A Angers, un restaurant McDonald’s, accusé par une femme trans de discrimination sexuelle, a été condamné
Les prud’hommes d’Angers ont condamné, lundi 24 juin, un restaurant franchisé McDonald’s du Maine-et-Loire pour « harcèlement moral caractéristique » et « discrimination liée à son identité de genre » à l’encontre d’une femme transgenre qu’il employait.
Dans la décision consultée par l’Agence France-Presse, les prud’hommes considèrent notamment que Syntia D. « est victime de discrimination en raison de son identité de genre, à travers l’interdiction faite à ses collègues d’utiliser son prénom féminin et de la désigner comme féminine ».
« C’est un bon résultat. Nous avons aujourd’hui une décision mûrement réfléchie, avec des montants de dommages et intérêts qui peuvent paraître décevants par rapport à nos revendications, car nous avions demandé 30 000 euros. Nous en avons reçu 7 000, plus l’indemnisation légale, soit environ 15 000 euros. »dit M.e Bertrand Salquain, sortant du tribunal.
C’est en tant qu’homme, et sous le prénom masculin qui lui a été donné à la naissance, que Syntia a été embauchée en septembre 2022 par ce McDonald’s, situé à une quarantaine de kilomètres d’Angers. Elle était à l’époque en transition de genre, mais toujours un homme du point de vue de son état civil, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, avec un changement effectif à l’été 2023.
« Un entretien de recadrage »
Début janvier 2023, tard après un rendez-vous médical, elle décide de se rendre directement au travail avec des vêtements féminins, de faux seins et du maquillage, expliquant qu’elle ressentait un certain » gentillesse « de son entreprise et de ses collègues. Mais, très vite, Syntia affirme avoir fait l’objet de remarques et de pressions de la part de sa hiérarchie. Fin janvier 2023, elle est convoquée « un entretien de recadrage » au cours de laquelle on l’appelle par son prénom masculin et on lui demande d’arrêter de se maquiller.
Dans les jours qui ont suivi, les dirigeants de Syntia ont tout fait pour empêcher l’utilisation de son nouveau prénom féminin, l’interdisant par affichage dans le restaurant et rappelant à l’ordre par écrit deux collègues qui l’avaient adopté.
Selon Charlotte Duval, secrétaire générale adjointe de la CFDT du syndicat des services du Maine-et-Loire, « Ce résultat est très positif. La rupture du contrat est aussi une reconnaissance de sa qualité de victime. Cela peut aussi ouvrir la porte à d’autres personnes qui vivent ce genre de situation pour en parler.dit-elle en sortant du tribunal.
L’avocat du restaurant n’était pas présent lundi pour réagir à la décision.