Biden persiste à défendre sa candidature lors d’une interview cruciale – 06/07/2024 à 03:30
Joe Biden, dans le Wisconsin, le 5 juillet 2024 (AFP / SAUL LOEB)
Le président américain Joe Biden a défendu avec acharnement et parfois laborieusement son acuité mentale et sa capacité à gouverner le pays pour un second mandat dans l’une des interviews les plus importantes de sa carrière politique sur ABC vendredi.
« Personne n’est plus qualifié que moi » pour « gagner » l’élection, a affirmé le dirigeant de 81 ans lors de cet entretien d’une vingtaine de minutes, niant la réalité des sondages qui le placent en nette difficulté face à Donald Trump.
Dans son échange avec le journaliste George Stephanopoulos, crucial pour maintenir sa candidature, le président a éludé à plusieurs reprises la question de savoir si son état physique et mental s’était détérioré au cours de son mandat.
Le journaliste américain George Stephanopoulos lors d’un débat public à New York, aux États-Unis, le 12 septembre 2023. (Getty/Roy Rochlin)
Il ne s’est pas non plus engagé à se soumettre à des évaluations médicales indépendantes, affirmant qu’être président était comme passer « un test cognitif tous les jours ».
Mais ce sont ses capacités cognitives qui font l’objet de vives discussions depuis son débat catastrophique avec Donald Trump, jeudi 27 juin.
– « Le déni » –
Le président américain Joe Biden lors d’un rassemblement de campagne à Madison, Wisconsin, États-Unis, le 5 juillet 2024 (AFP / SAUL LOEB)
« J’étais malade. Je ne me sentais vraiment pas bien », a déclaré le leader démocrate, évoquant un mauvais rhume pour justifier sa contre-performance face à son prédécesseur républicain.
Interrogé pour savoir s’il avait fait le point sur sa mauvaise performance, Joe Biden a répondu par ces mots étranges : « Je ne pense pas. »
La vidéo a été immédiatement partagée par le camp républicain, qui affirme depuis des années que le président octogénaire est sénile.
« Biden est dans le déni et en déclin », a déclaré la porte-parole de Donald Trump, Karoline Leavitt, sur X.
S’il s’est exprimé avec plus de fluidité que lors de son duel télévisé raté du 27 juin avec Donald Trump, Joe Biden n’en a pas moins parlé d’une voix étouffée, et ses phrases étaient parfois incomplètes ou un peu décousues.
Cela suffira-t-il à rassurer les démocrates, de plus en plus nombreux à lui demander de jeter l’éponge ?
« Le président est fier de son bilan, et à juste titre. Mais il apparaît dangereusement déconnecté des inquiétudes des gens sur sa capacité à avancer et sur sa position dans cette campagne », jugeait sur X le très influent David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama.
– « Seigneur Tout-Puissant » –
Le candidat démocrate a donc encore fort à faire pour effacer l’impression désastreuse laissée par son débat face à Donald Trump, dont il n’a pas du tout réussi à gérer les conséquences immédiates : une vague d’appels à son retrait dans la presse et une montée des inquiétudes sur sa santé mentale au sein de son parti.
Quatre élus démocrates ont déjà appelé sans équivoque Joe Biden à abandonner sa candidature. La gouverneure démocrate Maura Healey lui a demandé d’évaluer sa candidature « avec attention ».
Le président a balayé ces appels d’un revers de la main.
« Si le Seigneur Tout-Puissant descendait et disait : « Joe, retire-toi de la course », je me retirerais de la course, mais il ne descendra pas », a-t-il déclaré à ABC.
Le démocrate est apparu beaucoup moins énergique que dans un discours de campagne qu’il a prononcé, à l’aide d’un prompteur, peu avant d’enregistrer l’interview à Madison, dans le Wisconsin.
« Vous pensez que je suis trop vieux pour battre Donald Trump ? », a-t-il demandé lors du rassemblement, ce à quoi le public a répondu par un retentissant « Non ! »
L’équipe de campagne de Joe Biden ne manifeste pas non plus la moindre volonté de baisser les bras.
Vendredi, elle a dévoilé un plan de bataille intense pour juillet, comprenant une série de spots télévisés et des voyages dans tous les États clés, y compris le sud-ouest pendant la convention républicaine (du 15 au 18 juillet).
Joe Biden doit également accueillir un sommet des dirigeants de l’OTAN la semaine prochaine et tiendra une conférence de presse jeudi, un autre exercice très attendu.