Le gouvernement annule la nouvelle hausse des tarifs prévue pour le 1er août – Libération
Une annulation bienvenue pour ne pas aggraver la situation de crise politique actuelle. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a annoncé ce lundi 15 juillet que le gouvernement renoncerait définitivement à la mise en œuvre d’une hausse des tarifs de l’électricité prévue au 1er août 2024. Une décision en partie politique, concède Bercy, lors d’un point presse cet après-midi.
Si cette hausse liée à la revalorisation du tarif de transport d’électricité avait été appliquée – et qui permet notamment de couvrir les coûts supportés par les gestionnaires pour transporter et distribuer l’électricité – la facture de quelque 22 millions de ménages et d’entreprises au tarif réglementé aurait en effet augmenté d’environ 1 %. L’application de cette révision des tarifs « aurait entraîné une augmentation de 10 à 40 euros (par an, ndlr) de la facture française, même si les prévisions laissent entrevoir une baisse équivalente voire supérieure dans les mois à venir », a expliqué Roland Lescure, le ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie en LE Parisien. Il défend donc une mesure de « bon sens » OMS « protège les consommateurs d’une augmentation inutile. » Bercy précise de son côté que cette hausse aurait entraîné une augmentation moyenne de 12 euros par an.
Cette décision repose sur deux raisons et est notamment liée à la baisse annoncée des prix de l’électricité en février 2025. « L’enjeu était d’éviter les à-coups car on perd alors la visibilité et l’acceptabilité des prix de l’énergie, explique Bercy cet après-midi. Les prix augmentent parce qu’il faut payer pour l’avenir, mais comme pour les impôts, il faut pouvoir expliquer pourquoi ils augmentent et pour que les prix paraissent cohérents. Mais si Bercy se refuse depuis la dissolution à prendre toute décision qui engagerait le prochain gouvernement sur le budget, la non-augmentation est bien motivée par des raisons politiques : « Clairement, augmenter en été pour redescendre ensuite au début de l’année prochaine n’est pas acceptable et cela ne rentre pas dans l’objectif, on peut le dire, d’apaisement sur le sujet du prix de l’énergie qui a été assez marqué dans les campagnes électorales qui viennent de se dérouler. »
Dans un communiqué de presse, le régulateur a déclaré avoir pris note de « l’intention » du Ministre chargé de l’Energie »de ne pas procéder à la publication » au Journal officiel des délibérations sur l’évolution du tarif d’utilisation des réseaux publics de distribution d’électricité (Turpe). Bercy assure toutefois que cette non-augmentation n’entraînera pas « perte de revenus » pour RTE et Enedis et que les dépenses auxquelles les deux filiales d’EDF devront faire face seront « couvert ».
Le gouvernement dispose désormais de deux mois pour le faire. « lui permettant de demander de nouvelles délibérations sur le développement » de la Turpe, cette sorte de péage que tous les fournisseurs doivent payer pour que leur électricité puisse circuler sur le réseau national depuis le lieu de production de l’électricité jusqu’aux compteurs des ménages et des entreprises. La CRE aurait alors la possibilité de savoir si même si elle apparaît sur les factures d’électricité, la Turpe est en réalité payée par les fournisseurs d’électricité à Enedis et RTE.
Une annulation de « bon sens »
Cette augmentation est relativement modeste par rapport à l’augmentation de « prix de référence du gaz » de 11,7% en juillet. Mais elle serait intervenue dans un contexte politique inflammable, alors que les prix de l’énergie, au plus haut en 2021-2022 en raison de la relance post-covid et de la guerre en Ukraine, ont agité les débats aux élections européennes et législatives.
En refusant d’appliquer le changement tarifaire décidé par la CRE, le gouvernement évite une nouvelle hausse, après celle de février de près de 10% dans le cadre de la sortie du coûteux bouclier tarifaire sur l’énergie. A l’époque, l’exécutif avait relevé un impôt gouvernemental – l’accise – qui avait été réduit à son minimum à partir de fin 2021 pour alléger les factures pendant la crise énergétique. Le ministre de l’Economie Bruno le Maire s’était alors engagé à ne plus augmenter cet impôt durant le reste de l’année 2024.
« C’est la dernière augmentation de cette taxe pour l’année 2024. La prochaine aura lieu le 1er février 2025, nous reviendrons à la situation qui était avant le bouclier tarifaire », avait promis le ministre en début d’année. Le futur ex-locataire de Bercy a depuis annoncé une baisse à venir des factures d’électricité de 10% à 15% d’ici à cette échéance, en février 2025, conséquence de la forte baisse des prix sur les marchés de gros.
Mise à jour : à 13h10 avec le briefing de Bercy.