Notes de frais pour les voyages ministériels, entre classe affaires et low cost
Classe affaire…
Pour leurs déplacements à l’étranger, les ministres ont parfois recours… à des jets privés ! C’est le cas de Catherine Colonna, ancienne ministre des Affaires étrangères. Elle s’est rendue en jet privé à Berlin en novembre 2022 pour assister à une réunion du G7. Un voyage qui a coûté près de 43 000 euros.
Le recours aux jets privés est souvent un dernier recours, lorsque l’emploi du temps des ministres ne leur permet pas de choisir un autre moyen de transport. Le 14 juillet 2022, Chrysoula Zacharopoulou a fait appel aux services de la société Artheau Aviation, pour se rendre en jet privé à Bucarest (34 000 euros). La secrétaire d’Etat aux Partenariats internationaux devait participer à une conférence de soutien à la Moldavie. « Entre les cérémonies du 14 juillet (à Paris) et la conférence, elle n’avait pas d’autre solution que celle-là », a expliqué à Politico la porte-parole du Quai d’Orsay, qui a souligné qu’elle avait été validée par Matignon.
Quand les ministres prennent des vols commerciaux, ce n’est pas forcément qu’ils voyagent en classe économique. Puisque, comme l’écrit Politico, « la plupart des déplacements ministériels sur des vols commerciaux se font en classe affaires ». C’est ainsi qu’en décembre 2022, Amélie Oudéa-Castéra, alors ministre des Sports, s’est rendue à Doha au Qatar en classe « business elite » avec Qatar Airways. Montant : 7 000 euros aller-retour.
…mais aussi à faible coût
Certains ministres adeptes de l’avion jouent néanmoins la carte de la sécurité. En novembre 2022, Agnès Pannier-Runacher avait pris un vol easyJet de Milan à Sharm el-Sheikh en Egypte, où se déroulait la COP27. Un billet pour la modique somme de 93 euros. Au retour, la ministre de la Transition énergétique de l’époque avait pris un vol EgyptAir en classe économique (758 euros).
Sa collègue Bérangère Couillard, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, s’est également rendue à Charm-el-Cheick, avec un vol Air France à l’aller et easyJet au retour, pour un coût total de 2.400 euros. Les ministres peuvent aussi opter pour le train low cost. Pour se rendre à Toulon, Catherine Colonna a pris un train Ouigo à 50 euros.
En Europe, priorité au train
Pour rester sur le thème de la sobriété, on rejoint « systématiquement » les capitales européennes en train, a expliqué à Politico un conseiller d’Amélie Oudéa-Castéra. Sauf quand « l’agenda et le déroulement du voyage » ne le permettent pas. Amélie Oudéa-Castéra a par exemple pris un jour l’avion pour se rendre à Londres. Clément Beaune, alors ministre délégué aux Transports, s’est rendu à Berlin en avion, où il devait inaugurer le train de nuit – qu’il empruntera au retour.
Pour se rendre en Ukraine, les ministres doivent aussi prendre le train – on se souvient des images de Macron, Scholz et Draghi dans un train-couchettes. Pour se rendre à Kiev, Clément Beaune et son ancien collègue du ministère des Armées, Sébastien Lecornu, ont pris le train via la Pologne ou la Moldavie.
Et une fois là-bas ?
Quelles dépenses engagent les ministres une fois qu’ils ont posé le pied sur le quai ou le tarmac ? En Ukraine, sécurité oblige, Clément Beaune et son équipe ont loué deux véhicules blindés pour 10 000 euros, pour une durée de deux jours.
Amélie Oudéa-Castéra a également voyagé en voiture blindée lorsqu’elle était au Qatar pour la finale de la Coupe du monde. La ministre des Sports a passé deux nuits à Doha dans une suite présidentielle, tandis que cinq chambres étaient réservées à ses collègues. Une facture de 8.200 euros payée par l’Élysée puis refacturée au ministère des Sports. « L’hébergement de l’ensemble de la délégation a été organisé par l’ambassade de France, dans le cadre d’un protocole d’invitation fourni par le ministère des Affaires étrangères du pays hôte », a expliqué le ministère à Politico.