Des pré-tournages à la fête qui s’est prolongée jusqu’à tard dans la nuit, les derniers mystères du show de quatre heures imaginé par Thomas Jolly se dévoilent peu à peu.
Zidane prend le métro pour la première fois
Dans la scène d’ouverture de la cérémonie, on suit la course de Zinedine Zidane pour ramener la flamme olympique, perdue par Djamel Debbouze au Stade de France à Paris. Un film tourné un jour ensoleillé de début juin, non pas dans la capitale mais dans les décors que la société TSF a construits sur l’aérodrome de Coulommiers-Voisins.
La scène dans le métro a bel et bien été tournée à Paris. À la station Porte des Lilas – Cinéma, une station désaffectée de la ligne qui sert désormais de décor au film et a été transformée en station « Stade de France » pour l’occasion. On y voit Zidane foncer dans une rame à la dernière minute. Un plan sans effets spéciaux mais une grande première pour le footballeur. Comme il l’a confié au porte-parole de la RATP présent sur le tournage, c’était la première fois que Zizou mettait les pieds dans le métro parisien.
Philippe Katerine « tout nu » ou presque
De l’aveu de Daphné Bürki, « C’est le costume le plus léger jamais réalisé » pour la cérémonie. Que voyait-on sur l’image ? Philippe Katerine, simplement vêtu d’une très impudique guirlande de fruits et de fleurs, le corps entièrement rasé et peint en bleu et paillettes d’or, sortant d’un plateau de victuailles sur lequel trônait un Auvergnat bleu. « Plus de riches, plus de pauvres quand nous redevenons nus « , chante l’aimable trublion. Malgré le string très discret, l’image est parmi celles les plus commentées sur les réseaux depuis hier soir. Certains l’ont même prise au pied de la lettre, au point que les téléspectateurs de plusieurs pays (notamment du Maroc) n’ont pas vu cette séquence. C’est le cas de ceux qui ont regardé la rediffusion de la cérémonie par la chaîne NBC en prime time à l’heure américaine.
Dionysos, Bacchus, Pan… Les interprétations vont bon train pour savoir quel dieu ou quelle figure mythologique a ainsi surgi de son plat sous cloche. L’une des hypothèses les plus convaincantes est pourtant sous les yeux des Parisiens qui fréquentent les jardins du Luxembourg. A deux pas des bureaux des sénateurs et des courts de tennis se dresse un groupe monumental en bronze intitulé Le Triomphe de Silène. De cet entrelacs de huit corps surgit le satyre ventru et jovial, que l’on peine à maintenir sur son âne. L’ensemble est signé Jules Dalou, sculpteur à qui l’on doit la tombe d’Auguste Blanqui au cimetière du Montparnasse et Le Triomphe de la République, Place de la Nation.
Un chaudron olympique sans feu olympique
Un soleil flottant au-dessus des Tuileries et la nuit parisienne avec la Tour Eiffel, les Champs-Élysées, le Grand Palais en toile de fond : la dernière image de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques est déjà iconique. La course des derniers relayeurs français au cœur du Louvre et des jardins du Carrousel qui ont également transmis la flamme à Marie-Jo Pérec et Teddy Riner.
Depuis plusieurs jours, cette boule installée au centre du grand bassin intrigue les Parisiens. Des rumeurs semblaient indiquer que le jardin des Tuileries jouerait un rôle particulier pendant la quinzaine olympique. Mais les regards se sont tournés vers le Trocadéro, écrin des cérémonies protocolaires, quand les gens cherchaient où serait installée la vasque. A terme, elle sera visible de tous, portée par son ballon captif au cœur de la ville.
L’appareil est un hommage aux pionniers du vol humain. Et en particulier à Jacques Charles. Le 1er décembre 1783, quelques jours seulement après le vol de Jean-François Pilâtre de Rozier et François Laurent d’Arlandes à bord de la montgolfière conçue par les frères Montgolfier, le physicien est le premier à décoller avec un aérostat à hydrogène. Bravant l’interdiction de Louis XVI, il décolle avec son acolyte Noël Robert depuis le jardin des Tuileries pour un vol à 500 mètres d’altitude qui les mènera dans le Vexin au bout de deux heures.
A y regarder de plus près, l’hommage des concepteurs de la cérémonie aux premiers hommes volants et à la « Charlière » est encore plus subtil qu’il n’y paraît. Car le ballon qui porte la vasque olympique, imaginé par le designer Mathieu Lehanneur, n’est pas une montgolfière. Contrairement aux apparences, le globe vole grâce au gaz et non à l’air chauffé par la vasque. Et pour cause : cette Charlière moderne n’emporte aucune flamme avec elle lorsqu’elle décolle. Le feu qui emplit la vasque et fait briller le globe est produit par un jeu de lumières : cachés dans la vasque, 40 projecteurs LED illuminent des nuages produits par des brumisateurs. L’effet est trompeur, comme pourront le constater les visiteurs (10 000 sont attendus quotidiennement) qui pourront s’approcher de la vasque, posée au sol le jour et envoyée à 60 mètres dans le ciel de Paris chaque soir.
Mais si elle n’est pas à bord, où est la flamme d’Olympia qui a parcouru le globe et la France pour illuminer Paris ? Non loin de là : il est précieusement conservé dans une des lanternes qui accompagnaient son voyage depuis la Grèce.
La fête déborde la Seine
Il n’a pas suffi à offrir une cérémonie d’ouverture comme jamais auparavant. Avec sa scène de six kilomètres, le show de Thomas Jolly a largement dépassé le fleuve et les tribunes où s’étaient installés 326 000 spectateurs. Les habitants des bords de Seine ont bien sûr profité du spectacle, certains sur des péniches, d’autres depuis leurs fenêtres et balcons.
Et la bonne humeur, pas vraiment entachée par la pluie, s’est poursuivie après la cérémonie. Dans le tunnel des Tuileries, fermé à la circulation depuis plusieurs années, le public sortant des tribunes a entonné une vibrante Marseillaise pour prolonger le plaisir et la communion.
Dans le métro aussi, on chantait. Sur la ligne 8, le journaliste de Parisien Nicolas Goinard a vu Yannick Noah déclamer à tue-tête Manu Chao.