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2,1 M$ pour attirer le « Guide Michelin » au Québec

La province de Québec aura son Guide Michelinmais il a fallu que les gouvernements, les villes et diverses associations réunissent plus de deux millions de dollars pour attirer le géant de la gastronomie.

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LE Guide Michelinqui appartient à l’entreprise de pneumatiques du même nom, est certainement la référence la plus reconnue au monde en matière de gastronomie. Se voir décerner ses fameuses « étoiles » est un rêve que caressent la plupart des chefs, mais ce rêve ne peut devenir réalité que si un critique Michelin daigne visiter leurs restaurants.

Mais ces visites ont un prix, du moins indirectement. Les restaurateurs ne paient pas la venue d’un inspecteur et ne sont pas non plus informés lorsqu’un d’entre eux vient évaluer leur table.

Les échanges se font à un autre niveau, et l’entreprise française signe des accords confidentiels avec divers organismes en vue de publier son annuaire pour une région donnée.

Accords confidentiels

LE Guide qui sortira au printemps 2025 pour le Québec ne fait pas exception à la règle. Selon nos informations, six organismes, dont l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, la ville de Québec, la ville de Montréal, Destination Québec Cité et Montréal centre-ville, investiront chacun plus de 280 000 $ pour « mettre en valeur et commercialiser » le Guide au cours des trois prochaines années.

Avec le pactole de 450 000 $ investi par le gouvernement fédéral, la facture s’élève donc à environ 2,1 millions $, sur trois ans. Ces sommes servent à promouvoir le guide, et ne seraient pas versées directement à l’entreprise française, précisent nos sources.

La PDG de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, Geneviève Cantin, qui a refusé de confirmer ces montants, souligne également que les inspecteurs Michelin étaient déjà présents dans notre pays avant la signature de ces ententes.

«Ils s’intéressent au Québec depuis longtemps, en raison de la qualité de nos tables (…), et il n’y a aucune garantie que les restaurants obtiendront des étoiles», expliquait-elle en entrevue plus tôt cette semaine.

Quelles sont les répercussions ?

Marc-Antoine Vachon, spécialiste en marketing touristique, reconnaît qu’il est difficile de prédire l’impact concret qu’aura l’arrivée de la Guide Michelin au Québec, mais il estime que les investissements importants qui ont été réalisés constituent un « pari raisonné ».

« Le Québec a beaucoup investi pour amener sa gastronomie à un niveau d’excellence, et la reconnaissance de ce niveau passe par plusieurs outils, comme le Guide MichelinLe problème est que cette reconnaissance a un coût assez important, mais les bénéfices potentiels aussi, car la gastronomie est l’un des piliers sur lesquels on va fonder l’attractivité du Québec à l’échelle mondiale», explique-t-il.

M. Vachon souligne également que la transaction jette un « doute » sur l’impartialité de l’évaluation de Michelin. « On peut penser qu’il est dans l’intérêt de l’évaluateur d’aller dans le sens de l’évalué afin de maintenir la relation contractuelle, dit-il. Mais on peut toujours compter sur l’indépendance de l’évaluateur. Guide Michelin«Il n’a pas besoin du Québec pour survivre», a-t-il ajouté aussitôt.

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