JO de Paris 2024 : plongée au cœur du futur siphon qui doit rendre la Marne et la Seine baignables
Par Émilie Salabelle
Publié le
10 avril 24 à 7h14
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Le plan natation, qui doit rendre la Seine baignable lors des Jeux Olympiques de Paris 2024 tout en assurant, en phase d’héritage, l’ouverture de 23 sites de baignade chez les Franciliens, est un puzzle avec de grandes pièces. L’un d’eux est situé sous la Marne. Un siphon a été creusé entre Neuilly-sur-Marne et Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) pour éviter le rejet des eaux usées dans la rivière en cas de pluie. Avant sa mise en service, Actualités parisiennes a pu visiter le chantier, réalisé par le Syndicat Interdépartemental de l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne (SIAAP), service public d’assainissement des eaux usées en Île-de-France.
Un siphon sous le lit de la Marne
On accède au fond du siphon par un escalier en colimaçon, protégé par des portes étanches qui ne seraient pas déplacées dans un sous-marin. Une fois arrivés au fond du réservoir, situé 20 m plus bas, sous le lit de la Marne, deux galeries noires apparaissent de part et d’autre : c’est par ces cheminements que les eaux usées (mélange d’eau domestique et d’eau de pluie circulant dans un seul réseau ) sera transporté vers leusine de transformation Marne Aval, située sur la commune de Noisy-le-Grand.
« Les eaux usées transportées jusqu’à l’usine par le siphon seront désinfectées avant d’être rejetées dans les eaux naturelles », explique Didier Laplanche, chef de projet du SIAAP. En plus d’éviter un déversement important d’eau chargée en bactéries dans la Marne, le siphon permettra également de éviter les débordements sur la route ou chez des particuliers. En perspective, une diminution par quatre du volume d’eau rejetée dans la Marne, et une diminution par cent de la charge bactériologique.
Un appareil pour nager
Ce système a été conçu en synergie avec d’autres ouvrages, dont le bassin de stockage du Ru Saint Baudile en amont, ou un bassin tampon avant l’usine, pour lisser les flux supplémentaires apportés par le siphon.
Ce dernier servira seulement pendant la période de baignade, précise Guillaume Storme, chef du service suivi et optimisation du système d’assainissement SIAAP. « Le reste de l’année, la Marne a déjà une bonne qualité d’eau sur le plan physico-chimique, même si elle n’est pas baignable. Et le risque d’inondation est particulièrement important en cas d’orages soudains en été. Les pluies hivernales continues posent moins de problèmes. »
Plusieurs paramètres seront pris en compte pour déclencher l’utilisation du siphon, notamment la pluviométrie, l’heure de la journée, ou encore les prévisions annoncées. « C’est jusqu’à 1 300 L/seconde d’eau que nous pourrons traiter et désinfecter avant de le remettre dans la Marne », explique Guillaume Storme.
Entre deux utilisations, le siphon passera en phase de nettoyage. « À chaque extrémité, il y a l’équivalent d’une grande chasse d’eau. Ils seront activés les uns après les autres. Toutes les saletés et le sable qui se déposent au fond seront ensuite pompés vers le réseau d’égouts. Quand le siphon sera vide, nous ferons de la maintenance», décrit Didier Laplanche.
Mise en service prévue en mai
Démarrée fin 2022, la construction du siphon dont le coût s’élève à 31 millions d’euros (financé à 54 % par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie et à 46 % par le SIAAP), a été réalisé en un temps record. Avec une mise en service prévue en mai 2024, cette nouvelle tranche viendra s’ajouter aux différents travaux destinés à garantir un fleuve propre pour les JO, « puisque la Marne se jette dans la Seine avant Paris », rappelle Guillaume Storme.
Mais, alors que la perspective des épreuves olympiques dans la Seine est inquiétante, en l’absence de plan B si les analyses ne s’avèrent pas assez bonnes, les mesures du plan natation ne pourront pas faire de miracle, prévient François- Marie Didier, présidente du SIAAP. « La natation ne peut vraiment fonctionner que par temps sec. S’il pleut trop, ce n’est pas possible. »
À long terme, le système est conçu pour garantir 70 jours de baignade sur 80, sur une durée moyenne de cinq ans. « Certaines années seront au dessus, d’autres en dessous », précise Guillaume Storme. De quoi, plus schématiquement, faire face à des pluies dont l’intensité revient tous les trois mois.
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