Xavier Bertrand se voit comme Premier ministre, mais doit trouver des alliés puissants
Xavier Bertrand sera reçu ce lundi à l’Elysée par Emmanuel Macron dans le cadre de la « suite des concertations » pour Matignon. Candidat au poste de Premier ministre, le président LR de la région Hauts-de-France manque pourtant de soutiens.
Ce lundi 2 septembre 2024, le président des Républicains (LR) des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, sera reçu par Emmanuel Macron dans le cadre de la « poursuite des concertations » pour Matignon comme l’a indiqué l’Elysée. Candidat autoproclamé au poste de Premier ministre le 6 août dans les colonnes du Figaro, « préparé » et « prêt à relever le défi », l’ancien ministre sous Nicolas Sarkozy avait même reçu le soutien de certains membres du gouvernement démissionnaire, comme la secrétaire d’Etat à la Ville démissionnaire, Sabrina Agresti-Roubache, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, la ministre de l’Egalité entre les hommes et les femmes démissionnaire, Aurore Bergé, ou encore à droite, celui de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse.
Depuis, l’avenir s’est légèrement assombri pour Xavier Bertrand, confronté à la concurrence de l’ancien socialiste Bernard Cazeneuve, dont la candidature à Matignon semble lui faire de l’ombre. Désormais, l’ancien ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé doit trouver de nouveaux appuis à droite pour soutenir sa candidature en vue d’une potentielle coalition entre Les Républicains et le camp Macron. Mais le temps presse, le président de la République devrait nommer le nouveau Premier ministre « d’ici mercredi », selon les informations de Libération. De son côté, l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy a indiqué vendredi dernier dans les colonnes du Figaro qu’un « Premier ministre de droite » était nécessaire, affirmant que le nom de Xavier Bertrand pouvait être « un bon choix ». Ce soutien de poids sera-t-il suffisant ?
Un temps soutenu par les poids lourds de la Macronie
Dans un communiqué rédigé la semaine dernière, l’Elysée indiquait qu’il y avait des « pistes possibles de coalition et de travail en commun entre différentes sensibilités politiques ». En revanche, rien ne laisse penser qu’Emmanuel Macron s’orientera vers la droite pour le poste de Premier ministre. Gérald Darmanin, un temps favorable à la candidature de Xavier Bertrand, s’est même montré ouvert à un gouvernement de coalition dirigé par une personnalité de gauche. « On parle aujourd’hui de M. Bernard Cazeneuve. Et pourquoi pas, M. Cazeneuve est un homme respectable, il ne fait pas partie de ma famille politique, je l’ai combattu autrefois, mais je vois que c’est un grand républicain, laïc », indiquait le député du Nord sur BFMTV le 27 août. « On pourrait très bien discuter d’une coalition avec un socialiste comme M. Cazeneuve », ajoutait-il.
Durant le mois d’août, Xavier Bertrand a en revanche bénéficié d’une bonne cote de popularité et d’un réel soutien à sa candidature à Matignon. Son profil a été plébiscité par l’aile droite du parti de Macron, y compris les républicains convaincus. « C’est un grand républicain parmi les républicains et un grand président de région », a déclaré Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’État démissionnaire à la Ville, dans La Grande Interview, mardi 30 juillet sur CNews. La veille, sur France 2, le cas Bertrand était déjà soutenu par le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Gérald Darmanin, proche de l’élu du Nord : « C’est un homme politique avec une grande compétence », il pourrait « grandement servir la France ». « J’ai mes amis, mais je ne suis pas le président de la République », a indiqué la numéro 3 du gouvernement démissionnaire.
Et les soutiens ne s’arrêtent pas là. « Si j’avais été élu président de la République, j’aurais probablement choisi Xavier Bertrand » comme Premier ministre. « C’est un très bon candidat, contre Lucie Castets, il n’y a pas de match », a déclaré la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, sur France Inter le 5 août. Un ministre a même indiqué à Politico que la nomination de Xavier Bertrand à Matignon permettrait de « faire pression sur Wauquiez » ou au moins de contraindre le chef de file des LR à l’Assemblée nationale à « venir discuter, vraiment » avec le bloc central.
Homme de terrain, ouvert au compromis
Le profil du président de la région Hauts-de-France apparaît pourtant comme celui qui pourrait permettre à Emmanuel Macron de parler aussi bien à la droite qu’à la gauche. Le « parfum de cohabitation » souhaité par le chef de l’Etat prendrait alors tout son sens. « Il nous faut un gouvernement d’urgence, avec Les Républicains, les indépendants, les différents partis de M. Macron et peut-être aussi des hommes et des femmes de bonne volonté qui souhaitent clairement que notre pays ne soit pas bloqué, paralysé à l’Assemblée », avait indiqué Xavier Bertrand sur France 2, avant la « trêve olympique » décrétée par le président de la République.
Xavier Bertrand bénéficie d’un autre atout qui pourrait plaire au locataire de l’Elysée, jouer la carte du territoire. Homme de terrain, proche des gens, Xavier Bertrand est depuis 8 ans maintenant le président de la région Hauts-de-France, un avantage pour Emmanuel Macron souvent critiqué pour son manque d’empathie envers les Français et sa déconnexion avec Paris. L’élu local peut aussi mettre en avant ses compétences en matière de gestion budgétaire, autant d’atouts qui font de l’homme de 59 ans un candidat à la fois crédible et « Macron compatible » pour franchir les portes de l’Hôtel de Matignon.
Qui est Xavier Bertrand ?
Né le 21 mars 1965 à Châlons-sur-Marne, Xavier Bertrand a commencé à militer pour le RPR à l’âge de 16 ans. Après des études de droit, il est devenu agent d’assurances tout en s’engageant en politique. En 2002, il devient député de la deuxième circonscription de l’Aisne. En 2004, il est secrétaire d’État à l’Assurance maladie puis ministre de la Santé et des Solidarités.
Après avoir soutenu Nicolas Sarkozy lors de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007, Xavier Bertrand est nommé ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité dans le gouvernement de François Fillon. En 2010, il devient ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé et maire de la ville de Saint-Quentin.
Après l’élection de François Hollande à la présidence de la République en 2012, Xavier Bertrand quitte son portefeuille ministériel, mais est réélu député de la 2e circonscription de l’Aisne. Ancien secrétaire général de l’UMP (2008-2010), il reste maire de Saint-Quentin. Lors des élections municipales de 2014, il est réélu dès le premier tour maire de la ville avec 52,73 % des voix.
Lors des élections régionales de 2015, il est propulsé candidat dans la nouvelle grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Il affronte Marine Le Pen (FN) et Pierre de Saintignon (PS). Contre toute attente, le Front national arrive en tête dès le premier tour. Le Parti socialiste décide alors de retirer son candidat pour contrer Marine Le Pen. Xavier Bertrand est finalement élu au second tour avec 57,77 % des voix. Il prend ses fonctions de président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie en janvier 2016 et est réélu en juin 2021 avec 52,37 % des voix. En 2021, il échoue à être investi par Les Républicains pour l’élection présidentielle.
GrP1