Mardi soir, l’entraîneur des attaquants français William Servat s’est montré rassurant sur l’état de santé d’Antoine Dupont, absent à l’entraînement mardi mais qui débutera bien contre la Nouvelle-Zélande. Il a également profité de son discours pour annoncer le forfait d’Uini Atonio et revenir, non sans humour, sur le cadre de performance qui régit désormais le quotidien du XV de France…
Pouvez-vous nous donner des nouvelles d’Antoine Dupont, Thibaud Flament et Uini Atonio, qui ne se sont pas entraînés mardi après-midi ?
Antoine était un peu malade hier (lundi), nous lui avons prévu une guérison progressive. Il aurait pu s’entraîner aujourd’hui mais nous ne voulions pas précipiter les choses. Uini est encore en convalescence, nous le gardons avec nous : mais avec les petites rechutes qu’il a connues au mollet, il ne pourra postuler que la semaine prochaine, contre l’Argentine. Concernant Thibaud Flament, légèrement blessé à la crête iliaque contre le Japon, il sera probablement disponible pour ce week-end. J’en suis confiant.
Est-ce dur pour Uini Atonio, qui ne pourra pas affronter son pays natal ?
C’est dur pour tous les joueurs qui n’auront pas la chance de participer à cette rencontre. Ce match est spécial à bien des égards. La Nouvelle-Zélande est une équipe qui fait rêver, qui produit un rugby si ambitieux que de nombreux jeunes s’en inspirent. On a la chance de les affronter samedi soir et c’est une belle opportunité, même si ce sera aussi très difficile.
Qu’avez-vous pensé de la première sélection de Tevita Tatafu, face au Japon ?
Il a réalisé une très bonne prestation. Ce n’est jamais facile de débuter en équipe nationale et Tevita a répondu présent. Comme Manny Meafou, Tevita a choisi de représenter la France plutôt qu’un autre pays et j’ai beaucoup d’admiration pour cela. Tout n’est pas encore parfait à Tevita mais il n’a que 22 ans et va monter en terme d’engagement, dans la mêlée… (…) Ce garçon a de la volonté, tu sais : je te rappelle qu’il a perdu plus de vingt kilos depuis Juin pour pouvoir postuler chez nous. (…) Il a une morphologie qui se prête à ce poste et à notre style de jeu. Son profil est prometteur pour la suite et le match à venir. Il n’est pas le seul : Georges-Henri Colombe se présente, Régis Montagne aussi. Posséder un tel char est une véritable bénédiction. Cela n’a pas toujours été le cas.
Que vous inspirent les All Blacks ?
Nous sommes des professionnels mais avant tout des passionnés, des gens qui aiment profondément ce sport. Les All Blacks sont l’équipe dont tout le monde rêve. Avoir la chance de les rencontrer est quand même incroyable. J’ai aussi beaucoup de respect pour le Haka. Il y a, en somme, une notion de spectacle mais aussi d’engagement chez les All Blacks.
Y aura-t-il une réponse au Haka de samedi soir ?
N’attendez rien de spécial. La plus belle réponse est de respecter une nation et un pays. C’est ce que nous ferons samedi soir. Nous voulons juste jouer ce match avec un maximum d’engagement. (…) Le XV de France est conscient qu’un match contre les All Blacks ne se prépare pas à la légère. On a la possibilité de gagner mais aussi d’en prendre cinquante. Je l’ai vécu et dans ces cas-là, on voit tout en noir. Mais pas seulement leurs maillots…
Quelle impression vous a fait Paul Boudehent samedi soir face au Japon ?
Paul est quelqu’un qui participe à nos différents concours depuis quelques temps déjà. Il a rejoint le groupe avec ses qualités humaines, ses qualités de joueur. En ouverture de la Coupe du monde, il réalise de magnifiques débuts contre la Nouvelle-Zélande. Il s’affirme de match en match. Il apporte du caractère et c’est un facteur important dans une équipe de rugby.
Que pensez-vous du programme avancé de la Nouvelle-Zélande ?
J’ai beaucoup de respect pour ces joueurs. Quand on voit leurs performances en Super Rugby d’abord, mais aussi récemment contre l’Irlande ou l’Angleterre… (Il coupe) Ce sont des joueurs explosifs, avec d’énormes qualités individuelles. Cette opposition doit donc nous permettre de nous transcender. Cela faisait bien longtemps que les All Blacks n’avaient pas réalisé une aussi bonne prestation.
Est-ce un risque de titulariser Romain Buros en défense ?
Romain, il est avec nous depuis de nombreuses années. Cela n’a pas toujours été facile pour lui. Il a tourné (au Japon en 2022, NDLR) sans être plafonné. Le garçon a du caractère et est capable de relever de grands défis. Clairement, Romain Buros est quelqu’un sur qui nous comptons beaucoup.
Il n’est cependant pas neutre de débuter sa carrière internationale contre les All Blacks…
Ce n’est pas neutre mais quoi de mieux que de célébrer une première sélection face aux plus grands ? (…) De grands joueurs, de grands matchs et je pense que Romain Buros fait partie de ces gens-là. Il se hissera au niveau de la rencontre. Je lui fais confiance.
Comment le nouveau cadre de vie du XV de France a-t-il changé votre quotidien ?
Cela faisait beaucoup de bruit mais cela ne changeait rien à notre façon de vivre. Nos joueurs ne sont pas alcooliques et ne boivent pas en secret. Simplement, quand on représente l’équipe de France, on a des droits mais surtout des devoirs. Nous en sommes tous conscients.
Avez-vous aimé la bière sans alcool après le match ?
Je n’en ai pas bu. La bière sans alcool serait une forme de palliatif pour les alcooliques et j’ai la chance de ne pas en faire partie. (Rires)