’un réseau d’influence russe au sein même du Parlement européen, à deux mois des élections de juin, n’est pas une surprise totale.

Abattre l’ennemi ou l’ennemi présumé continue de se faire en prenant des journalistes en otages. Quelle autre expression ?

Incarcéré depuis plus d’un an, le correspondant américain du Wall Street Journal reste incarcéré comme son collègue russo-américain travaillant pour Radio Free Europe, incarcéré depuis octobre.

Le bâillon reste également un instrument de contrainte à l’usage collectif du peuple russe. Aujourd’hui, dans tout le vaste empire, personne n’ose se confier, ni au sein d’une famille, ni même entre amis. La peur est une arme de dissuasion redoutablement efficace dans un arsenal qui n’a rien à envier à celui de Staline, modèle absolu de son héritier au Kremlin.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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