Zelensky se prépare à une offensive plus large, les troupes russes continuent d’avancer
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky juge que l’assaut lancé par la Russie contre la région de Kharkiv ne pouvait être que la première vague d’une offensive plus large, et que Moscou voulait « attaquer » la capitale régionale éponyme.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré s’attendre, dans un entretien exclusif à l’Agence France-Presse (AFP), à une offensive russe plus large au Nord et à l’Est qui viserait à prendre Kharkiv, régions où Moscou poursuit son assaut à grande échelle lancé en mai. dix.
« Ils ont lancé leur opération, elle peut être composée de plusieurs vagues. Et c’est leur première vague», a-t-il assuré vendredi 17 mai alors que la Russie vient de réaliser ses plus gros gains territoriaux depuis fin 2022.
Il a néanmoins assuré que, malgré les avancées russes ces derniers jours dans la région de Kharkiv, la situation était meilleure pour ses forces qu’il y a une semaine, lorsque les troupes du Kremlin avaient franchi par surprise la frontière.
Pour lui, la Russie veut attaquer la ville de Kharkiv, la deuxième ville du pays, située à seulement quelques dizaines de kilomètres du front. Moscou n’avait déjà pas réussi à le prendre en 2022 et Vladimir Poutine a affirmé vendredi qu’il n’avait pas l’intention de l’attaquer « pour le moment ».
L’offensive russe vise officiellement, selon Vladimir Poutine, à répondre aux frappes ukrainiennes de ces derniers mois sur le territoire russe et à créer une zone tampon censée empêcher ces frappes.
Un quart des moyens anti-aériens dont l’Ukraine a besoin
Les forces de Moscou tentent de profiter du manque d’hommes et d’armes auquel fait face l’Ukraine après deux ans de guerre. Volodymyr Zelensky a reconnu un manque de personnel. « Un nombre important de brigades sont vides », a-t-il déclaré.
Face à ses lacunes, Kiev a adopté une loi controversée visant à accélérer la mobilisation militaire en abaissant l’âge de 27 à 25 ans, entrée en vigueur samedi. Vendredi, le président Volodymyr Zelensky a également signé une loi autorisant le recrutement de prisonniers en échange d’une libération conditionnelle.
Se tournant vers l’Ouest, il a déploré de ne disposer que d’un quart des systèmes de défense anti-aérienne dont Kiev a besoin, ajoutant qu’il lui fallait également 120 à 130 avions de combat F-16.
Pendant ce temps, l’Ukraine a encore lancé, selon Moscou, une centaine d’attaques de drones contre plusieurs régions russes et la péninsule ukrainienne occupée de Crimée, tuant deux personnes et entraînant des coupures de courant et des incendies d’infrastructures.
Oleg Synegoubov, le gouverneur de la région de Kharkiv – la deuxième ville du pays – a indiqué lors d’un point de presse que les forces ukrainiennes n’avaient jusqu’à présent pas réussi à arrêter l’adversaire.
« L’ennemi a commencé à détruire Vovchansk, en utilisant des chars et de l’artillerie. Ce n’est pas seulement dangereux d’être là, c’est pratiquement impossible », a-t-il déclaré.
Quelque 200 civils y demeurent, selon la même source, alors que la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de Kharkiv, la capitale régionale, comptait avant la guerre environ 18 000 habitants.
L’armée russe a souvent fini par détruire des villes ukrainiennes pour les conquérir, comme Bakhmout l’année dernière ou Avdiïvka en février.
Avance de l’ennemi
Un peu plus à l’ouest, les forces russes avancent sur leur deuxième axe d’assaut dans la région. Ils ciblent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie à Lyptsi, une autre localité sur la route de Kharkiv.
« Les hostilités se poursuivent à Lukiantsi. Oui, il y a une avancée ennemie dans cette localité. Mais nos soldats tentent toujours de la retenir », a déclaré le gouverneur de la région de Kharkiv.
De son côté, l’armée russe a revendiqué vendredi la prise, en une semaine, de 12 localités de la région et affirmé que ses forces continuaient d’avancer.
Au total, quelque 9 300 civils ont été évacués dans la région de Kharkiv. Kiev accuse cependant Moscou d’avoir utilisé des civils comme « boucliers humains » à Vovchansk et d’avoir commis au moins une exécution sommaire.
Moscou a réalisé ses plus importantes conquêtes territoriales en une semaine depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse de l’AFP jeudi basée sur les données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). .
Vendredi après-midi, Kharkiv, très régulièrement bombardée, a été touchée par de nouvelles frappes russes qui ont fait au moins trois morts et 28 blessés, selon un bilan final fourni dans la soirée par le maire Igor Terekhov.
A Vovchansk, dans la même région, des frappes russes ont tué un homme de 35 ans et blessé un autre de 60 ans, tous deux civils, selon le parquet régional. A Odessa, ville portuaire du sud du pays également régulièrement touchée, un bombardement russe a fait un mort et cinq blessés hospitalisés, selon le gouverneur local Oleg Kiper.
Sébastopol sans électricité
De son côté, l’armée russe a indiqué avoir fait face à une centaine de drones lancés depuis l’Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.
Le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a signalé le décès d’une mère et de son enfant de quatre ans dans le village d’Oktyabrsky. Dans la soirée, il a également annoncé la mort d’un homme dans le village de Novaya Naoumovka attaqué par des drones, et d’une personne blessée hospitalisée.
Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités ont affirmé que deux drones ukrainiens avaient incendié une raffinerie à Touapsé. Dans cette même région, des « infrastructures civiles » ont été touchées et ont pris feu à Novorossiysk, un port de la mer Noire.
En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée d’électricité car une installation électrique a été endommagée, selon les autorités locales.
Enfin, dans la journée de vendredi, une femme a été tuée par une frappe dans la région russe de Briansk, selon le gouverneur.