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« White Power » de Christophe Cotteret : « La nébuleuse de l’extrême droite se consolide »

L’extrême droite continue de montrer son vrai visage. Malgré une stratégie de normalisation, son caractère xénophobe et autoritaire ne cesse de réapparaître au grand jour. Pourtant, des partis d’extrême droite font des percées électorales au sein de l’Union européenne, tandis que des groupuscules envahissent les quartiers par la violence physique. Le documentariste Christophe Cotteret a parcouru l’Allemagne, la France et la Belgique pour comprendre comment cette vague brune a pu déferler sur le continent.

Par conséquent Pouvoir blancUn documentaire qui cartographie la nébuleuse de l’extrême droite. Le réalisateur s’efforce de décortiquer les nuances entre chaque mouvement, des néonazis aux nationalistes révolutionnaires en passant par les skinheads. Il n’oublie cependant pas de rappeler la racine du problème : les groupes d’extrême droite se nourrissent tous des mêmes peurs. De l’islamophobie à l’antisémitisme, de l’homophobie au sexisme, rien ne change au sein de la galaxie fasciste. Et ce, malgré ce que les partis au pouvoir, comme en Italie, ou en position de l’être, comme en France, tentent de nous faire croire.

À quel moment la montée de l’extrême droite en Europe est-elle devenue pour vous un sujet incontournable ?

Christophe Cotteret

Réalisateur de films documentaires français.

Ces dernières années, j’ai travaillé sur la dynamique du terrorisme djihadiste sunnite, notamment de Daesh. Mes interlocuteurs de l’époque, des militaires et des membres d’Europol, la police criminelle européenne, m’ont fait part de leur inquiétude face à la montée d’une extrême droite violente. J’ai également eu l’occasion, il y a trois ans, de mener des entretiens aux États-Unis, au cours desquels des responsables du renseignement m’ont dit avoir un problème avec cela.

Surtout, ils répétaient : « Ne vous y trompez pas, cela risque de se produire également en Europe. La dynamique est parallèle, même si nous avons quelques années d’avance. » Par ailleurs, le terme d’extrême droite, d’abord utilisé par les services de renseignement et la police, est devenu populaire pour décrire des mouvements violents. Pourtant, il n’est pas vraiment logique de les dissocier de la nébuleuse qu’est l’extrême droite.

Justement, sa complexité n’est-elle pas externalisée ?

Il est vrai que les mouvements radicaux entretiennent des liens, même s’ils n’ont pas les mêmes méthodes ni les mêmes objectifs, avec des vitrines politiques comme le Rassemblement national en France. Il n’y a pas une seule forme de nationalisme. Quand on parle de groupes d’extrême droite, on fait référence à des dizaines de tendances, des identitaires aux nationalistes révolutionnaires en passant par les néonazis ou les catholiques fondamentalistes. En revanche, on va les retrouver ensemble sous des bannières politiques communes ou dans des manifestations, ce qui brouille les pistes. D’autant que, depuis une dizaine d’années, toute la nébuleuse qu’est l’extrême droite se consolide.

Parce que ces mouvements sont liés par une obsession commune…

Ils ont la même obsession : l’existence d’un grand remplacement, tel que le théorise Renaud Camus. C’est là que réside le point commun qui lie toute l’extrême droite. Ils luttent tous contre ce qu’ils considèrent comme une perversion de la culture occidentale. A partir du moment où il y a, selon eux, ce grand remplacement de la « race blanche » en Europe par une population exogène – dans la majorité des cas musulmane –, ils se considèrent comme des remparts. C’est pourquoi il est important de le rappeler : l’extrême droite n’est pas « aussi » raciste, elle n’est avant tout que racisme.

Comment ce sentiment européen s’est-il implanté au sein de l’extrême droite ?

Militant d’extrême droite français, il se considère avant tout comme un Français. Mais aujourd’hui, il milite aussi pour une Europe homogène, chrétienne et blanche. Son rapport au local reste cependant fort. Pouvoir blanc l’exemple de Bruxelles, qui est une ville multiculturelle par nature. C’est l’une des métropoles, après Dubaï, qui accueille le plus grand nombre de nationalités au monde. Bruxelles représente le pire pour l’extrême droite belge, notamment flamande.

En fait, il y a un multiculturalisme qui marche plutôt bien. Ils vont utiliser la question du terrorisme ou des faits divers comme arguments pour dire : « Mais regardez, ça ne marche pas aussi bien qu’ils veulent vous le faire croire ! » En réalité, Bruxelles est une ville qui vote très peu pour l’extrême droite, à l’image des villes européennes où il y a un fort mélange de cultures.

Les partis d’extrême droite ont vu leurs scores électoraux exploser, comme en France, aux Pays-Bas ou en Suède. Avez-vous constaté une différence, selon les pays, dans les moyens mis à disposition pour lutter contre cette vague brune ?

Si l’on veut penser de manière comparative, on n’a pas, en France, les mêmes outils qu’en Allemagne par exemple. On l’a malheureusement vu lors des législatives anticipées. L’Allemagne n’a pas la même histoire. Il y a évidemment un traumatisme de l’extrême droite et du nazisme. C’est pour cela qu’ils ont créé des contre-feux immédiats.

Par exemple, les services de renseignement allemands peuvent mettre sous surveillance des partis suspectés d’être d’extrême droite. Ils peuvent être interdits au niveau régional. Il y a eu des mobilisations pour empêcher l’élection de juges d’extrême droite. Plus largement, il y a une forte observation de l’extrême droite par les associations et les médias, d’anciens militants vont témoigner dans les écoles et des centres de déradicalisation ont été ouverts. Nous n’avons pas toutes ces possibilités en France.

Le pouvoir blanc – Au cœur de l’extrême droitedocumentaire de Christophe Cotteret, diffusé sur Arte mardi 3 septembre à 22h50

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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