XV de France - Antoine Frisch : « La carrière de Thibaud Flament m'a donné beaucoup d'espoir »
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XV de France – Antoine Frisch : « La carrière de Thibaud Flament m’a donné beaucoup d’espoir »

XV de France – Antoine Frisch : « La carrière de Thibaud Flament m’a donné beaucoup d’espoir »

Pour sa première sélection en bleu, le trois-quart centre du Munster, Antoine Frisch, s’est montré à la hauteur des attentes de Fabien Galthié. Il s’est même illustré en inscrivant un essai. Il raconte ici son émotion et revient sur son parcours atypique qui l’a mené jusqu’au XV de France.

Avez-vous l’impression d’avoir passé une journée de rêve samedi à Mendoza ?

Honnêtement, je pense que toutes les cases ont été cochées : première sélection, premier essai et première victoire avec l’équipe de France. C’est difficile de rêver mieux. Le plus important était évidemment de gagner. Tout n’a pas été parfait, mais on a vraiment fait une performance. J’ai le sentiment qu’on a tenu la promesse qu’on s’était faite au début de cette préparation. J’ai passé un très bon moment, j’en suis très content et très fier. C’est vraiment que du bonheur.

Parlez-nous un peu de votre test !

Je vois que les attaquants se mettent en position pour jouer à « noir », alors j’essaie d’anticiper et de me rapprocher de la zone de jeu. Ils arrivent à enchaîner deux ou trois passes et je me retrouve sur la dernière passe de Gaëtan (Barlot). Je n’ai plus qu’à courir et aplatir le ballon derrière la ligne. Il faut vraiment féliciter nos attaquants qui ont fait un énorme match en conquête et même dans le jeu de course. C’était presque facile de jouer derrière eux. Quand un pack d’attaquants domine autant, c’est quand même beaucoup plus facile pour nous derrière de nous exprimer.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez marqué votre premier essai en bleu ?

C’était important de marquer sur ce moment fort. D’ailleurs, j’ai le sentiment qu’on a été assez réalistes. On a pu réaliser quasiment tous nos moments forts. C’est quand même fort. Bien sûr, on a passé beaucoup de temps ensemble pendant ces deux semaines de préparation mais avant le 17 juin, il y avait beaucoup de joueurs dans ce groupe qui ne se connaissaient pas, qui n’avaient jamais joué ensemble. Et très vite, l’osmose s’est faite, tout comme les connexions sur le terrain.

Avez-vous le sentiment d’avoir été intégré très rapidement ?

Ma chance, c’est que j’ai connu quelques gars que j’ai croisés, notamment à Massy. Nous sommes sept au total à avoir porté les couleurs du club (NDLR : Barré, Cancoriet, Etien, Joseph, Azagoh, Guillard). Avec certains d’entre eux, j’ai grandi un peu. Ça facilite les choses et les liens. Massy, ​​c’est une grande famille. Même si je n’ai pas joué avec Léo (Barré) parce qu’il est plus jeune par exemple, on se connaissait quand même. Honnêtement, c’est énorme d’avoir partagé cette première victoire avec tous ces gars et avec tout le groupe. Je n’arrive toujours pas à y croire. Le staff a une grosse responsabilité dans ce succès. J’ai vraiment l’impression qu’on était super bien préparés. Rien, pas un seul détail, n’a été oublié.

Ce est-à-dire ?

Fabien nous a dit : l’équipe de France n’avait jamais eu autant de temps pour préparer un match. C’était vraiment confortable. Cela nous a permis de nous assurer que tout le monde était clair sur la stratégie à adopter pour mettre en place notre jeu.

Le sélectionneur Fabien Galthié a souligné avant le match votre connaissance du haut niveau international du fait de vos sélections avec l’Irlande B. Cette expérience vous a-t-elle été utile ?

En fait, j’ai joué deux matchs avec l’Irlande B. C’était lors d’une tournée en Afrique du Sud où nous avions affronté plusieurs franchises, comme les Cheetahs, les Pumas et les Griquas, des équipes qui jouent en Curry Cup. À l’époque, j’avais accepté l’offre de la fédération irlandaise car je savais que cela ne comptait pas comme une sélection. Je venais d’arriver au Munster, je voulais continuer à progresser, à grandir. C’était une belle opportunité. D’autant que j’étais toujours éligible à la sélection avec la France.

Mais comment cela vous a-t-il aidé à mieux comprendre cette première sélection ?

