Wimbledon : Alcaraz corrige Djokovic et conserve sa couronne
Trop rapide, trop haut, trop fort… Sous les yeux de la princesse Kate Middleton (pour sa deuxième sortie publique depuis l’annonce de son cancer) l’Espagnol a donné une véritable leçon à Novak Djokovic sur le Center Court de Wimbledon (6-2, 6-2, 7-6 en moins de 2h30). L’Ibère, qui n’a toujours pas perdu de finale en Grand Chelem, a mis la puissance du quatre pour devenir l’un des quatre joueurs de l’histoire (avec Becker, Borg et Wilander) à détenir quatre titres majeurs à 21 ans ou moins.
« C’est vraiment un rêve pour moi de soulever un autre trophée », sourit l’Espagnol, qui devient le sixième joueur à réaliser le doublé Paris-Londres la même année. « Il n’y a rien de plus beau. C’est vraiment fantastique de jouer sur ce court. Il faut se battre, y croire. C’est un magnifique honneur de faire partie de ce cercle de joueurs. Novak l’a fait, ce sont de grands champions et je ne me considère pas à leur niveau. Mais je continue mon chemin… »
En face, Djokovic, miraculeusement revenu d’une opération du genou, a souvent fait son âge (37 ans) et laissé filer l’opportunité de devenir la seule personne au monde à compter 25 tournois du Grand Chelem…
Le début de match rappelle pourtant étrangement la finale homérique de l’an dernier et son improbable jeu de 26 minutes remporté par Alcaraz au 3e set. Un jeu de service étouffant de Djokovic est à nouveau breaké par l’Espagnol après cinq balles de break et quatorze minutes. Et le seul moment du set où l’ancien numéro 1 mondial parvient à jouer à armes égales avec son cadet…
A court de premiers services, dépassé dans presque toutes ses approches au filet, dominé physiquement par la jeunesse triomphante du tenant du titre, le Serbe a regardé les points défiler et s’est rapidement retrouvé mené 4-1 avant de concéder le set 6-2 en 41 minutes. Rarement le patron aura donné un tel sentiment d’impuissance dans une finale de Grand Chelem, un peu à l’image de la correction subie face à Nadal le dernier dimanche de Roland-Garros 2020.
L’entame du deuxième set n’arrange pas les choses pour le septuple vainqueur du tournoi londonien. Dès le premier jeu, sur une remontée encore trop approximative, le numéro 2 de l’ATP concède une nouvelle fois le break. Hésitant dans ses mouvements, frustré, il laisse une nouvelle fois filer son service à 4-2 en tentant un improbable deuxième service bien plus rapide que le premier. Résultat, en seulement 1 heure et 15 minutes, Alcaraz mène déjà deux sets à rien. Choquant !
Changement de physionomie au début du troisième set. Le Serbe parvient enfin à conserver son service et entrevoit même une ouverture à 1-0, 0-30. Mais il est du mauvais côté… Symptomatique d’un joueur qui a perdu l’occasion de jouer à de telles hauteurs ces derniers mois et dont le seul match contre un rival de ce calibre en 2024 s’est soldé par une défaite contre Sinner en demi-finale de l’Open d’Australie. À 1-1, il parvient néanmoins à conjurer quatre balles de break avec autorité pour rester dans la course. Et enfin crier sa rage en regagnant son banc.
Le Serbe sait qu’il a déjà réussi à renverser une finale pourtant si mal partie. En 2021, il était mené deux sets à rien par Tsitsipas à Paris avant un pipi break salvateur qui lui a permis de vaincre le Grec en cinq sets. Alors, quitte à confondre vitesse et précipitation, il jette toutes ses forces dans la bataille et s’offre enfin une balle de break à 3-2. Sans parvenir à conclure. Mais les deux hommes jouent finalement à l’unisson.
Et Alcaraz ramène le score à 4-4 en tirant littéralement à balles réelles sur un jeu de retour hallucinant de puissance et de précision. Derrière, le Murcien se retrouve rapidement avec trois balles de match sur son service et la couronne à portée de raquette. Pris par la tension, il rate complètement cette occasion unique avec notamment une double faute et une volée liftée complètement censurée sur son coup droit…
En 2019, les deux balles de match manquées de Federer étaient légendaires. Pas cette fois. « Même en menant 40-0, je savais que c’était loin d’être gagné et que Novak était un guerrier », a déclaré Alcaraz. « Après ça, j’ai essayé de rester calme et de me dire que je devais aller au tie-break et revenir à mon meilleur tennis. »
« Après avoir sauvé ces balles de match, j’ai essayé de le pousser à prolonger un peu le match », soupire Djokovic. « Mais il méritait de gagner. Et de loin. »
Dans le jeu décisif, l’Ibère ne laisse pas passer sa chance et conclut par un retour de Djokovic dans le filet. L’accolade entre les deux hommes est sincère. Déjà roi de Paris, l’Espagnol est bel et bien le maître de Londres. Et ce n’est pas fini…