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« 2024 pourrait bien être l’année I du bouleversement de l’informatique quantique »

Le logo de la société française Pasqal, à Massy (Essonne), au sud de Paris, le 17 juin 2024

EÊtre là et ailleurs en même temps. C’est ce qui se passe souvent dans notre cerveau, mais cela existe aussi dans la réalité physique. C’est l’une des propriétés de la physique quantique, qui théorise les propriétés des atomes et des particules. Décrite depuis plus de cent ans, cette science a donné naissance à l’électronique moderne, des lasers aux semi-conducteurs. Elle n’en est cependant qu’à ses balbutiements. Depuis les années 1970, les physiciens tentent de mettre au point un ordinateur quantique, où les particules remplaceraient les puces et révolutionneraient l’informatique.

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2024 pourrait bien être l’année I de ce bouleversement. L’entreprise française Pasqal, fondée notamment par le prix Nobel de physique (2022) Alain Aspect, a annoncé trois étapes cruciales dans la très longue marche de cette technologie vers la réalité technologique et industrielle. La première est la livraison de son premier ordinateur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives le 19 juin. La seconde est la signature de deux contrats avec de vrais industriels : le pétrolier saoudien Aramco et l’armateur français CMA CGM, qui investiront dans la start-up, formeront ses ingénieurs à la technologie quantique et utiliseront les machines de Pasqal. Enfin, une étape technologique majeure a été franchie dans la course à la taille.

Montée au pouvoir

La technologie dite « d’atome neutre » utilisée par Pasqal consiste à manipuler des atomes à l’aide de pinces laser. Plus on manipule d’atomes en même temps, plus la capacité de calcul est grande. L’entreprise a été parmi les premières à franchir le cap des cent atomes dans une même boîte. Le 25 juin dernier, Pasqal a réussi à en mettre un millier. Les chercheurs disent un millier de « qubits », par analogie aux bits d’un ordinateur. On estime qu’à partir de cette taille, il sera enfin possible de démontrer la supériorité du quantique sur un ordinateur classique, cet « avantage quantique » que les chercheurs attendent depuis un demi-siècle.

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L’entreprise a signé le 6 juin un partenariat avec IBM, afin d’accélérer la montée en puissance des machines. Et la barre des 10 000 qubits est promise pour 2026. On pourra alors faire en quelques secondes des calculs qui auraient pris des milliers d’années avec un ordinateur classique. De quoi ouvrir des champs d’innovation exceptionnels dans l’énergie, la chimie, les transports ou la finance, même si la machine ne sait que calculer, mais pas raisonner avec un algorithme comme un ordinateur. C’est donc un complément, à l’image d’une puce des millions de fois plus rapide et moins gourmande en énergie. Un saut quantique, qui prouve que malgré la morosité ambiante, la recherche française a encore une certaine résilience.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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