Pour composer l’équipe de France qui défiera la Nouvelle-Zélande samedi prochain, le sélectionneur des Bleus Fabien Galthié aura des choix importants à faire. Doit-il privilégier particulièrement l’expérience collective comme il l’a longtemps fait lors de son premier mandat ou doit-il accorder une large place à la politique de l’homme en forme comme il l’a orchestré pour composer l’équipe du premier test face au Japon ? Éléments de réponse…
Lors de son premier mandat, Fabien Galthié a souvent été qualifié d’ultra-conservateur. Un fait avéré dans ses choix. Quelle que soit la performance, il n’a jamais cessé de soutenir et d’accompagner ses joueurs qui, souvent, le récompensaient bien. Jeudi dernier, à l’auditorium de Marcoussis, le sélectionneur a procédé à un léger virage stratégique. « Cette première composition est l’équipe qui nous semble la plus en forme en ce moment, a-t-il commenté pour expliquer l’absence de certains cadres comme Charles Ollivon, Jonathan Danty ou Gaël Fickou, ce dernier placé sur le banc des remplaçants. La notion d’expérience est importante, mais il y a surtout de l’émulation, des joueurs qui poussent, de la compétition pour intégrer le XV de France ou les 23. » Et d’ajouter : « on peut parler d’un groupe français qui démarre sur une base élargie (…) ça crée une émulation avec les joueurs avec qui nous avons voyagé pendant cinq saisons. Joueurs sur lesquels nous comptons, attention ! Il y a une rotation, une saine émulation mais clairement, après avoir côtoyé ces joueurs concernés par ces cinq années passées ensemble, même s’ils sont finisseurs, même s’ils ne sont pas sur la feuille de match, on compte sur eux. »
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Le match face au Japon sous forme d’équipe au galop passé, comment Fabien Galthié et son staff vont-ils gérer la prochaine échéance ? « Les Noirs ne sont pas le Japon »» a ironisé notre consultant Xavier Garbajosa dans les colonnes du Midi Olympique ce lundi. Il faut donc s’interroger sur la composition de l’équipe pour défier la Nouvelle-Zélande, qui vient de battre successivement l’Angleterre (24-22) et l’Irlande (23-13). Galthié poursuivra-t-il ce qui s’annonce comme un travail de reconstruction en vue du Mondial 2027 ? Face au Japon, pour la première fois sous l’ère Galthié, Gaël Fickou n’a pas débuté un match. Le binôme de centres expérimentaux composé de Yoram Moefana et Émilien Gailleton a été globalement satisfaisant. Toutefois, le staff pourrait être tenté de réintégrer un de ses cadres pour défier la montagne noire. En interne, l’expérience du Racingman est considérée comme précieuse. « Nous devons aussi gérer les impératifs de l’expérience collective, de l’expérience commune, Galthié l’a déclaré jeudi dernier lors d’une très riche conférence de presse. Et cela compte beaucoup dans la composition de notre équipe… » A vérifier.
Y a-t-il des changements autres que la blessure ?
Dans l’intimité du staff, la composition du troisième ligne pose également question. On raconte que la performance de Grégory Alldritt, l’un des cadres français, n’a pas forcément été convaincante, malgré son statut de meilleur plaqueur du match. La tentation de remplacer Alexandre Roumat au poste de troisième ligne médiane pour laisser la place à Paul Boudehent, auteur de débuts fracassants face au Japon, existe-t-elle vraiment ? La discussion semble réelle. Mais, pour Fabien Galthié, ce serait aussi, politiquement, un choix complexe à faire, loin de ses idéaux appliqués entre 2019 et 2023.
Jusque-là, Galthié n’aimait pas les changements d’un match à l’autre. L’expérience collective était son credo, les modifications entre deux matches étaient à la marge, souvent guidées par les blessures. A-t-il également décidé de rénover son mode de fonctionnement ? Si tel devait être le cas, la question de titulariser Léo Barré pour une sixième fois consécutive face aux Noirs pourrait se poser. La tentation Romain Buros, qui surfe sur une dynamique extrêmement positive avec son club UBB, existe. Galthié prendra-t-il la décision de lancer le Bordelais, pour une première sélection, contre la Nouvelle-Zélande ? Rien n’est moins sûr.
Tatafu ou Dove sur le banc ?
En revanche, il semble certain qu’Uini Atonio débutera le match si son état de santé le permet. Le pilier droit des Bleus, absent contre le Japon en raison d’un mal au mollet, a passé la semaine dernière à Marcoussis où il s’est entraîné en marge du groupe. Il faudra alors choisir entre Tevita Tatafu et Georges-Henri Colombe pour une place sur le banc.
La réunion de samedi dernier a également laissé des traces. L’ailier Théo Attissogbe a été touché au genou gauche (ligament latéral interne). Le Palois, sorti à la 73e minute, est forfait. Damian Penaud, malade et forfait de dernière minute, devrait être de retour sur pied samedi. Quant à Thibaud Flament, sorti du terrain du SDF à la 33e minute de jeu, le deuxième ligne souffre de sa crête iliaque (bassin). Ses examens médicaux ont rassuré le personnel. Sa participation au test de samedi prochain n’est, pour l’instant, pas remise en cause, l’évolution de ses douleurs est simplement suivie. Les premiers entraînements collectifs de mardi et mercredi permettront d’en savoir plus sur les intentions de Fabien Galthié.