Zone piétonne : pas dans ma cour, réclament plusieurs commerçants de Rouyn-Noranda

La couturière Anne-Marie Cloutier est établie à Rouyn-Noranda, au cœur du centre-ville, depuis six ans. Depuis trois ans, une partie du centre-ville est piétonne, une notion qui, selon elle, nuit aux activités de son entreprise en été.
Le centre-ville est plutôt mort durant ces deux mois, juge-t-elle. Les clients voyagent beaucoup moins, d’autant plus que j’ai des clients à mobilité réduite.
La couturière Anne-Marie Cloutier est en face de la zone piétonne de Rouyn-Noranda.
Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier
Les commerces de la rue Perreault Est affichent déjà leurs couleurs. À l’instar de l’entreprise d’Anne-Marie Cloutier, ils affichent des affiches pour exprimer leur opposition au centre-ville piétonnier.
Parmi les opposants, Line Goyette et Chantal St-Pierre, copropriétaires du magasin Tricot et Artisanats Cé-Laur Inc., qui soutiennent que la zone piétonne fait le bonheur des restaurateurs, mais qu’elle crée du mécontentement chez plusieurs autres commerçants.

Line Goyette et Chantal St-Pierre, copropriétaires de la boutique Tricot et Artisanats Cé-Laur Inc
Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier
C’est un fiasco cette année, affirme Mme St-Pierre. On a beaucoup de difficulté à faire venir les gens, qui nous disent l’été qu’ils reviendront à l’automne (…) Du point de vue des activités, il ne se passe rien en journée. Je comprends que ça se passe le soir, je comprends les restaurants, mais ils ne sont pas seuls au monde.
Sensibles à cette problématique, les trois femmes et d’autres commerçants se sont engagés à interroger par écrit leurs clients pour savoir s’ils approuvaient ou désapprouvaient le concept.

Chantal St-Pierre récolte des signatures depuis trois semaines et estime que la majorité de sa clientèle est opposée à la zone piétonne.
Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier
Une réduction des bénéfices
De l’autre côté de la rue, la propriétaire de la Friperie du Cuivre, Jacinthe St-Arnault, soutient que la zone piétonne réduit ses profits, un constat partagé par les commerçants rencontrés qui s’y opposent.
J’ai beaucoup de commentaires selon lesquels les personnes âgées ont des difficultés à se déplacer, ce qui fait qu’elles ne viennent pas pendant la saison piétonne.
elle défend.

Jacinthe St-Arnault modifie les heures d’ouverture de la Friperie du cuivre en raison de la zone piétonne.
Photo : Radio-Canada / Avec la permission
Instaurée pour une durée de trois ans, la zone piétonne interdit la circulation automobile durant l’été sur certains tronçons de l’avenue Principale et de la rue Perreault.
L’année 2023 est la dernière de ce projet, mais la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville de Rouyn-Noranda espère renouveler le concept pour trois années supplémentaires.
Le premier été, comme c’était nouveau, les gens descendaient vraiment dans la rue pour voir ce qui se passait. Il y avait aussi plus d’animation
renchérit Anne-Marie Cloutier, qui estime que le concept s’essouffle.

La propriétaire de la Friperie du cuivre estime que la zone piétonne nuit à son entreprise.
Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier
Réunion extraordinaire
La décision d’aménager une zone piétonne a été prise par la Ville de Rouyn-Noranda, de concert avec la SDC Centre-ville. L’organisation a convoqué une assemblée générale extraordinaire mardi soir pour discuter du quartier du centre piétonnier.
Les commerçants rencontrés déplorent avoir été informés à la dernière minute et soutiennent que la lettre d’invitation n’a pas été envoyée à tous les membres de la SDC du centre-ville.
Au téléphone, la présidente de l’organisme, Gabrielle-Ann Leduc, a décliné notre demande d’entrevue. Elle refuse de parler aux médias avant la tenue de la réunion.
On se pose encore la question, car la convocation ne le précise pas, mais on espère avoir la chance de voter ce soir
poursuit Anne-Marie Cloutier.
J’espère que ça durera des années

Charles Gabrysz, actionnaire du restaurant Pizzé et du Polish Cocktail Bar
Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier
À une centaine de mètres de la rue Perreault, sur l’avenue Principale, Charles Gabrysz, actionnaire du restaurant Pizzé et du Polish Cocktail Bar, décrit la zone piétonne commeextraordinaire
.
Outre les attraits pour les citoyens, il confie que le projet profite aux activités de son entreprise. Cela attire beaucoup de monde. La terrasse est beaucoup plus grande, plus accueillante. Pour nous c’est intéressant, car nous pouvons recevoir plus de clients
il explique.
J’espère que la rue piétonne durera des années
complète M. Gabrysz.

La zone piétonne permet au restaurant Pizzé d’agrandir sa terrasse et de recevoir davantage de clientèle.
Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier
Un concept à revoir ?
Line Goyette et Chantal St-Pierre estiment que la zone piétonne contribue à atténuer l’engouement que suscitait selon elles la vente trottoir il y a quelques années. Ils préféreraient que le centre piétonnier s’étale sur une période de deux ou trois semaines, pas plus.
A l’heure du dîner, les personnes qui souhaitent venir sont limitées dans le temps, pense Line Goyette. Le soir, nous ne sommes pas ouverts. Nous perdons une partie de notre clientèle qui vient régulièrement ainsi que des clients plus âgés qui ont des problèmes physiques.
Comme Mme Goyette, Chantal St-Pierre estime que la zone piétonne génère peu de circulation, le secteur étant selon elle désert
au cours de la semaine.
Contrairement à l’avenue Principale, connue pour ses restaurants et ses discothèques, Anne-Marie Cloutier affirme que la zone piétonne ne cadre pas avec l’identité de la rue Perreault, qui regroupe plusieurs commerces de services.
Lorsque les rues rouvrent, la circulation reprend, ajoute-t-elle. Nous payons plus cher pour avoir une place en ville, mais nous sommes retenus en otage en ville pendant deux mois.
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