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La Russie impose à l’ONU la fin de la surveillance des sanctions contre la Corée du Nord, « une admission de culpabilité » pour Kiev

Le président russe Vladimir Poutine et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un se serrent la main lors de leur rencontre en Russie, le 13 septembre 2023.

La Russie s’est justifiée, vendredi 29 mars, d’avoir imposé la veille la dissolution du système de surveillance des sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord et son programme nucléaire. Ce coup d’État a été réalisé avec l’accord de la Chine, mais il a été fustigé par les États-Unis et leurs alliés, qui dénoncent la collusion entre Moscou et Pyongyang.

La Corée du Nord fait l’objet depuis 2006 de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU liées à son programme nucléaire, renforcées à plusieurs reprises en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, qui mettent en avant la situation humanitaire de la population nord-coréenne, réclament la réduction de ces sanctions. sanctions d’une durée illimitée.

N’ayant pas réussi à obtenir gain de cause, les Russes ont ciblé le comité d’experts chargé de contrôler l’application de ces mesures, comité dont les rapports font référence. Malgré plusieurs reports du vote pour permettre les négociations, la Russie a opposé son veto jeudi à un projet de résolution prolongeant d’un an le mandat de cette commission. Le texte a reçu treize voix pour, la Chine s’abstenant.

Ce veto « est en fait un aveu de culpabilité. Moscou ne cache plus sa coopération militaire avec la Corée du Nord (…) ainsi que l’utilisation d’armes nord-coréennes dans la guerre contre l’Ukraine »a réagi le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba. « Ce que la Russie a fait cyniquement aujourd’hui porte atteinte à la paix et à la sécurité mondiales, tout cela pour favoriser un troc vicié que Moscou a scellé » avec Pyongyang, sur les armes notamment, a fustigé Matthew Miller, le porte-parole du département d’Etat américain.

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Un dernier rapport accablant pour Pyongyang

L’ambassadeur russe auprès de l’ONU, Vassily Nebenzia, a justifié la position de son pays en estimant que, dans les conditions actuelles, le comité n’a plus aucune raison d’exister, se concentrant sur «des questions inintéressantes et sans commune mesure avec les problèmes auxquels est confrontée la péninsule». Il a plutôt proposé au Conseil de sécurité une réévaluation du régime des sanctions. « S’il y avait un accord pour un renouvellement annuel des sanctions, le mandat du comité d’experts aurait du sens », il expliqua. Sa proposition est soutenue par la Chine. « La situation actuelle dans la péninsule coréenne reste tendue et imposer aveuglément des sanctions ne peut pas résoudre le problème »a déclaré vendredi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Pour les États-Unis et leurs alliés, à commencer par la Corée du Sud et l’Ukraine, le veto russe est un encouragement à la Corée du Nord pour continuer à contourner les sanctions internationales, comme le détaille le dernier et dernier rapport du comité d’experts de l’ONU.

Dans ce document de six cents pages remis début mars, les experts notent que la Corée du Nord continue de « faire fi des sanctions du Conseil de sécurité », notamment en développant son programme nucléaire, en lançant des missiles balistiques, en violant les sanctions maritimes et les limites des importations de pétrole. Le comité a également affirmé avoir commencé à enquêter « renseignements » déclaration d’exportation par la Corée du Nord « armes et munitions conventionnelles » en violation des sanctions, notamment envers la Russie.

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« C’est comme détruire des caméras de surveillance »

Cela explique la forte réaction de l’Ukraine et de la Corée du Sud. Dans un communiqué du ministère sud-coréen des Affaires étrangères, Séoul a appelé « décision irresponsable » Le veto de la Russie. « Rien ne peut justifier la disparition des gardiens du régime des sanctions »a condamné jeudi l’ambassadeur sud-coréen à l’ONU, Joonkook Hwang. « C’est comme détruire des caméras de surveillance pour éviter d’être pris en flagrant délit. » »

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«Ce veto n’est pas un signe d’inquiétude pour la population nord-coréenne ni pour l’efficacité des sanctions. Cela concerne la Russie, qui a la liberté de violer les sanctions dans la recherche d’armes à utiliser contre l’Ukraine.a dénoncé l’ambassadrice britannique à l’ONU, Barbara Woodward.

C’est « une tentative de dissimuler les transferts illégaux d’armes entre la Corée du Nord et la Russie. (…) Cela aura de graves conséquences sur la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et sur la réponse aux actions déstabilisatrices. de Pyongyang et « va saper l’architecture mondiale de non-prolifération »selon l’Union européenne.

« La Russie a maintenant utilisé son veto pour mettre fin à deux comités d’experts, en raison du développement de ses relations militaires avec ces gouvernements »ont dénoncé dans un communiqué commun les Etats-Unis, la France, le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni, faisant également référence au Mali.

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En août dernier, affichant son soutien à Bamako, la Russie a bloqué une résolution qui aurait prolongé le mandat des experts qui avaient livré des conclusions accablantes pour la junte malienne et ses « partenaires de sécurité étrangers ».

Le Monde avec l’AFP

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Eleon Lass

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