C’est le genre d’expérience qui fait forcément grandir. A l’exception d’Andy Farrell, il y avait tous les coachs du staff technique de l’équipe d’Irlande comme Paul O’Connell et d’autres. Des coachs reconnus qui te poussent à grandir. Maintenant, je pense que les matches de haut niveau que j’ai pu disputer avec le Munster m’ont beaucoup plus valu. Jouer dans des stades avec 40 000 ou 50 000 spectateurs, c’est une bonne préparation pour les matches internationaux. Et avant ce premier test, je suis arrivé avec beaucoup de confiance, de sérénité, aidé aussi par le cadre mis en place par le staff de l’équipe de France et par l’accueil que j’ai reçu de mes coéquipiers. Très vite, je me suis senti à l’aise dans ce groupe.

Au fond, votre objectif a toujours été de jouer pour le XV de France plutôt que pour l’Irlande ?

C’était mon rêve d’enfant. Je me souviens que mes amis me taquinaient souvent sur ce que je choisirais si les deux opportunités se présentaient. Mais dans ma tête, c’était toujours très clair. Évidemment, mon parcours n’a pas été facile. Mais je suis très fière aujourd’hui de mon parcours et d’avoir réalisé mon rêve aujourd’hui. Il est difficile en quelques phrases de vraiment décrire ce que je ressens, mais le voici…

On sent que vous êtes émus…

Oui, c’est vrai. Pendant la Marseillaise, j’ai vécu un moment d’émotion intense. C’était fort. Vraiment très fort. J’ai repensé à tout ce que j’avais vécu.

Avez-vous le sentiment d’avoir pris une belle revanche par rapport à ce que vous avez vécu et à ce que certains entraîneurs, notamment au Stade Français, vous ont dit ?

Je me suis surtout prouvé que rien n’est impossible, qu’il ne faut jamais baisser les bras. A l’époque du Stade Français, j’étais un jeune joueur, dans un contexte différent. Je manquais d’expérience et je jouais à l’époque au poste d’ouvreur. Je n’étais pas le joueur que je suis aujourd’hui. Depuis, j’ai joué beaucoup de matches et j’ai gagné en profondeur.

Sentez-vous que ce voyage inhabituel vous a rendu plus fort ?

C’est ce que je crois. Ces dernières années, on a vu émerger au plus haut niveau des joueurs qui étaient passés entre les mailles du filet. Et ils sont de plus en plus nombreux. Je pense notamment à Thibaud Flament qui s’est exilé en Argentine, en Angleterre et qui, aujourd’hui, est un joueur clé de cette équipe de France. Son parcours m’a donné beaucoup d’espoir. Franchement, je trouve ça génial qu’il y ait plusieurs voies pour réussir. Il n’y a pas qu’un seul chemin pour arriver en équipe de France.

Vous avez évolué au poste de premier centre alors que vous évoluez plus régulièrement dans le treize avec le Munster. Est-ce que cela a été facile pour vous de vous adapter ?

Depuis deux ans, je joue effectivement au poste de deuxième centre avec le Munster. Mais honnêtement, j’ai passé beaucoup de temps avec le numéro douze derrière moi. C’était le cas au début au Munster, mais aussi à Bristol, Rouen, Tarbes et Massy. J’ai donc été obligé de revoir deux ou trois choses, mais rien n’était impossible. C’est revenu très vite.

Plusieurs de vos coéquipiers ont souligné l’importance de Baptiste Serin dans cette victoire face à l’Argentine. Quelle a été votre relation sur le terrain avec votre futur coéquipier au RC Toulon ?

Son expérience a été précieuse. Baptiste est un leader naturel. On sent qu’il ne se force pas, c’est vraiment dans son ADN de porter un groupe, de parler aux gars, d’aller vers les autres. Durant toute la semaine de préparation, il nous a apporté beaucoup de calme et de sérénité. De la bonne humeur aussi. Il nous a simplement demandé de faire ce que nous faisons le mieux habituellement.

Vous envisagez désormais un avenir bleu ?

(Il prend une grande inspiration) Je ne sais pas. Vraiment. Il y a tellement de bons joueurs en France. Aujourd’hui, c’est moi. Demain, ce sera peut-être quelqu’un d’autre. Ce dont je suis sûr, c’est que je vais tout faire, tout donner, pour convaincre le staff. Je m’éclate tellement dans ce groupe que j’ai envie de rester, mais je préfère ne pas trop me projeter et prendre les matches les uns après les autres.

Vous vous attendez à un défi complètement différent samedi prochain à Buenos Aires ?

C’est exactement ce qu’on s’est dit dans le vestiaire. On s’attend à affronter des Pumas un peu déçus par cette défaite. Au moins, on ne sera pas surpris. Le contexte sera différent, dans un stade probablement plus chaud. Mais ce groupe a des ressources. Beaucoup de ressources. Et notre objectif est de gagner les deux derniers matchs.

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